David Louveau de La Guigneraye m'a envoyé ces 3 théières réalisées juste avant son départ pour la 5ème Biennale de Céramique en Corée du Sud. Le thème de cette année est justement 'l'aventure du feu'. A ce propos, voici ce que David m'écrit à propos de sa cuisson traditionnelle au fois de bois:
"Voilà, c'est fini ce matin après avoir injecté plusieurs litres d'eau dans mon four, la dernière de cette série de cuissons a vraiment été à l'apogée de cette série. J'ai allongé le temps de cuisson 2 jours et 2 nuits ; la montée en temperature à été la même que les autres, mais ensuite l'embraisement du four à pris plus de 24 h ; la technique est de plonger progressivement les céramiques dans la braise (réduction par le carbone) jusqu'à ne plus pouvoir enfourner de bois dans le four et ensuite la sublimation de l'eau (hydrogene + oxygene) pour une réoxydation et je suppose que là aussi se produit une recrystalisation de la silice dans la terre qui la rend si particulière."Ci-contre, sur le pourtour de la base, on dirait comme un arc-en-ciel! (Cliquez sur la photo). Chaque pièce, selon sa position dans le four, a vécu l'aventure du feu différemment. Cela se traduit par des changements chromatiques uniques, variés. Et comme chaque théière est faite à la main, elles ont vraiment chacune leur personnalité.
(Du haut vers le bas, elles font 210 gr/17cl, 227 gr/17 cl, 240 gr/18.5 cl)
Aujourd'hui, j'ai testé mon puerh cuit de la CNNP de 2000 dans une de ces théières (comparé à l'infusion en zhong). C'est le puerh cuit le plus 'brut', puissant (et moins cher) de ma sélection, même s'il a déjà bien bénéficié de presque 9 ans pour s'affiner. En zhong, il subsite une astringence et un manque d'équilibre. Mais, infusé dans la théière poreuse de David, l'infusion est bien plus moelleuse, pratiquement sucrée (!) et les notes de tourbe et de terre ressortent particulièrement bien. La différence est impressionnante et bien plus marquée que pour une théière en zisha ou en duanni. On dirait que le puerh a pris encore 10 ans d'âge d'un coup!
Ce mariage entre théière en potterie et puerh cuit (hei cha) est également conseillé par Teaparker dans son livre Cha Hu au chapitre 12. L'accord n'est pas que gustatif, mais esthétique aussi. La théière et le puerh nous ramènent tous deux vers la terre, la finesse au coeur du brut, l'humain qui surgit de la nature par l'apprivoisement du feu.
un beau mariage :le goût terre du puerh avec la terree deu grès cuit au bois ( minéral, terre, bois, feu et eau ) magnifique !
ReplyDeleteginkgo
Les théières cuites sont magnifiques, bravo !
ReplyDeleteJe les avais seulement vues crues chez David cet hiver.
Vous serez peut être étonnés d'apprendre que l'argile qu'il utilise pour celles-là est rosée de couleur et très douce au toucher (avant cuisson), mais surtout que c'est aussi une argile qui a murit (à moins que ce soit une autre... j'ai un peu oublié, merci David de confirmer si tu lis ces lignes...) un peu comme les pu'er : l'action des bactéries permettent à une terre de murir. Celà rapproche encore un peu plus ces deux entités : terre et thé, presque un même millésime en quelque sorte...
la terre utilisée est un mélange de trois argiles, dont l'une a murit plus de 40 ans et l'eau de mes argiles ne vient que de la pluie et de la décantation d'autres argiles (presence importante de bactéries favorisant la plasticité de celles-ci,l'idée de cette cuisson est de faire un produit qui évolue comme le puerh et se transforme avec le temps.
ReplyDeleteMerci Benoit pour ton rappel et David pour tes précisions sur la glaise employée. Cette qualité, ce naturel et cette pureté se sentent dans les propriétés filtrantes impressionnantes de ces théières.
ReplyDeleteI love this teapot. I have many Yixing pots that I also love, but in this pot you can truly see and feel its creator. I'm taken by it's unpolished quality, and especially the folded spout.
ReplyDeleteBut it is not only the aesthetic - my wife blind tasted a young sheng in this pot and and a Yixing pot - there was no doubt that the Earth & Fire pot produced a gentler brew.
I am not bothered by the use of a non-traditional, non-Chinese vessel in gong fu. I know some may feel every component of the tea experience must be "authentic", but I embrace the mixing of cultures and art.
Thank you Stephane.