Friday, September 28, 2018

A civilization based on tea


Wenshan Baozhong, Shuixian cultivar
This summer, I read "Lord of the Flies" with my son. This book shows how kids and teenagers turn into violent savages after they were stranded on a desert island. The values of  civilized society are fragile and disappear all too quickly if we don't nurture them... I was reminded of this book this week as my Twitter feed had echoes of 'Kill the beast! Kill the beast!'. And while it's fine to argue with passion, what I witnessed is less a discussion than the affirmation that it's "us against them".

The nice thing about living in society instead of alone on an island is that we all specialize in what we do well and/or like. This enables us to give services to each other via money, which is much more efficient than trying to do everything ourselves. The cops are in charge of our security, the doctors take care of our health problems, the teachers teach the kids, the farmers provide vegetables, big companies sell complex products (cars, phones...)... I see the role of politicians to argue our ideas on our behalf and implement them if they win their election. Let them take the heat and become hated by half the country! This is their role and they are (pretty well) compensated for that. We, the non politicians, should try to get along with all the good people around us.

During tea class, Teaparker has very few rules: no cosmetics, no perfumes and no talk about politics. When we drink tea together, we wish to achieve a peaceful and happy state of mind. We also wish to share a common experience and treat others with the same respect we expect from them. Discussing political topics would divide us and create a nasty atmosphere. Enjoying a good tea, on the other hand, always brings us closer together! We feel gratitude and love for the nature and the men and women who have produced these leaves. And with our Chaxi, we feel a certain fulfillment, because we were able to express our feelings in an aesthetic and harmonious way.
Is it sunset or dawn for our civilization? I think it's time for tea!

Thursday, September 27, 2018

Etude des Hung Shui Oolongs

Cet amateur de thé, originaire de Moldavie, a fait un tour de Taiwan en vélo et est revenu me voir pour une seconde leçon de thé. Cette fois, il voulait en savoir plus sur les Hong Shui Oolongs, ces thés torréfiés de Taiwan. Aussi, on commença par mon SiJiChun DongPian dans sa version torréfiée. Miel et noisettes sont les arômes de la torréfaction qu'il identifia. Ce thé de basse altitude est plutôt léger et simple, mais sympa à boire. J'ai recommandé d'en mettre un peu plus vu son bas prix (15 USD pour 150 gr).
Hung Shui Dong Pian (cultivar SiJiChun)
Ces feuilles furent récoltées en janvier quand le climat ressemble plus à celui de haute montagne, ce qui permet d'obtenir des notes plus fraiches et fines. C'est une des raisons pour laquelle la torréfaction de ces feuilles est plutôt légère, car il ne s'agit pas de trop assombrir les arômes, mais de préserver cette fraicheur en séchant bien les feuilles. Plus un Oolong est fin et peu oxydé, moins il convient de le torréfier fortement. Certes, il y a aussi une part de goût personnel, mais la règle veut que les feuilles infusées s'ouvrent bien et retrouvent leur couleur verte au bout de plusieurs infusions.

Notre second thé fut ce Hung Shui Jinxuan Oolong de Dong Ding. Cela permit de remarquer que le terme Hung Shui désigne un process de fabrication du Oolong et non un cultivar. Celui-ci avait plus d'épaisseur et de longueur en bouche. Sa torréfaction est aussi un peu plus forte, mais ses feuilles s'ouvrent bien également.  
Baozhong torréfié de 2016
En troisième, j'infusai ce Baozhong torréfié du printemps 2016. Son cultivar est le Qingxin Oolong, le même que pour les meilleurs Oolongs de compétition de Dong Ding. Mais sa forme torsadée ressemble plus aux Yan Cha de Wuyi, là où les Oolongs torréfiés furent inventés. Les arômes sont bien plus légers et différents à cause du terroir du nord de Taiwan et sa technique sans roulage.

On finit la leçon avec le plus classique de tous les Hung Shui taiwanais, celui de Dong Ding. On retrouva alors beaucoup de force et de concentration dans la liqueur. Celle-ci fait plus penser à un whisky de malt qu'à du thé! Et quel aftertaste! La première infusion fut réalisée en gaiwan en porcelaine comme toutes les précédentes, mais pour la seconde et la troisième j'utilisai une théière en zisha Dicaoqing d'Yixing. Le résultat fut plus de douceur, un petit décalage dans le moment où le goût envahit le palais et une longueur en bouche à la fois plus fine et plus puissante.

