(Petite parenthèse: tous les OB ne sont pas produits avec le même degré de torréfaction. La mode récente conduit même de nombreux producteurs à sauter cette étape afin d'avoir des OB buvables plus rapidement et moins chers à produire. Mais sans cette torréfaction, ces thés ne se gardent pas bien longtemps et ne sont pas aussi digestes).
Pour ce thé pur comme la porcelaine et précieux comme de l'or, j'ai composé un Chaxi original et chaleureux. Profitant d'une belle journée, j'ai sorti l'un de mes Chabu qui s'accorde le mieux avec la couleur dorée de l'infusion.
Ma plante symbole du contact avec la nature dans ce Chaxi est le coton pour la pureté de sa couleur. Au départ, j'avais couché ma branche sur le Chabu, mais cette horizontalité manquait de vie et d'énergie. L'inconvénient d'un vase est que cela éloigne le coton du thé. C'est pourquoi j'ai eu l'idée de suspendre ma branche de coton au-dessus du Chaxi!
Ainsi, le coton semble voler comme des nuages ou bien de la fumée! Le regard monte et l'on passe à une verticalité qui donne plus de volume et de hauteur de vue à ce thé! C'est aussi cela l'essence du Chaxi: transcender le terre à terre du quotidien par la beauté d'un moment de raffinement et de créativité.
En buvant ce thé de nombreuses fois pour le tester, le photographier, le décrire dans ma boutique et dans cet article, j'ai remarqué combien ses arômes changent avec sa température de consommation. (Pour l'infusion, on reste sur de l'eau juste bouillante, naturellement).
En cela, le thé est très similaire au vin. La température idéale de consommation va varier d'un vin ou d'un thé à un autre. Ainsi, j'ai longtemps bu mes vins rouges à température ambiante, ce qui est trop chaud à Taiwan. Je fus stupéfait par leur finesse lorsque j'appris à les boire un peu refroidis!
J'ai eu une expérience similaire avec cet OB. En général, j'ai tendance à boire mes thés assez chaud. Je ne leur laisse que rarement le temps de se refroidir. Or, la caractéristique d'un (très) bon thé c'est qu'il reste délicieux et aromatique à froid. C'est quelque chose que j'ai pu ressentir avec cet OB. Il gagne beaucoup en finesse et en complexité en se refroidissant. De nouveaux arômes apparaissent même! C'est pourquoi en chinois on a le concept de "leng xiang", senteur froide pour analyser les odeurs d'un thé et différencier celles qu'il a quand il est chaud de quand il est froid.
Les bourgeons de cet OB de très haute qualité apportent beaucoup de finesse et expliquent la concentration des arômes. Et comme ces feuilles sont très petites, il n'est pas nécessaire d'infuser longtemps pour en extraire l'essentiel.
Et parmi toutes ses odeurs de parfum les plus féminines et raffinées les unes que les autres, il m'arrive parfois de sentir l'odeur froide d'une bière très douce et fruitée! Et, bien que je ne boive pas de bière, cette odeur improbable ne me dérange pas. Elle doit être issue de l'oxydation et des odeurs de malt qu'on trouve dans les Oolongs d'été.
L'histoire de reine Victoria ou Elisabeth qui aurait donné le nom d'Oriental Beauty à ce thé s'est avérée être trop belle pour être vraie. Néanmoins, ce thé créé durant la période Japonaise à Taiwan est un chef d'oeuvre de beau thé! Déguster un breuvage si délicat et riche est luxe et volupté...
OB impérial de 2016 |
Hi Stéphane,
ReplyDeleteI have often noticed that if my infusion doesn't quite make the grade on a particular day, that tasting again later when it's sat for a while in the cup and cooled can be very surprising. Thank you for writing on this subject!
Another mysterious effect: if I drink hot or cool water from a cup, in which a tiny drop or two of tea remains, the flavour and character of the tea is sometimes recalled and enhanced. I can't understand it!
Best,
Elisabeth