Traduit du livre de Maitre Chih, Jung Sien "La rue du thé de Taiwan":
"Le bureau de Jardine Matheson & Co et le Mémorial de Lee Chun Sheng Memorial hall situés tous deux sur la rue Guei De montrent la proximité entre les compagnies étrangères et les agents locaux en ce qui concerne le commerce de thé taiwanais.
Les compagnies étrangères s’appuiaient sur leur réseau de contacts à l’international, mais rencontraient néanmoins une rude concurrence de la part des firmes chinoises locales dont les coûts étaient moindres.
Ces « compagnies étrangères » sont des succursalles établies partout en Chine par des entreprises de trading mondiales. Jardine Matheson & Co et Tait Marketing & Distribution Co Ltd étaient les mieux placées. D’un côté, elles vendaient de l’opium, ce poison chinois, de l’autre, elles occupaient une position clé dans la distribution mondiale du thé taiwanais.
C’est l’idée d’un chirurgien discernant une bonne opportunité qui fit le succés de Jardine Matheson & Co. En 1813, la license de la Compagnie Anglaise d’Inde Orientale expira et celle-ci perdit l’exclusivité du commerce avec l’Inde. C’est alors que William Jardine, ancien chirurgien, vit sa chance venir et commença le commerce du thé et de l’opium. Il transportait de l’opium vers la Chine pour l’y vendre et ramenait du thé, des céramiques et de la soie en Europe et en Amérique.
Il commerçait dans les deux sens. Son commerce d’opium et de thé permit à l’Angleterre et à la Chine de collecter beaucoup de taxes. De plus, il remarqua que l’ouverture des ports taiwanais pourrait être profitable dans le cadre d’un commerce triangulaire. Il créa alors une filiale de Jardine Matheson & Co à Taiwan.
De nos jours, cette firme ne domine plus la distribution de thé taiwanais vers l’Europe. Mais elle a laissé l’archive « Jardine Matheson », une source très importante concernant l’histoire du thé à Taiwan.
M. Huang Fu San, ex directeur de l’Institut d’histoire de Taiwan à l’Academia Sinica, fut un des premiers historiens à puiser dans l’archive «Jardine Matheson». C’est dans la bibliothèque de l’université de Cambridge en Angleterre qu’il découvrit ces pages jaunies par le temps et qu’il en entreprit l’étude. Il rédigea « Une étude des compagnies de trading occidentales à la fin de la dynastie Ching à Taiwan – Milisch & Co ». Il devint ainsi un des pioniers à révéler l’histoire contenue dans l’archive « Jardine Matheson ».
En 1975, Mr. Yeh Chen Hui travaillait chez un transporteur, Loong Gon Co Ltd, un des agents de Jardine Shipping Services Group à Taiwan. Il savait que l’archive « Jardine Matheson » avait été bien préservée et cela lui donna envie de l’étudier de plus près. Au printemps de 1992, il se rendit en Angleterre grâce à une bourse du ministère de l’Education et publia « Une sélection de lettres de Formose des années 1850 de l’archive Jardine Matheson. »
En 1994, à la conférence internationales sur les sources des documents historiques concernant l’hisotire de Taiwan, voici ce qui fut dit de l’archive «Jardine Matheson» :
L’archive «Jardine Matheson» est gardée par l’Université de Cambridge depuis 1936. L’archive «Jardine Matheson» a trois versions de catalogue . La première fut la Jardine Données Financières, éditée et imprimée en 1976 par Cambridge. La seconde concerne les lettres éparses réarrangées par Madame N. M. Batlett en 1957. Elle écrivit l’expéditeur, le destinataire et la date de chaque lettre sur des papiers A4. Au total, 170,338 lignes. Le troisième catalogue est celui établi par l’ordinateur de la bibliothèque de Cambridge. L’archive « Jardine Matheson » recouvre huit catégories : Arrivées/départ, factures, devis, comptes clients et fournisseurs, dates de livraison, événements spéciaux, faits locaux et faits personnels. Concernant l’histoire de Taiwan, nous y découvrons que les firmes étrangères y avaient de nombreuses activités. Par exemple, John Dodd écrivit une liste des variétés de thés de Taiwan de l’époque.
Les archives « Jardine Matheson » étaient tombées dans l’oubli, mais furent redécouvertes par des chercheurs passionnés. La firme Jardine Matheson & Co a certes perdu son cachet d’antans, mais ses archives font scintiller sa splendide histoire.
Dans la version chinoise des archives «Jardine Matheson » traduite par Yeh Chen Hui, il y a une lettre de Dah Go (maintenant la ville de KaoHsiung) du 18 janvier 1860 écrite par Thomas Sullivan à A. Perceval mentionnant que « beaucoup de marchands de thé de Fuzhou achètent leur thé à Tam Shui, et utilisent des conques chinoises pour le transporter à Fujian, en Chine ».
Cette lettre prouve que depuis l’année de son ouverture, 1860, le port de Tam Shui permit le commerce de thé vers la Chine et l’Occident. Cet intéret pour le thé taiwanais était partagé par les chinois et les étrangers, et cela permit à l’industrie du thé de se développer à Taiwan. Les archives « Jardine Matheson » lèvent le voile sur cette page de l’histoire de Taiwan grâce à de nombreux documents. Nous pouvons plus facilement nous imaginer les bateaux de Jardine Matheson & Co remontant, jadis, la rivière Tam Shui.
Jardine Matheson & Co ne fait plus le commerce de l’opium, et le thé n’est plus son business principal. La firme est devenue une holding internationale avec des investissements en Asie du Sud Est tels les supermarchés (Welcome et Géant à Taiwan), l’alimentaire (Coca-Cola et Sprite, agent de Swire Group, ainsi que Pizza Hot) et la finance (HSBC et JF Rich).
En 2001, Taiwan Times a publié un livre intitulé « Jardine Matheson & Co». On y trouve la clé du succès de cette entreprise centenaire : « La raison pour laquelle Jardine Matheson bat la concurrence n’est pas que due à la flexibilté et à son adaptation aux changements de son environnement, mais aussi à confiance dans le long terme, sa tenacité de ne pas abandonner même si elle perd de l’argent sur le court terme. »
Le livre dit aussi : « A travers l’histoire de Jardine Matheson & Co depuis plus de cent ans, c’est l’histoire de la Chine moderne que nous lisons. Jardine Matheson & Co a coopéré avec Hu Shui Yen, négocié avec Lee Hong Chang, envoyé Ito –Hilofumi étudier en Europe et fit des affaires avec Chang Shui Liang. » "
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