Ces thés et mes explications détaillées, dont je n'ai retranscris qu'une infime partie ici, ont du plaire à mon élève moldave: il m'a acheté trois de ces 4 thés en grand format! 

Friday, September 21, 2018

Drinking alone under the moon

The moon festival has links to the Shang dynasty over 3000 years ago, at a time when people worshiped celestial objects. Later, during the Tang dynasty, poets found their night time inspiration in the moon. One of the most famous Tang poem is 月下独酌 "Drinking alone under the moon" by Li Bai (701-762). And despite its politically incorrect content (drinking wine alone), it is still taught to children in Taiwan and China: my children have learned it in kindergarten!

Last month, I had a similar experience drinking tea at nightfall near Lishan. The moon was rising from behind the mountain and I got to enjoy my tea as the sunlight dimmed.
Aged Hung Shui Oolong felt the closest substitute to wine and an excellent fit to the cooler mountain air! The tall ivory flower cups helped keep the brew hot and give it a more intense hue. The Yixing zhuni teapot also helped to brew at a higher temperature (than with porcelain) and obtain a warmer cup. Also, my lack of gongdao bei (pitcher) serves the same purpose, because the tea cools during each transfer from one vessel to another. Pouring directly in the cups means a hotter tea.
While it's kind of pathetic to get wasted (with alcohol) alone if you're not a poet, it feels peaceful and pure to drink tea alone under the moon! And it got even nicer when my wife finally joined me!
Happy autumn full moon festival!

Thursday, September 20, 2018

Etude des Oolongs de haute montagne de Taiwan

De gauche à droite: Feng Huang, Alishan, DYL 90K 
Antonio adore les Oolongs de haute montagne et me demande une nouvelle leçon à leur sujet et notamment sur les caractéristiques des différentes montagnes. C'est pourquoi j'ai préparé 2 comparaisons de 3 Oolongs printaniers. Afin de comparer avec les mêmes paramètres, nous infusons chaque thé avec 3 grammes, de l'eau juste à ébullition, 6 minutes d'infusion et dans des sets de compétition standards en porcelaine blanche.

Pour la première série, je choisis un Qingxin Oolong faiblement oxydé de Feng Huang (Dong Ding) dont l'altitude n'est que de 700 mètres et ne qualifie pas comme haute montagne (1000 m au moins). Ce thé ressemble à un Oolong de haute montagne, mais n'en est pas un. C'était donc intéressant de goûter la différence avec 2 vrais Oolongs de haute montagne pour mieux comprendre l'impact de l'altitude sur les arômes. Son infusion est un peu plus jaune et foncée. Les feuilles aussi, notamment ouvertes. Les arômes sont moins fleuris, plus mûrs et le goût a moins de finesse et de légèreté.
Le second thé, au milieu, est mon Alishan de Changshu Hu. Il nous surprend car ses arômes fleuris sont plus prononcés que ceux du Da Yu Ling! Son goût a beaucoup de légèreté, mais moins de complexité et de profondeur que le Da Yu Ling. Ce dernier a aussi plus de fraicheur et l'on ressent qu'il provient d'un endroit plus frais. Ses feuilles ouvertes sont les plus grandes (mais à sec ce n'est pas si évident de qu'elles sont si grandes).
De gauche à droite: Shan Lin Xi, QiLai shan, Tian Chi
 Pour la seconde comparaison, je positionne à nouveau de manière à aller croissant en altitude. Le premier thé est ce Shan Lin Xi. Il est très fleuri et doux. Puis, au milieu, il y a cet Oolong de Qilai shan. Il a des saveurs plus minérales et s'est bien affiné depuis ce printemps. D'un point de vue qualité, cela le place à niveau similaire au DYL et au Tian Chi qui finit cette comparaison. Le Tian Chi a l'infusion la plus concentrée et les couleurs de ses feuilles sont le plus vives. Ses arômes sont les plus fruités. Sa plantation est belle à en pleurer et j'ai déjà consacré tout un article à écrire tout le bien que j'en pense. En un mot, c'est un Oolong de haute montagne exceptionnel à plus d'un titre, mais nous avons constaté que le Shan Lin Xi et le Qilai se défendaient bien! Pareillement, la taille des feuilles de même rang va en grandissant chez ces 3 Oolongs et cela confirme bien que l'altitude de leurs plantations va croissante.
 Pour finir la leçon, Antonio infuse le Oolong de son choix en théière zhuni d'Yixing. Il choisit celui de Qilai. Comme son volume est similaire au set, je mesure 3 grammes afin de mieux comparer la différence avec les infusions en porcelaine. Par contre, je le laisse infuser aussi longtemps qu'il le veut. Et comme son infusion dura bien moins que 6 minutes, on obtint un thé bien plus léger avec moins de goût et de longueur en bouche!
 Aussi, cette première infusion fut moins goûteuse que celle en porcelaine en mode de compétition! C'est assez étonnant, mais c'est aussi un bon signe pour la qualité de ces Oolongs de haute montagne qu'ils soient si plaisants infusés d'une manière si poussée! Et cela montre aussi que la porcelaine peut être un meilleur accessoire qu'une zhuni si on infuse les feuilles de manière à maximiser leur potentiel!
Les Oolongs de haute montagne de Taiwan n'en finissent pas de nous surprendre et de nous ravir par leur finesse, leur absence d'amertume, leur fraicheur...
Plantation d'Oolong de Tian Chi

