Voici la contribution d'Arnaud B:
Le thé est un Baozhong rapporté il y a 6 mois par un ami de Chine, en vrac sans info supplémentaire.
Les premiers essais en zhong donnaient une liqueur sèche au palais, un peu âcre, mais d’un arôme intense fruité, surprenant. Le passage en Zhuni ronde a atténué le côté âcre, tout en conservant les notes fruitées, mais il était alors difficile de trouver la dose et l’infusion adéquate pour obtenir l’équilibre entre ce bouquet fruité et fleuri – agréable lorsque pas trop puissant – et cette légère amertume propre aux thés verts. Malgré les multiples essais différents de temps d’infusion, de dose, de théière, j’en suis arrivé à utiliser uniquement une petite Zhuni plate (10cl), que je dédie désormais quasi-exclusivement à ce thé. Peut-être laisse-t-elle moins se développer les feuilles, et restreint ce goût qui devenait envahissant? Cette solution peu académique m’a fait penser à la méthode qu’on applique à ces petits arbres – les bonzaï – desquels on empêche la croissance afin d’obtenir un résultat plus esthétique. Maintenant il a tout d’un grand !
Finalement,
- A l’odorat, aspect déjà très fruité et fleuri, impression très forte de fruits rouges, miel de fleur...
- Au goût, en premier la teinte fruitée et fleurie d’un Oolong, arômes de fruits rouges (cassis), puis en demi-teinte fruits secs, avec au fond une certaine rondeur qui se développe (arômes plus gras de pêche peut-être (?)). La finale est délicieuse tellement le bouquet est riche. Grande longueur, qui continue à 'raper' légèrement les joues, comme certains thés verts.
Pour le cadre du Cha Xi, j’utilise cette étoffe comme Cha Bu depuis peu. Les ocres de la théière et le tissu rouge se marient avec le vert végétal et les tasses gris terre, illustrant simplement dans ce thé le mariage ‘fruité Oolong – thé vert’ que j’aime y retrouver.
Mon support à théière est juste une petite natte à sushi détournée pour le gong fu cha, sur un carré de soie rapporté de Thaïlande, assez quelconque, mais à propos. La boite à thé est laquée, en forme de 'pomme'.
Le clin d’oeil bonzaï et la photo des feuilles infusées (qui restent recroquevillées longtemps et résistent au ‘dépliage’ manuel) illustrent l’exigence à laquelle il faut se résoudre pour profiter de ce thé qui m’a paru assez inaccessible, la contrainte à laquelle il a fallut se plier et celle qu’il faut exercer sur le thé lui-même. Mais une fois l’effort accompli, le plaisir est au rendez-vous. Je trouve que cette morale est récurrente dans le Gong Fu Cha. De la déception nait souvent un effort (un travail, en latin labor) qui enseigne un précepte. Lequel ouvre les portes d’un savoir et d’un plaisir, jamais instantané. Je me rappelle souvent la première impression que j’ai eu en goûtant la première fois un thé vert de Chine. Quelle déception ! La sensation de boire de la pelouse, du foin séché... Ce qui m’a poussé à m’y intéresser...
Merci de ta participation!
Petite remarque sans grande importance (sauf pour les amateurs) : bonsaï s'écrit avec un S et surtout pas avec un Z... Ca fait carrément mal aux yeux quand on s'y intéresse un peu !! D'ailleurs pour l'anecdote, quand on se lance dans l'art du bonsaï, c'est la première des choses que l'on apprend dans les clubs. En général, ça rend fou les moniteurs de bonsaï quand ils aperçoivent dans les bouquins ou dans les magasins le mot écrit avec un Z; je trouve ça rigolo ;-)
ReplyDeleteSinon elle est vraiment sympa cette théière plate... Je la trouve paradoxalement très puissante. Elle vient d'où ?
Intéressante remarque, je ne savais pas du tout. Mais pourquoi dis tu ça fait carrément mal aux yeux quand on s'y intéresse un peu ?
ReplyDeleteCe S revêt-il une signification particulière ou est-ce simplement au même titre qu'un amoureux de la langue française aura mal aux yeux en lisant une faute d'orthographe ?
Je ne sais pas trop, disons que pour un oeil exercé à l'art du bonsaï, il y a quelque chose de visuellement négatif quand le mot est écrit avec un Z (le bonsaï est basé sur l'équilibre des vides et des pleins : par-exemple un vide important et bien dosé entre deux branches peut donner l'illusion de puissance à une partie de l'arbre jugée trop faible). De plus, le S de bonsaï évoque également un peu la forme la plus courante (appelée Moyogi) des bonsaï qui ressemble fortement à un S. Un Z a des angles impossibles à réaliser en bonsaï !
ReplyDeleteAutre chose, bonzaï fait immanquablement penser à "banzai", ce cri de mort des kamikazes japonais durant la seconde guerre mondiale !
Pourtant l'Académie Française orthographie ce mot avec un Z mais c'est absolument faux car le mot vient du chinois "pen-saï". En français, on prononce bonTsaï. Un Z ne sonne pas comme un S.
Autre curiosité, le pluriel de bonsaï ne prend jamais de S... allez savoir pourquoi !!! On écrit des bonsaï !
Voilà ;-)
Merci pour la correction!
ReplyDeleteJe n'ai pas fauté sur le S du pluriel.
Mais j'ai échoué sur le Z.
Excusez-moi, je n'avais pas relu ma copie ;)
Le "bonsaï" sur la photo n'a absolument rien d'exceptionnel, il n'est pas taillé et a conservé cette forme spiralée, laissé pour compte depuis son achat.
Concernant la théière, je l'ai acquise il y a quelques mois lors de la fermeture d'un magasin de vente d'articles chinois. La revendeuse n'a pu me dire l'origine exacte de cette théière, mais elle a eu l'honnêteté de reconnaître que "ce n'était pas une terre d'Yixing, mais pas loin"... Au vu des prix sacrifiés, je n'ai pas hésité. Tout ce que je peux dire,c'est qu'elle porte en-dessous la marque d'un potier, et qu'à certains endroits il y a des légères imperfections de facture (notamment la jonction entre le corps et l'anse, entre le corps et le 'bec'). Une théière si plate au tout début me semblait peu adaptée au bon développement des feuilles de thé, mais finalement cet aspect s'est avéré bénéfique :) Je ne l'utilise cependant que pour ce Baozhong.
Surtout j'adore sa forme, très esthétique à mon goût.
How about a review on this gaba tea that I hear is growing in popularity in Taiwan.
ReplyDeleteGABA tea? Un thé enrichi en un acide aminé (oxydé dans une atmosphère saturée en nitrogène, ce qui augmente le taux de GABA), pour "entretenir" la santé...
ReplyDeleteSerait-ce encore une autre invention à but lucratif qui joue dans le registre du médicament, de l'adjuvant sensé procurer une santé de fer?
N'y a-t-il pas déjà tout cela dans une alimentation saine et équilibrée, une activité physique régulière.. et bien sûr une consommation sans modération de pu-erh, wulong... :) ?