Vendredi dernier, je suis retourné à San Hsia, au sud de Taipei, pour rendre une nouvelle visite à une plantation de thé et y choisir du Bi Luo Chun de ce printemps. La visite du terrain montre à quel point la végétation a poussé depuis mon précédent article (ce ne sont pas les mêmes champs, mais presque car ils sont séparés de moins d'1 km).
On voit bien que cette plantation est entourée de palmiers qui produisent des noix betel. Mais surtout, l'on remarque une végétation assez envahissante dans cette plantation. Visiblement, le fermier n'utilise pas de désherbant et a une approche naturelle pour faire pousser le thé.
Du fumier, il n'en met qu'à l'automne afin que celui-ci soit complètement assimilé à la terre au printemps. Il me dit aussi mettre moins de pesticides. Il en met encore lorsque les températures augmentent en été et qu'il fait du thé vert de qualité moyenne en grande quantité. Mais pour les premières récoltes de Bi Luo Chun, jusqu'à mi-avril, il n'en met pas du tout.
Sur la droite, une feuille de Qingxin Ganzhong dans ma main. C'est une vieille feuille du bas de l'arbre. Ce genre de feuille ne sera pas récoltée pour faire du thé. Elle est trop dure et a perdu ses arômes frais et légers. On prendra des pousses tendres à la place (cf photo de gauche). A même maturité, plus on avance dans la saison, plus ces jeunes feuilles auront tendance à être grandes. C'est pourquoi, fin avril, ces pousses sont plus grands que ceux récoltés début avril.
Les chenilles, grandes mangeuses de feuilles, viennent aussi goûter les plaisir du camellia sinensis. A chaque pas dans la plantation, des dizaines d'insectes sautent ou s'envolent. Effectivement, cette plantation est particulièrement naturelle. D'ailleurs, avec ces arbres, ce fermier, plus tard dans la saison, fait aussi un thé vert partiellement oxydé par les morsures d'insectes et du thé rouge mordu par les insectes (un peu comme celui de la côte Est). Il sera intéressant d'y retourner.
Sur le chemin du retour, je rencontre deux cueilleuses de thé qui ont fini leur journée. L'une d'entre elles est trop timide pour que je la photographie!
Dans un second temps, chez le fermier, nous passons à la sélection du thé. Teddy m'accompagne. (Ma fille n'est pas très loin!) Le fermier utilise la méthode traditionnelle du thé infusé dans un bol (à riz) en porcelaine assez fine. L'eau est bouillante et sera versé jusqu'à ras-bord. On se sert d'une cuillière en porcelaine blanche pour verser le thé dans la tasse en verre, ainsi que pour sentir les parfums du thé. Cette méthode s'utilise aussi pour le Oolong. L'absence de couvercle fait que la température baisse relativement vite. On voit bien les couleurs des feuilles et celle du thé. Comme l'infusion ne s'arrête pas, on teste en continu le thé, au fur et à mesure.
Ci-dessus, les feuilles sèches de Bi Luo Chun.
De retour chez moi, j'ai retesté le Bi Luo Chun avec cette théière en verre résistante à la chaleur, et avec un set à compétition en porcelaine. Cette théière en verre fait 17 cl et a un détail que j'apprécie: un filtre interne plat avec plusieurs trous, en verre (et non pas en métal).
Personnellement, j'ai préféré le côté plus moelleux du résultat obtenu par la porcelaine. Cependant, je conçois que ceux qui cherchent surtout des arômes fleuris et légers trouveront le résultat de la théière plus à leur goût.
Ce Bi Luo Chun pre Qing Ming (début avril) a des odeurs de pipa (un fruit local qui fait penser à de l'abricot en plus léger). On retrouve aussi des odeurs de petites fleurs printanières et d'herbe tendre. L'odeur naturelle de la plantation se retrouve dans le breuvage. Niveau goût, ce thé résiste bien à de l'eau bouillante sans devenir trop astringent. C'est mon critère pour sélectionner un thé vert de bonne qualité.
Que ces images de feuilles sont belles ! article très intéressant aussi.De plus j'ai bien aimé la manière toute simple d'infuser le thé, dans un beau bol en porcelaine fine.... simplicité, finesse et goût.
ReplyDeleteWoW, quelles photos magnifiques.
ReplyDeleteJe suis surpris par le fait que le fermier y verse de l'eau bouillante.
J'ai toujours entendu qu'il ne fallait en aucun cas le faire avec un thé vert afin que l'on ne "brûle" pas les feuilles,les privant ainsi de leur merveilleux goût.
De plus, je trouve très intéressant de voir un cultivateur qui favorise la culture plus écologique.
Superbe article!!!
Mathieu
il me semblait que le bi luo chun etait un thé chinois et non pas taiwanais . disons qu'il s'agit d'une bonne copie ( rien de pejoratif dans ce que j'écris ) .
ReplyDeletesinon je confirme que les thés verts de bonne qualité supportent aisement de haute temperature comme 90 degres sans perdre leur force ni leur finesse et ce , sans amertume .
Oui, le Bi Luo Chun original vient du Jiangsu en Chine. Mais, comme Taiwan fut longtemps coupé de la Chine (1949-1987 environ), les Chinois émigrés avec Tchang Kai Shek ont favorisé la culture de thé vert à San Hsia. Cela leur manquait trop.
ReplyDeleteBi(Lu)o Chun, plus organic que ça tu meurs...
ReplyDeleteJe sais que c'est une information que tu n'aimes pas donner mais quels paramètres du conseils pour l'infusion de ce bi luo chun (début avril 2008, le 1er des 2 lots de 2008 que tu as eu) en théière en verre de 20Cl sachant que je n'ai qu'un échantillon que tu m'a envoyé avec ma commande donc pas vraiment la possibilité de tester de nombreux paramètres d'infusion.
ReplyDeleteMerci d'avance
Benead,
ReplyDeleteC'est aussi parce que chaque situation est differente et que les goûts de chacun varient que je ne donne pas de conseil. Personnellement, avec ce thé, je recommande de ne pas utiliser trop de feuilles pour des infusions assez longues (mais pas trop non plus). J'espère que cela t'aide.
That's a sweet little glass teapot! Like you, I especially appreciate the lack of a steel coil filter in the nozzle, and the touches of color are nice, too. Was it made in Taiwan?
ReplyDelete...well, I could no longer resist the lure of la petite théière! A little jewel, even more lovely than the photo. I'm looking forward to serving my precious Chinese greens with the panache they deserve. Merci, Stéphane!
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