Tuesday, September 18, 2018

30 years old '8582' puerh

Wrapping paper of the 1988 8582.
 Marco P. left this nice review about the 1988 '8582' raw puerh cake from the Menghai factory: "Possibly the best leaves I’ve ever tasted: they have a disarming simplicity in conciliating opposites such as thickness vs cleanliness, sweetness vs persistency, one prevailing note vs innumerable shades... I felt like making love." 

It's not every day that I get such a comment! So I thought I'd share it and give more background information about this tea. Let's start with the news about its latest auction price. Last June, in China, the price for 1 cake has reached a new high of 16,000 USD (which means 45 USD per gram)! This is very expensive for a tea, but when you consider it's 30 years old and mostly gushu, it's not that unreasonable. If you assume that a new gushu is priced at 2 USD per gram, then the return rate comes out at 11% for 30 years of storage (during which you have flooding risks... as we can see recently) (2 x 1.11^30 = 45).
The 8582 cake was created as a special order for Hong Kong tea stores. Despite its recipe name, it wasn't made in 1985, but it was first made in 1988! That's why it is also known as 88 qing bing (88 raw cake). 88 is a very auspicious number in Chinese. Pronounced in Cantonese, it sounds like 'making a fortune'. But despite this clever marketing, the 8582 wasn't a big success when it started to be sold in 1988. Why? Because it wasn't very good tasting then, and because its leaves appeared very big and rough. The concept of gushu puerh didn't exist, yet. 30 years ago, tea drinkers were looking for lots of buds as a sign of finesse and high notes. These big leaves with few buds tasted very bitter then. And, objectively, compared to a green mark or an aged red mark puerh, these new 8582 simply tasted inferior. Now, however, they are just as popular as the similar aged 7542. Their taste is thicker, while the 7542 have more refined notes.

The first picture above shows the wrapper. The design remained standard for CNNP productions until 2000. So, let me repeat that it's not useful to look at the wrapper to determine the year or authenticity of the puerh. Colors and font sizes would vary because of the manual printing method employed at the time. Paper thickness was also not necessarily consistent within a same year. And such a wrapper is very easy to copy. What's more difficult to replicate are the right color, size and shape of the leaves of the cake. Their aromas and taste are also unique. That's why it's so important to educate your palate with the right stuff. But how do you know if it's real? Well, if the taste should lives up to its sterling reputation and inspires you to write a comment similar to Marco's, it likely is real!

This comment is also remarkable, because it offers a good definition of what all great teas have in common: "they have a disarming simplicity in conciliating opposites such as thickness vs cleanliness, sweetness vs persistency, one prevailing note vs innumerable shades... I felt like making love." Grazie Marco. It took your Italian sensibility to explain it so well!

Wednesday, September 12, 2018

Le Taiwan des tribus aborigènes et un lien avec le thé OB


C'est quoi cet Oolong Beauté Orientale Fan zhuang d'automne 2010? C'est quoi Fan zhuang? "En fait, Fan zhuang est lieu dans la campagne de Hsinchu, là d'où proviennent ces feuilles. Si ce nom sonne bizarre en chinois, c'est parce que c'est un nom de lieu aborigène" m'expliqua le producteur Hakka de cette Beauté Orientale.

