Tuesday, July 16, 2013
Monday, July 08, 2013
La Princesse des Oolongs de Formose
Si les Oolongs de Taiwan ont un roi qui provient de la plus haute montagne à thé de l'ile -Da Yu Ling-, il y a aussi certainement une princesse! Comme dans les contes populaires, ses origines à elle sont bien plus modestes et terre à terre. Elle nous vient d'une région hakka, en plaine, réputée pour ses habitants laborieux et simples.
Un été de la fin du XIX ème siècle, un fermier à thé ne voulait pas se résoudre à laisser ses feuilles de thé se faire manger par les insectes qui y pullulent à partir du mois de mai. Contrairement aux traditions, il récolta une seconde fois le thé en cette fin de printemps. Malgré les feuilles endommagées par les morsures d'insecte, et donc d'aspect ingrat, il s'acharna à produire du thé malgré les quolibets de ses voisins. Il amena ensuite ses feuilles au marchand de thé John Dodd. Celui-ci trouva ce thé si bon qu'il paya un excellent prix au fermier ; ce dernier put retourner tout fier dans son village et fanfaronner auprès de ses voisins. La légende prétend même que la reine d'Angleterre aurait dégusté de ces feuilles et leur aurait donné le nom d'Oriental Beauty, beauté orientale. Ces feuilles vilaines et rejettées ont ainsi pu se transformer en breuvage royal. La beauté orientale de la région de Hsin Chu correspond donc parfaitement à la princesse légitime des Oolongs de Taiwan. Notons aussi que le roi et les buveurs de thé ne sont pas toujours des gens très fidèles (quand il s'agit de cette boisson) et que de nombreuses concubines se disputent leurs faveurs. Mais cela n'enlève rien à la beauté et au charme uniques de notre princesse!
Cultivar: Qingxin Dapang
Récolté à la main le 25 juin 2013
Origine: Emei, comté de Hsin Chu, Taiwan
1. Aspect
Nous retrouvons les 5 couleurs d'une Beauté Orientale traditionnelle. En blanc surtout, les bourgeons donnent des fragrances très fines. Plus ce thé est haut de gamme, plus il y aura de bourgeons. Mais il ne faut pas non plus exagérer et exclure les autres feuilles. Une faible proportion de huangpian (feuilles jaunes), c'est à dire des feuilles plus mûres, permet d'obtenir une meilleur 'charpente', un goût plus profond. Les feuilles rouges et brunes indiquent un degré d'oxydation élevé, mais pas complet.
J'opte pour une préparation en théière 'phoenix et dragon' en argent. (Ce motif est le symbole chinois de l'impératrice.) L'argent est un métal précieux et neutre. Il n'arrondit pas les goût, mais les restitue tels qu'ils sont. La différence avec la porcelaine, c'est que cette restitution est plus intense, car l'argent conduit et retient mieux la chaleur que la porcelaine. Elle accentue donc aussi bien le négatif que le le positif.
Je verse de haut pour donner de la force pour ouvrir ces bourgeons séchés de manière ouverte. (Pour un Oolong séché en boule, je verserais plus bas de manière à faire tourner les feuilles pour les ouvrir).
J'utilise ma bouilloire en argent et de l'eau qui vient juste de bouillir. Bref, j'y mets le paquet pour infuser ce thé. Cependant, je fais attention à ce que mon flot d'eau bouillante ne soit pas chaotique, mais qu'il s'écoule de manière précise et contrôlée dans la théière.
Après une longue première infusion, le thé obtenu est d'une clarté et transparence remarquables.
2. Les fragrances
A sec, l'odeur est encore un peu étrange, celle d'un thé fraichement oxydé et qui ne s'est pas encore posé. Je crois déceller des odeurs fortes, mures de fruits et de bitume/réglisse! Mais il a peu d'odeurs de grillé. Sa torréfaction fut plutôt légère.
Dans la coupe, la transformation par infusion est complète et parfaite. Les odeurs se marient au goût et nous donnent un nectar de miel chaud. Superbe! Ces fragrances ont encore quelque chose d'un peu retenu, mais surtout beaucoup de finesse. C'est fruité, assez direct, mûr et léger.
