Aux portes du paradis

Comté de Hsin Chu

C'est quand même pratique d'habiter Taiwan pour pouvoir se rendre dans les régions productrices de thé au moment des récoltes. Cette année, les meilleures Beauté Orientales de Hsin Chu furent produites durant... mes vacances en Europe! Super timing! Ainsi, quand je me suis rendu chez un fermier ce jeudi, il m'a dit qu'il avait déjà tout vendu mis à part 2 lots moyens récoltés plus tardivement! En plus, il me montre les pages Instagram d'autres Occidentaux, ses clients, qui sont plus ou moins mes concurrents! Ils sont passés avant moi, c'est sûr! Bref, cette journée commençait à sentir Waterloo, la morne plaine.

Top OB de 2000

Aussi, je me rendis ensuite chez un autre producteur de Beauté Orientale dont l'approche est totalement différente. Au lieu de produire des thés frais, peu ou pas torréfiés, et qu'il faut vendre et consommer rapidement car ils ne se conservent pas, ce producteur suit les méthodes traditionnelles d'une torréfaction longue, basse température et systématique de ses Oolongs. Et comme ce genre de thé se conserve bien et s'améliore avec le temps, il n'est pas aussi pressé de vendre et a donc un certain choix en stock. J'en ai ramené un OB tradition de 2016 bien meilleur que la version de 2017!

C'est un producteur qui fait de la résistance contre la tendance aux OB de compétition à oxydation de plus en plus légère et sans torréfaction. Ceux-ci coûtent de plus en plus chers, mais la qualité de leurs arômes est aussi éphémère que la mode qui les porte aux nues. Pourtant, les producteurs d'OB disposent déjà de systèmes de gradation très détaillés afin de faire monter considérablement les prix en fonction de la qualité des feuilles. En effet, plus les feuilles sont récoltées jeunes et légères, plus il faut de main d'oeuvre, moins on récolte et donc plus cher sera le prix au gramme.

Tous les Oolongs ne sont pas forcément meilleurs si on les récoltes plus jeunes. (On pense aux Oolongs de haute montagne ou aux Yan Cha de Wuyi, notamment, qui peuvent avoir de très grandes feuilles et être de très grande qualité). Mais avec les Beautés Orientales, la finesse des arômes est intimement liée aux bourgeons. Et parfois on tombe sur des récoltes inoubliables, 'parfaites' comme celle de 2007 où le prix en vaut la chandelle.

Un lecteur m'avait demandé de trouver un OB top de qualité comparable à ce mythique batch de 2007 que nous avions pu déguster ensemble. Et si j'en crois la dégustation que je viens de faire de ce top OB de l'an 2000, je crois que j'ai trouvé ce que je cherchais en terme de finesse, d'harmonie et de fragrances enivrantes.

Mon Chaxi du 2007 parfait chez le fermier

Pour avoir le droit et l'honneur d'acheter les 900 grammes restant de ce batch de 2000, je préparai mon OB '2007 parfait' avec le fermier qui était heureux de déguster cet excellent thé infusé dans une théière en argent et versé dans des coupes de porcelaine Blanc de Chine. C'est ainsi que je me fis un nouvel ami et pu ouvrir la porte de sa cave d'AliBaba de vieux OB très bien faits et bien conservés.

Le prix peut sembler élevé, mais c'est meilleur marché que les OB de compétition de 2017, et en plus il a été affiné par un maitre implacable, le temps.

Top OB de 2000, aux portes du paradis

Le secret des Oolongs traditionnels: une torréfaction longue et à basse température sur plus d'un jour. Ci-contre, la torréfaction des OB est faite dans un four en forme de frigo.

Quand elle est bien faite lors de la production du thé, il n'est pas besoin de la répéter si le thé est bien conservé au sec, au frais, à l'abri de la lumière et des odeurs parasites. Ensuite, on essayera de choisir sa jarre afin d'y minimiser le volume d'air. (= Ne pas prendre une jarre trop grande si le volume de thé à conservé est petit).