"Mes ancêtres se sont installés sur des terres où vivaient des aborigènes des plaines (Pingpu)". Autrefois, avant l'immigration des Chinois du Fujian et de Chaozhou, avant 1600 environ, Taiwan était une ile surtout peuplée de tribus originaires du Pacifique.

Sur la carte ci-dessous, on peut voir comment ces nombreuses tribus étaient réparties:
Avec l'arrivée des immigrants chinois, mieux armés qu'eux et plus avancés techniquement, ces tribus aborigènes ont surtout trouvé refuge dans les montagnes et sur la côte Est ou bien se sont assimilées. L'image ci-dessous (prise dans le centre culturel des aborigènes près du lac Sun Moon) montre que ces aborigènes avaient des traditions guerrières et ce n'est pas de gaieté de cœur qu'ils ont accepté cette cohabitation!
De nos jours, ces tribus sont entièrement pacifiée et sont souvent chrétiennes car les missionnaires occidentaux les trouvaient plus faciles à convertir que les Chinois! On retient surtout leurs contributions culturelles avec les motifs de leurs textiles. Voici qui ferait un beau Chabu:

Leur poterie est aussi intéressante car elle nous ramène à la poterie de la fin de la préhistoire.

Mais c'est par leurs danses et leurs chants que les aborigènes se distinguent surtout à Taiwan. On ne compte plus les chanteurs populaires qui apprirent d'abord à chanter dans leur tribu avec les montagne comme chambre d'écho.

Et s'il y a une chose qu'on peut apprendre d'eux, c'est le sens de la fête! Même au plus fort d'une averse ils continuaient à danser lors d'un spectacle qui montrait les danses et costumes traditionnels de différentes tribus de Formose:
Ils ont la culture de vivre dans l'instant et ne se projettent pas trop loin dans l'avenir. C'est une force pour apprécier le présent, mais c'est une faiblesse pour la culture du thé (au sens premier)! En effet, le gouvernement de Taiwan cherche parfois à aider ces communautés aborigènes, souvent plus pauvres que la moyenne car très rurales. Or, avec le thé de haute montagne, ils étaient bien placés pour en tirer des bénéfices. Mais, culturellement, cela a rarement marché, car les plantations de thé mettent au moins 3 ans avant de commencer à produire un peu de thé. Cet horizon est trop lointain pour eux et toutes les tentatives de faire des aborigènes des cultivateurs de thé se sont soldées par des échecs pour cette raison. La culture du riz, et des céréales en général, ne demande pas tant de patience et de planning à long terme.
Or, selon le test du marshmallow, c'est la capacité de différer la gratification qui est le meilleur indicateur de succès futur d'un enfant. C'est arriver à renoncer à un peu maintenant afin de pouvoir recevoir plus dans le futur. C'est la base de toute notre longue éducation: plutôt que de commencer à travailler à 15/16 ans quand on commence à avoir la force d'un adulte, nous nous éduquons au lycée et dans le supérieur sans rien produire de tangible afin d'acquérir des savoirs plus valorisants et mieux valorisés. Et tout au long de notre carrière, nous continuous à investir une partie de notre temps dans la formation.
Planter des arbres, de la vigne ou du thé, c'est faire preuve d'une capacité à se projeter dans le long terme. On retrouve aussi cette qualité aussi dans le vieillissement de certains thés et savoir attendre que le thé ait atteint son apogée avant de le consommer. C'est justement le cas avec cette beauté orientale d'automne 2010. Bien torréfié il y a 8 ans, ce thé a eu le temps de s'affiner. Ses senteurs exhibent déjà des odeurs suaves de brandy, de malt et de molasse, mais aussi de fruits mûrs!
Ce Chaxi est donc un concentré de civilisation. Il repose sur un produit qui demande de la patience dans sa culture. Il demande de la patience et de l'apprentissage pour son producteur qui a appris sa technique de son père. Il a mis 8 ans à se bonifier. Et la réalisation des accessoires en porcelaine, en zisha d'Yixing, en étain, en fonte, en textile a fait appel à de nombreux savoir-faire... Et finalement, l'infusion de ce thé repose aussi sur 15 ans de leçons et autant d'années de pratique.
Pour mieux jouir du thé, il faut à la fois passer du temps à l'apprendre, mais il faut aussi arriver à vivre dans l'instant et déguster chaque coupe comme si demain n'existait pas!