3. Le goût
Un seul mot suffirait pour le caractériser: miel!
Mes infusions en théière en argent poussent ces feuilles aux limites de l'extraction de saveurs. Malgré cela, aucune amertume n'apparait. L'infusion est mielleuse et douce à souhait. Tout juste y a-t-il encore un goût un peu nerveux et jeune. Mais dans l'ensemble, c'est une expérience de pureté et de douceur. Un thé au caractère chaleureux, mais qui retient un peu de fraicheur.
Sa longueur en bouche est très bonne et surtout très élégante.
Les feuilles ouvertes sont de toute beauté. Les bourgeons sont plutôt longs et indiquent qu'ils proviennent d'arbres assez vieux. Une petite fée est passée par là. D'un coup de mandibules (à défaut de baguette magique), elle a transformé ces feuilles de plaine rustique en princesse distinguée et riche en saveurs.
Cette Beauté Orientale est la jeune soeur des feuilles de 2012. Même origine et même fermier. Le cru 2012 avait été plus torréfié et avait demandé qu'on lui laisse le temps de se bonifier. Au départ, ses senteurs étaient un peu sombres et son goût fermé. Ce n'est pas le cas cette année, bien plus frais. Par contre, j'ai pu regoûter au 2012, et j'ai trouvé que ses senteurs sont devenues bien plus parfumées et complexes (comme du Fendi), et son goût a aussi gagné en profondeur et mystère. C'est toute la différence entre une jeune princesse insouciante et une reine majestueuse!
Un été de la fin du XIX ème siècle, un fermier à thé ne voulait pas se résoudre à laisser ses feuilles de thé se faire manger par les insectes qui y pullulent à partir du mois de mai. Contrairement aux traditions, il récolta une seconde fois le thé en cette fin de printemps. Malgré les feuilles endommagées par les morsures d'insecte, et donc d'aspect ingrat, il s'acharna à produire du thé malgré les quolibets de ses voisins. Il amena ensuite ses feuilles au marchand de thé John Dodd. Celui-ci trouva ce thé si bon qu'il paya un excellent prix au fermier ; ce dernier put retourner tout fier dans son village et fanfaronner auprès de ses voisins. La légende prétend même que la reine d'Angleterre aurait dégusté de ces feuilles et leur aurait donné le nom d'Oriental Beauty, beauté orientale. Ces feuilles vilaines et rejettées ont ainsi pu se transformer en breuvage royal. La beauté orientale de la région de Hsin Chu correspond donc parfaitement à la princesse légitime des Oolongs de Taiwan. Notons aussi que le roi et les buveurs de thé ne sont pas toujours des gens très fidèles (quand il s'agit de cette boisson) et que de nombreuses concubines se disputent leurs faveurs. Mais cela n'enlève rien à la beauté et au charme uniques de notre princesse!
Cultivar: Qingxin Dapang
Récolté à la main le 25 juin 2013
Origine: Emei, comté de Hsin Chu, Taiwan
1. Aspect
Nous retrouvons les 5 couleurs d'une Beauté Orientale traditionnelle. En blanc surtout, les bourgeons donnent des fragrances très fines. Plus ce thé est haut de gamme, plus il y aura de bourgeons. Mais il ne faut pas non plus exagérer et exclure les autres feuilles. Une faible proportion de huangpian (feuilles jaunes), c'est à dire des feuilles plus mûres, permet d'obtenir une meilleur 'charpente', un goût plus profond. Les feuilles rouges et brunes indiquent un degré d'oxydation élevé, mais pas complet.
Thé aux 5 couleurs, un autre nom de la Beauté Orientale |
Je verse de haut pour donner de la force pour ouvrir ces bourgeons séchés de manière ouverte. (Pour un Oolong séché en boule, je verserais plus bas de manière à faire tourner les feuilles pour les ouvrir).
