Qingxin Oolong de Tian Chi, printemps 2018 |
Second enseignement: la concentration des arômes du thé et du vin. Notre bouche et notre nez sont des outils incroyables. Une toute petite gorgée (de vin ou de thé) suffit pour analyser et apprécier un breuvage. Ainsi, nous êtions 14 à nous diviser chaque bouteille, mais on aurait pu faire cette dégustation à 30! Mais le plus incroyable, c'est avec le thé: la quantité de feuille était importante, si bien qu'on se serait cru lors des noces de Cana quand Jésus transforma l'eau en vin! La quantité de thé que nous pouvions produire semblait illimitée! (J'en ai encore fait pendant 3 jours du thé avec ces feuilles dans ma théière!)
Troisième enseignement: la qualité des grands thés est tout à fait comparable à celles de ces grands vins! La différence tient surtout à l'absence d'alcool et d'ivresse. Mais on ne ressent pas cela quand on déguste par très petites gorgées, car la quantité d'alcool est insuffisante pour provoquer un effet somatique. Ce n'est que lorsqu'on se met à boire le vin qu'il a cet effet altérant sur nos perceptions sensorielles et qu'on perd certaines inhibitions. Mais être heureux n'est pas la même chose que d'être désinhibé... Avec le thé on reste maitre de soi et de ses émotions.
Quatrième enseignement: en Chine, depuis la dynastie Tang, on boit aussi bien du thé que du vin lorsqu'on reçoit des amis. Thé et vin sont interchangeables et sont même servi dans les mêmes bols ou coupes. Avec ces 5 vins et 5 thés, nous avons pu faire des accords avec le diner. Après avoir établi quel vin allait avec quel thé, nous avons aussi pu constater que si l'un allait bien avec un certain plat, alors le second aussi. Mais ce n'est pas forcément le vin ou le thé qui va le mieux. Cela dépend du plat. Cette dégustation montre que le thé et le vin sont complémentaires dans un repas et qu'il ne s'agit pas de les opposer l'un à l'autre.
Cinquième enseignement: le Haut-Brion est un Bordeaux atypique. Léger, fleuri et doux, je trouve qu'il irait aussi très bien avec mon Qingxin Oolong de Tian Chi. L'ayant encore fraichement en mémoire, j'ai infusé ces feuilles du printemps 2018 pour en avoir le coeur net. Dans mon article de juin 2019, j'avais d'ailleurs comparé cette plantation à celle de Romanée-Conti (un vin que j'aimerais bien déguster un jour)! Je ne pensais pas si bien écrire! La qualité et les saveurs de cet Oolong rejoint effectivement celles d'un des plus grands vins français!
La pureté de l'infusion, sa clarté, sa brillance... la vue suffit pour démontrer l'excellence de cet Oolong. Ses odeurs fleuries et printanières sont nettes et précises. Et son goût fait le tour de force d'être à la fois doux et puissant dans une agréable persistance en bouche. Et signe ultime de qualité pour un thé: même froid il reste odorant.
Il ne m'est pas possible d'ouvrir un bouteille de Château Haut-Brion tous les jours, ni toutes les semaines. Mais quelques grammes d'Oolong de haute montagne de Tian Chi sont tout fait accessibles et je me dis que j'en ai de la chance de tant aimer les bons thés!
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