Wednesday, October 16, 2019

Aux origines du Oolong


Le thé Oolong est le thé de prédiléction à Taiwan. Il se décline en feuilles torsadées dans le Wenshan, en feuilles de 5 couleurs à Hsin Chu, en feuilles roulées dans le centre. Peu oxydé en hiver et au printemps, il est plus oxydé en été et lorsqu'on veut le torréfier.

Mais ce que tous les Oolongs de Taiwan ont en commun, c'est d'être originaire du Fujian et de WuYi plus précisément. C'est là, dans des montagnes traversées par un cours d'eau, que le processus du Oolong fut inventé au XVIIIe siècle. On lui donna le nom de thé Bohea.
Le thé de Wuyi allait devenir célèbre en Europe, en Amérique et en Chine, naturellement. A Chaoshan, le berceau de la méthode gongfu cha (= une petite théière, 3 coupes de porcelaine, 1 Nilu), les meilleures feuilles de WuYi se vendaient au prix de l'or à cette époque (1 gr de thé = 1 gr d'or!) En Europe, les maitresses de maison se faisaient confectionner des tea caddies en bois et en étain, avec serrure dont elles seules en avaient la clé!

Le thé Bohea était si apprécié et onéreux qu'il suscita des imitations dans tout le Fujian et même jusqu'à Taiwan à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. Et les marchands, autrefois comme aujourd'hui, ne s'embarassaient pas à donner le nom de Bohea ou Yan Cha à toutes les feuilles qui lui ressemblaient!...

Un amateur de ce thé me ramena un jour plusieurs 'Wuyi' achetés dans une maison de thé renommée. C'étaient des thés qu'il appréciait énormément, mais il était curieux de les comparer avec les feuilles de ma collection personnelle. Il fut assez surpris de constater qu'il y avait un monde entre ce qu'il connaissait et ce qu'il put déguster durant ce cours.
Sur ces photos, j'ai photographié une session avec un Rougui Yan Cha du printemps 2019 de Niu Lan Keng. Ses feuilles furent torréfiées avec grand soin plusieurs fois de manière à ne pas les brûler. Ce processus est ce qui se fait de plus traditionnel et de plus technique pour la fabrication d'un thé. Aussi, on obtient des saveurs à la fois douces, florales, mais aussi minérales et très bien structurées en bouche. On est loin de la puissance d'un gushu puerh ou de la légerté d'un thé vert. On est dans le suave, l'écho des saveurs, la gorge qui salive, le palais qui ronronne de finesse et de minéralité.

Le Rougui est un cultivar relativement récent qui a une belle palette olfactive. Rougui veut dire cannelle, mais elle ne ressemble pas tant à la cannelle en poudre qu'à l'écorce de bois entier. De plus, Niu Lan Keng est l'un des endroits les plus célèbres pour le Rougui à Wuyi. Les connaisseurs parlent alors de Niu Rou au lieu de Niu Lan Keng Rougui! Cette abréviation veut aussi dire 'soupe de boeuf' en chinois! Cela correspond au 'Mouton' ou au DRC pour le vin!
Ce n'est pas un thé pour débutant, mais c'est un thé pour apprendre. Il enseigne l'excellence, le goût originel du Bohea, la minéralité du Wuyi, la magie de la torréfaction... Si sa découverte vous dit, vous en trouverez dans ce set.

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