Ci-dessus, Lou Smedts partage son savoir. Il encourage les potiers locaux à faire des essais avec différentes terres, différentes émailles et de mixer les émailles avec des cendres de différents arbres ou des coraux. Devant lui, sur les plaques, on voit les résultats de tels tests après cuisson. Sur chaque plaque, il y a plus de 20 combinaisions différentes. Il trouve que l'ajout de cendres donne des résultats plus complexes et intéressants. Lui fonctionne à l'à peu près et n'utilise pas de mesures précises pour ses recettes.
En écoutant ces échanges, j'ai conclu que ces potiers sont un peu des alchimistes et des apprentis sorciers. Toutes les matières les intéressent. Leur but est la transformation par le feu des ces matières ternes et molles au départ. Ils veulent insufler de la vie, des couleurs, des formes et de la matière à la terre et au cendres. Plus le changement est radical, surprenant, insolite, plus ils sont satisfaits. Avant même de considérer la fonction et l'esthtique de l'objet, il y a ce désir créateur de Démiurge.
Cette puissance créatrice trouve sa force dans la magie du feu. Ce site de Zhu-Nan compte de nombreux fours à bois. La température y atteint parfois 1500 degrés Celcius! C'est énorme. Pour ne pas fondre sous l'effet de telles chaleurs, les pièces conçues se doivent d'avoir une certaine épaisseur et lourdeur.
Mais je me rappelle que Lou Smedts dit que l'important n'est pas tant d'arriver très haut en température, mais qu'on peut aussi bien faire fondre les émaux si la durée de cuisson est suffisamment longue.
Cette équipe de potiers internationaux a profité de son séjour à Zhu-Nan pour réaliser des pièces et les cuire au bois dans un des fours. Ce four était encore fermé et en train de refroidir ce jour-là. Ce qu'on voit là sont les pièce de maitre Lin, le potier local.
Maitre Lin m'a d'ailleurs gentiment prêté sa salle à thé afin que je puisse organiser une dégustation de thés pour mes amies céramistes et leurs amis.
Je choisis de préparer un Oolong non torréfié de Shan Lin Xi et un Hung Shui Oolong de Shan Lin Xi également.
Quelques mots du Chaxi. Je l'ai composé tout particulièrement pour cette rencontre avec des céramistes. On le voit d'abord par le motif de jarre sur le obi (la ceinture Japonaise qui me sert de Chabu). Mon bol noir à eaux usées est une création de Geneviève Meylan qui provient d'un échange que nous avions fait autrefois. Le petit vase est un emprunt à maitre Lin. J'y ai mis une tige d'herbe, n'osant pas couper une fleur dans le parc. L'aiguière en céladon vient de chez David Louveau, l'ami céramiste grâce auquel j'ai fait la connaissance de Patricia. La jarre en porcelaine blanche, taillée comme du marbre, vient de Michel François, un autre céramiste français que j'adore.
Mais pour préparer le thé, j'utilise un gaiwan en porcelaine et des coupes fines comme des coquilles d'oeuf. Quelqu'un me fit remarquer qu'avec le thé cela ressemblait à un oeuf au plat! Plusieurs céramistes ont également remarqué l'ancienneté de ces coupelles en céladon.
J'ai justifié mon utilisation de porcelaine au lieu de poterie pour préparer et déguster le thé: le but de cette dégustation est de découvrir le goût nature, sans altérations, de ces Oolongs. Avant de penser à transformer ce goût, il faut bien le connaitre comme il est.
Maitre Lin |
Mme Lee, élève céramiste et de thé |
Patricia Cassone |
Mlle Huang (Singapour), élève céramiste |
L'avantage de petites coupes est qu'un plus grand nombre de personnes peut boire un thé en même temps! On voit que ce gaiwan correspond à 6 coupes. Mais il faut connaitre les trucs pour ne pas renverser le thé à côté et ne pas se brûler les doigts.
Cette prochaine photo montre combien cet endroit est magnifique, d'ailleurs. C'est un des avantages de vivre dans la campagne Taiwanaise. Les chambres à thé sont spacieuses et donnent directement sur la nature. (Encore merci M. et Mme Lin de m'avoir permis d'utiliser ce lieu et à Mme Lee pour son aide).
Tout le monde remarqua combien le Hung Shui est différent et transformé par la torréfaction. Ces feuilles sont très sensibles aux moindres changements dans la préparation. Il s'agit de toujours maintenir l'équilibre entre les notes torréfiées et celles, plus profondes, du terroir de haute montagne.
Le feu de la torréfaction et des fours opère sa magie sur le thé et ses instruments!
Merci au thé pour ces belles rencontres!
Merci Stéphane d'être venu jusqu'au qu'au centre ! ...et aussi désolée de n'avoir pu vivre ce moment pleinement à cause du programme de présentation de l'après-midi, ce qui a fait que je me suis sentie coupée en deux moitiés et du coup ce moment a été pour moi amputé de sa plénitude... malgré cela j'ai eu beaucoup de plaisir de te revoir et de me plonger dans cet univers de dégustations. De plus tu es celui qui a ouvert beaucoup de choses pour mi de par ton blog au sujet du thé et je te suis très reconnaissante pour tes partages , J'espère revenir à Taiwan,... meilleures salutations...ps. je vais t'envoyer mes photos par mail quand j'aurais trié... :)
ReplyDeleteMerci pour ton commentaire, Geneviève. Je me réjouis de t'avoir revue et de bientôt recevoir tes photos. Et c'est moi qui devrait être désolé de ne pas avois assisté à ta présentation! Mais l'important c'est qu'on ait passé une bonne après-midi en compagnie de nos amis Oolongs!
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