J'utilise ma bouilloire en argent et de l'eau qui vient juste de bouillir. Bref, j'y mets le paquet pour infuser ce thé. Cependant, je fais attention à ce que mon flot d'eau bouillante ne soit pas chaotique, mais qu'il s'écoule de manière précise et contrôlée dans la théière.
Après une longue première infusion, le thé obtenu est d'une clarté et transparence remarquables.
2. Les fragrances
A sec, l'odeur est encore un peu étrange, celle d'un thé fraichement oxydé et qui ne s'est pas encore posé. Je crois déceller des odeurs fortes, mures de fruits et de bitume/réglisse! Mais il a peu d'odeurs de grillé. Sa torréfaction fut plutôt légère.
Dans la coupe, la transformation par infusion est complète et parfaite. Les odeurs se marient au goût et nous donnent un nectar de miel chaud. Superbe! Ces fragrances ont encore quelque chose d'un peu retenu, mais surtout beaucoup de finesse. C'est fruité, assez direct, mûr et léger.
3. Le goût
Un seul mot suffirait pour le caractériser: miel!
Mes infusions en théière en argent poussent ces feuilles aux limites de l'extraction de saveurs. Malgré cela, aucune amertume n'apparait. L'infusion est mielleuse et douce à souhait. Tout juste y a-t-il encore un goût un peu nerveux et jeune. Mais dans l'ensemble, c'est une expérience de pureté et de douceur. Un thé au caractère chaleureux, mais qui retient un peu de fraicheur.
Sa longueur en bouche est très bonne et surtout très élégante.
Les feuilles ouvertes sont de toute beauté. Les bourgeons sont plutôt longs et indiquent qu'ils proviennent d'arbres assez vieux. Une petite fée est passée par là. D'un coup de mandibules (à défaut de baguette magique), elle a transformé ces feuilles de plaine rustique en princesse distinguée et riche en saveurs.
Cette Beauté Orientale est la jeune soeur des feuilles de 2012. Même origine et même fermier. Le cru 2012 avait été plus torréfié et avait demandé qu'on lui laisse le temps de se bonifier. Au départ, ses senteurs étaient un peu sombres et son goût fermé. Ce n'est pas le cas cette année, bien plus frais. Par contre, j'ai pu regoûter au 2012, et j'ai trouvé que ses senteurs sont devenues bien plus parfumées et complexes (comme du Fendi), et son goût a aussi gagné en profondeur et mystère. C'est toute la différence entre une jeune princesse insouciante et une reine majestueuse!
Friday, July 05, 2013
Independence Day with a Wenshan green tea
In Taiwanese politics, the green color stands for the Taiwan independence movement. I guess they chose green because it is the main color of the vegetation on this lush island. Another good reason to choose green tea on Independence Day (which marks the day I settled in Taiwan 17 years ago) is that its light taste and fragrances help cool me down on a very hot day.
Cultivar: Luanze (qingxin) Oolong buds
Harvested by hand on April 2nd, 2013
Origin: Pinglin, Wenshan area (in northern Taiwan)
Process: Hungqing (oven dried), striped green tea.
I brew these leaves in a bowl, a method I like in the summer. It allows the tea to release its heat and cool down faster. There is also an air of freedom to see the leaves turn and dance in the bowl as I pour my hot water on the side of the bowl. They have escaped the teapot in which they were trapped and can now perform their sweet duty directly under our eyes.
This time, I am using a flat bowl with a thick black glaze. Michel François made it, inspired by Sung dynasty Jianyang bowls. I preheat it and notice how well the thick glaze and porcelain clay retain the heat.
I use only few leaves. Green tea buds are best appreciated light. The color of the open leaves in the dark bowl is amazing. They look so alive, as if they had just been picked! The brew looks transparent in the black bowl, but we can see its green hue in the qingbai cup.
This green tea made with qingxin oolong leaves is fresh, with part vegetable and subtropical forest scents. It is also quite sweet and refreshing. But this will also depend in great part on the quality of your water, since the water ratio is higher than for other teas.