Wednesday, September 05, 2018

2 stress free brewing methods

No, I'm not always brewing tea in gongfu cha style! This summer, I experimented with the simplest method I can think of: a big vessel, a layer of tea leaves, boiling water, wait and pour! In terms of preparation, it doesn't get faster than that. What takes several minutes is the brewing. With this simple method, I keep the tea leaves brewing in the water all the time. That's why it's important not to use too many leaves, otherwise the brew will become too concentrated (if that happens you dilute your cup with more water).

Fully oxidized red teas and high oxidized Oolongs are the teas that gave the best results. That's why I found this method very suitable for breakast or for the afternoon (with some cake). This method also works better in summer when you'll also enjoy tea when it's at room temperature (or you can even put it in the fridge at that point). There's one tea that I found even better with this method than in a gaiwan: the red ruby tea (Hong Yu no 18)!

Aged Hung Shui Oolong from Dong Ding
This second stress free method has only one thing in common with the previous: the use of high quality leaves from my selection! The reason for using high quality leaves with the first method is that you don't want the brew to turn bitter and undrinkable when you over brew your tea. With the gongfu cha method, there are techniques that can help make low quality drinkable, but such teas don't have the potential to make this moment perfect or unforgettable. The more time you invest and the higher your expectations, the less likely you are to waste this moment on trying to turn average leaves into gold!
If you've been following my blog for a while, you may have noticed that I started to brew using the Chaxi method in 2008. 10 years ago, we were pioneers in Taiwan. Now, this method has spread to China and to the West.
For many, a Chaxi is like a ceremony or a show that professionals do to catch the attention of consumers. There's this feeling that it's not very natural and that the brewer would brew differently, with more simplicity, if he or she were to brew the same tea by himself (maybe using my first method?!) This is probably very true with most Chaxi that you see at tea trade shows or in the Internet. My Chaxi, however, are the way I brew tea most of the time, by myself or with others.
10 years ago, I thought it's cumbersome and extra work to prepare a different setup for each tea. Pairing the leaves with the tea ware wasn't easy and I would feel nervous using an antique teapot like here. But thanks to regular practice, I've come to enjoy the whole process. It starts with a desire to spend time with interesting tea leaves that will transport my senses. Then it's choosing a mood in harmony with the present moment and the tea thanks to a Chabu and a plant. Then I select the teapot and tea cups that will help me get the most out of the leaves... Then comes the brewing process. I sit down comfortably and I prepare the tea in a concentrated and happy, satisfied manner. Smelling the dry leaves, listening to the water coming to a boil, pouring the water slowly and carefully in the teapot... With every movement, I try to slow down. Even before drinking, I feel a sense of gratitude to experience such a moment of beauty and calm. And this may be the key to the perfect cup: the tea happiness I feel while I pour the boiling water on the leaves helps me to get the brewing right!     
And if you are brewing your tea differently, don't change unless you want to. There should be no pressure and no stress when preparing tea!

Tuesday, September 04, 2018

La rentrée des goûts et des couleurs

A l'heure de la rentrée scolaire, on pourrait se demander pourquoi on n'enseigne pas le (bon) goût à nos bambins. Est-ce l'expression française "on ne discute pas des goûts et des couleurs" qui nous rend récalcitrant à creer ce genre de cours? Ou bien est-ce le niveau de l'enseignement le plus basique (lire, écrire et compter) qui est si bas qu'on ne veut pas surcharger l'emploi du temps des enfants, alors qu'on ne compte pas le temps qu'ils passent devant les écrans?... Pourtant, le goût est un enjeu essentiel dans notre monde actuel. Nos sociétés occidentales sont passées des privations et rationnements d'après guerre à la surabondance de nourriture grâce à une agriculture productiviste qui a su produire beaucoup et peu cher, mais avec des conséquences néfastes sur l'environnement et la qualité gustative des produits. La solution au problème gustatif fut d'ajouter du sucre, du gras, du sel, des arômes artificiels ou de frire les aliments pour les rendre plus appétissants. La grande majorité des aliments industriels et de restauration rapide suivent ce modèle dont l'avantage est de nourrir la population à bas coût. Mais l'inconvénient est que cette mal bouffe conduit à des problèmes de santé (surpoids, diabète...) si on n'y prend pas garde.
La pauvreté extrème dans le monde est passée de 37.1% de la population en 1990 à 12.7% en 2012 (source: World Bank). Malgré cette amélioration, il est encore beaucoup trop tôt pour interdire le modèle productiviste, car une grande part de la population n'a pas encore les moyens de mieux se nourrir. Aussi, la solution à ce stade intermédiaire est de passer par le désir du bon goût pour réapprendre à nos papilles les délices des arômes complètement naturels.

