Tuesday, August 08, 2017

Un rêve de puerh devient réalité


Bourgeons de puerh d'arbre multi centenaire
De nos jours, ce serait quoi un jeune puerh de rêve? Essayons un instant de faire une liste de ce à quoi un tel puerh idéal pourrait ressembler:

- Il proviendrait de grands théiers sauvages anciens, plusieurs fois centenaires,
- Ces théiers pousseraient dans une forêt reculée du Yunnan,
- Les sols de cette forêt seraient rocailleux comme Lu Yu le préconise dans Cha Jing,
- Les feuilles seraient récoltées au printemps, lorsque leurs arômes sont les plus fins,
- Pas de mélange de feuilles d'origines diverses afin d'obtenir un goût très pur,
- Et pour plus de pureté encore, ces arbres anciens n'auraient encore jamais été récoltés de mêmoire d'homme!
- La production serait confiée à un expert de puerh local motivé autant, voire plus, par l'excellence du produit bien fait que par le gain matériel.


Arbre sauvage de puerh de plus de 500 ans
"Stéphane, tu es tombé sur la tête?! As-tu un peu trop forcé sur le vin d'Alsace lors de ton séjour en France? Cela fait plus de 10 ans que tu ne sélectionnes plus de jeune puerh du Yunnan, mais proposes des puerhs d'un certain âge, admirablement conservés à Taiwan et pour des prix tout à fait décents comparés à ce qui se pratique en Chine continentale! C'est quoi ce rêve fou de licorne du thé?"

C'est vrai qu'au début des années 2000, le Yunnan était l'eldorado pour les marchands Taiwanais. Ceux-ci y allaient trouver des fermiers tout juste libérés du monopole de la CNNP et y pressaient leurs propres galettes avec les meilleures feuilles qu'on puisse trouver. A cette époque, j'avais pu sélectionné des galettes de puerh sauvage d'Yiwu en 2003 et de Lincang en 2006. Mais les prix de chaque nouvelle récolte augmentaient chaque année, sous l'impulsion des nouveaux riches Chinois de Shanghai et Pékin. Et, tandis que les prix montaient, la qualité des puerhs anciens avait plutôt tendance à baisser: les arbres anciens, gu shu, sont surexploités. A cause des fréquentes récoltes on en vient même à les nourrir d'engrais, et à les entourer de clôtures pour les protéger. Bref, ils sont de moins en moins sauvages, malheureusement.

Mais la hausse du prix du puerh a pour conséquence heureuse (pour les buveurs et les populations locales) qu'il est dorénavant possible de développer économiquement l'exploitation de zones plus reculées, autrefois trop lointaines. Le bémol à cette évolution, c'est que les jolies histoires sont nombreuses et qu'il faut savoir raison garder.
"Alors, ce jeune puerh cru, il est comment? Rêve ou réalité?"

La meilleure façon de tester un thé, c'est l'infusion standard de compétition (3 grammes, 6 minutes) en porcelaine. Voyez vous-même mon compte-rendu de ce thé dans ma sélection. On peut pousser les feuilles plus encore en utilisant une théière en argent. Elle conduit et conserve au mieux la chaleur sans lisser le goût car l'argent n'a pas de pores.

J'ai pu déguster ce puerh à de nombreuses reprises en France et en Grande-Bretagne en juillet. Les mots qui revenaient le plus souvent furent: impressionnant, pureté, clarté, puissance, beauté... 
Ce rêve fou est donc une réalité aussi improbable qu'un arc-en-ciel dans un ciel bleu. Mon seul mérite est d'avoir saisi cette chance quand elle a fini par se présenter après plus de 10 ans d'espérance.

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