This tea interesting for Baozhong and high mountain Oolong fans. You can experience this same cultivar as a green tea and not as a lightly oxidized Oolong/Baozhong. This will teach you the impact of the process on the flavors of the tea.
Cultivar: Luanze (qingxin) Oolong buds
Harvested by hand on April 2nd, 2013
Origin: Pinglin, Wenshan area (in northern Taiwan)
Process: Hungqing (oven dried), striped green tea.
I brew these leaves in a bowl, a method I like in the summer. It allows the tea to release its heat and cool down faster. There is also an air of freedom to see the leaves turn and dance in the bowl as I pour my hot water on the side of the bowl. They have escaped the teapot in which they were trapped and can now perform their sweet duty directly under our eyes.
This time, I am using a flat bowl with a thick black glaze. Michel François made it, inspired by Sung dynasty Jianyang bowls. I preheat it and notice how well the thick glaze and porcelain clay retain the heat.
I use only few leaves. Green tea buds are best appreciated light. The color of the open leaves in the dark bowl is amazing. They look so alive, as if they had just been picked! The brew looks transparent in the black bowl, but we can see its green hue in the qingbai cup.
This green tea made with qingxin oolong leaves is fresh, with part vegetable and subtropical forest scents. It is also quite sweet and refreshing. But this will also depend in great part on the quality of your water, since the water ratio is higher than for other teas.
This tea interesting for Baozhong and high mountain Oolong fans. You can experience this same cultivar as a green tea and not as a lightly oxidized Oolong/Baozhong. This will teach you the impact of the process on the flavors of the tea.
Tuesday, July 02, 2013
Antique ceramics at Penn State's Palmer Museum
Porcelain teapot - Yongzheng reign (1723-1735) |
Cup and plate from the same tea set |
So, a travel to almost any city in America or in Europe provides an opportunity to visit a museum that exhibits antique ceramics from China. The Palmer Museum of Art at Penn State is no exception. In this article, I would like to share some of exquisite pieces I have seen there this spring, when I traveled there during the Tea Institute's Puerh exhibition.
This gilt and enameled tea set featuring a peacock shows that Chinese merchants had a good understanding of the tastes of European nobility and knew what would sell well! The design of the cup and saucer was so fitting that it has hardly changed since! They represent classic European elegance and wealth. However, the lines of the teapot and cup are quite simple and the white porcelain isn't perfect (see the black dots inside the cup).
Sung dynasty bowls |
Can you feel the power, the stability, the harmony glowing from these bowls? Why is something that looks so simple, almost common, so special? Nowadays, tea drinkers mostly use tea bowls to dispose the waste water. But during the Sung dynasty, the bowl was both the ware where tea powder turned into a tea brew and from which they drank the tea (a teapot and cup in one!)
Sung bowls have also become standards for today's rice bowls. For tea, they are where function and beauty intersect. Perfect from both points of view. It's an ideal still worth pursuing today: an inspiration to raise our game and expect more elegance from our teaware.
Cizhou ware comes from northern China and is more austere. The greyish or red clay used is very common and that's why it way covered with a white, creamy engobe. But what distinguishes this type of ware is the dark brown paint brushed on the pottery. The literati liked this style of ware a lot because the paint reminded them of their (black on white) calligraphy ; besides, many literati were relatively poor (compared to merchants and the court) and this type ware was more affordable than more colorful ceramics). The power and elegance of each brush is what we can enjoy even without any knowledge of Chinese culture!
Below, we can see that this style has inspired Bernard Leach (author of the classic A Potter's Book, 1940). He has led a renewal of Western pottery that is based on the study and understanding of Asian ceramic culture and history. This piece by Bernard Leach shows how the present is linked to the past. Thanks to ancient ceramics, we don't have to start from scratch. They establish a certain classic standard against which we can compare what we see today. This should help us, users of ceramics, to make better informed choices on what to purchase and use.
Seeing beauty can be a deeply personal and moving experience. This mourning figure wears a quiet and dignified sadness on her face. Her bare white hand expresses a gentle compassion. She looks right into your soul with her swollen eyes.
Qing dynasty mourning figure |