Hung Shui Oolong d'Alishan
Le thé peut jouer un rôle éducatif dans cet apprentissage. En effet, comme toutes les plantes récoltées, le thé a connu tous les excès du modèle industriel: engrais chimiques, pesticides, désherbants d'un côté, et arômes artificiels, sucre, lait... de l'autre pour compenser la mauvaise qualité des feuilles. Ainsi, les sachets de thé aromatisés sont au thé ce qu'un burger/frites est à la gastronomie!

Insister pour boire le thé nature, simplement infusé d'eau, est en soi un acte révolutionnaire. C'est un retour à la nature, au naturel. Dans une salade, avec de la vinaigrette, on a plus de mal à goûter au vrai goût de la tomate, mais lorsqu'on n'a que 2 ingrédients du thé et de l'eau, alors on est nécessairement plus sensible à tous les arômes du thé. Et l'on redevient plus exigeant avec la qualité des feuilles si l'on veut passer de la satisfaction d'un besoin (la soif) au plaisir.
L'idée centrale du gongfu cha, le thé infusée à la manière de Chinois de Chaozhou depuis la dynastie Qing (1644-1911), est justement de privilégier la qualité sur la quantité. C'est pourquoi ils n'utilisent que des petites théières et des petites coupes. Infusées de nombreuses fois avec de l'eau juste bouillante, la qualité des feuilles a un impact considérable sur les arômes. Sans sucre ni lait qui gomment les différences et aplanissent le goût, on reconnait plus aisément les différents types de théiers (qingxin, jinxuan, sijichun...), leur provenance, leur degré d'oxydation, voire même leur saison de récolte et leur âge. Et la base de tout apprentissage, c'est de connaitre les classiques et de pratiquer/réviser régulièrement.
Comme pour le vin, le fournisseur idéal n'est pas un supermarché ou la boutique duty free d'un aéroport asiatique, mais l'équivalent des cavistes, ces petites boutiques de thé naturel tenues par des passionnés comme tea-masters.com! Vous y trouvez des thés d'entrée de gamme à petits prix:
- du SiJiChun (Oolong 4 saisons) récolté à la machine et très frais pour seulement 12 USD les 150 gr,
- sa version torréfiée au charbon de bois (3.5 USD les 25 gr),
- du Jinxuan Oolong d'Alishan de printemps (4.8 USD les 25 gr)
- du Qingxin Oolong d'Alishan de printemps (8.4 USD les 25 gr)
- du Wenshan Baozhong de printemps (6.5 USD les 25 gr)
- du puerh cru en galette de 2003 (6.95 USD les 25 gr)
Récolte de printemps de Qingxin Oolong à Alishan
Mais vous y trouverez aussi des thés de très haute qualité et quasiment introuvables en Occident car ils sont produits en faibles quantités et sont relativement onéreux (mais bien meilleur marché que les grands vins!). Quelques exemples parmi les plus réputés:
- Oolongs de Da Yu Ling ou de FuShou shan, les montagnes les plus hautes et réputées de Taiwan,
- du Oolong torréfié de Dong Ding jeune ou âgé.
- de la Beauté Orientale de 2000,
- du Wenshan Baozhong semi-sauvage,
- du thé vert BiLuoChun de Jiangsu (Chine),
- du puerh cru sauvage de vieux théiers du Yunnan de 2017 et 2018,
- du puerh cru Luyin du début des années 1990
etc...
Faisan de Swinhoe dans les montagnes de la ferme de Wuling
Personnellement, c'est la pratique du thé qui m'a fait passer le goût du coca! Mes papilles sont devenues bien plus exigeantes pour toute mon alimentation. La pureté des sensations est devenue primordiale. La recherche du bon goût dans ma pratique du thé s'accompagne aussi d'une recherche de la bonne couleur en harmonie avec le caractère de chaque thé. Si les couleurs classiques chinoises vous intéressent, je vous recommande cet article en chinois. Il montre comment les couleurs des costumes de cette série historique télé se retrouvent dans la peinture classique chinoise. (Il n'est pas nécessaire de lire le chinois pour voir ces correspondances).