Page 49.
"A la vérité, Plassans est loin d'être un centre de commerce ; on y trafique juste assez pour se débarrasser des productions du pays : les huiles, les vins, les amandes."
Commentaire: cette phrase nous montre une Provence qui vivait chichement de son agriculture où le vin occupait une place importante.
Page 51.
"La vérité était que Macquart n'avait pas de rentes, et qu'il mangeait et buvait en heureux fainéant, pendant ses courts séjours à la ville. Il buvait surtout avec un entêtement farouche ; seul à table, au fond d'un cabaret, il s'oubliait chaque soir, les yeux fixés stupidement sur son verre, sans jamais écouter ni regarder autour de lui. Et quand le marchand de vin ferme, la tête plus haute, comme redressé par l'ivresse. "Macquart marche bien droit, il est ivre mort"".
Commentaire: Le braconnier Macquart est un personnage antipathique et alcoolique, porté sur le vin. C'est le premier ivrogne d'une longue liste dans cette œuvre.
"On la mit seulement au régime des viandes saignantes et du vin de quinquina."
Commentaire: La boisson d'Adélaïde Rougon est le vin de quinquina, un vin apéritif aromatisé avec de l'écorce de quinquina, une plante originaire d'Amérique du Sud qui contient de la quinine. Cela aide contre la fièvre et la malaria.
Page 56.
"Macquart dominait cependant, avec son amour du vagabondage, sa tendance à l'ivrognerie, ses emportements de brute."
Commentaire: Il s'agit d'Antoine Macquart, le fils illégitime d'Adélaïde Rougon et du Macquart mentionné plus haut.
Page 56.
"c'était à lui ce vin bu, ce pain mangé par les bâtards de sa mère."
Commentaire: Là il est question de Pierre Rougon, l'enfant légiitme d'Adélaïde. Il est jaloux au point d'en vouloir à sa mère de donner à boire et à manger à son demi-frère et sa demi-sœur.
Page 70.
"Tandis qu'Eugène rêvait de plier un peuple à sa volonté et s'enivrait de sa toute-puissance future, lui se voyait dix fois millionnaire, logé dans une demeure princière, mangeant et buvant bien, savourant la vie par tous les sens et tous les organes du corps."
Commentaire: Aristide Rougon, le fils de Pierre Rougon, fait des rêves de fortunes pour assouvir de nombreuses passions charnelles, dont celle de bien boire. Mais on notera que s'il y a un penchant pour la boisson, cela ne va pas jusqu'à l'ivrognerie.
Page 72.
"On le vit rôder dans la ville d'un air louche ; il ne prit plus sa demi-tasse au cercle."
Commentaire: Une note nous informe qu'une demi-tasse est "une tasse plus petite que les tasses ordinaires et dans laquelle on sert ordinairement du café à l'eau". L'existence de telles tasses montre la pauvreté de l'époque. Et le fait qu'Aristide n'arrive même plus à se payer ces demi-tasses montre qu'il est vraiment sans le sou.
Page 117
"Lorsqu'il avait réussi à se faire donner une pièce de vingt sous par sa mère, il allait la boire dans quelque cabaret, et là criait tout haut que son frère était une canaille qui aurait bientôt de ses nouvelles."
Commentaire: Il est ici question d'Antoine Macquart qui dit du mal de son demi-frère Pierre Rougon lorsqu'il est éméché. Cela me rappelle d'Odyssée d'Homère et le lien entre vin et violence.
Page 119
"Tant que l'argent durait, il flânait, courant les marchands de vin, digérant au soleil (..) Le métier de vannier, ainsi entendu, est fort ingrat ; son travail n'aurait pu suffire à payer ses soûleries, s'il ne s'était arrangé de façon à se procurer de l'osier à bon compte."
Commentaire: Antoine Macquart est donc un buveur de vin qui se soûle tant qu'il a de l'argent en poche.
Page 120
"Très courageuse à la besogne, elle aurait pu mettre quelque argent de côté, si elle n'avait aimé les liqueurs ; elle adorait l'anisette."
Commentaire: Joséphine, appelée Fine, est la femme d'Antoine Macquart. Elle aussi est victime de l'alcool. L'anisette est une liqueur à base d'anis vert. Son taux d'alcool varie de 20 à 45 degrés et il est plus sucré que le pastis. C'est probablement ce côté moelleux qui plait à Fine.
Page 122
"Il était bien vêtu, mangeait à sa faim, buvait à sa soif."
Commentaire: Grâce à sa femme laborieuse, Antoine Macquart mène une meilleure vie.
Page 122
"Conçue dans l'ivresse, sans doute pendant une de ces nuits honteuses où les époux s'assommaient, elle avait la cuisse droite dévissée et amaigrie, étrange reproduction héréditaire des brutalités que sa mère avait eu à endurer dans une heure de lutte et de soûlerie furieuse. Germaine resta chétive, et Fine, la voyant toute pâle et toute faible, la mit au régime de l'anisette, sous prétexte qu'elle avait besoin de prendre des forces."
Commentaire: Zola montre que les ravages de l'alcool se transmettent de manière héréditatire. Mettre une enfant à un régime d'alcool fort est terrible.
Page 124"Les jours de misère, il restait chez lui, exaspéré d'être retenu dans son taudis et de ne pouvoir aller prendre sa demi-tasse ; ces jours-là, il accusait le genre humain tout entier de sa pauvreté, il se rendait malade de colère et d'envie, au point que Fine, par pitié, lui donnait souvent la dernière pièce blanche de la maison, pour qu'il pût passer sa soirée au café."
Sans commentaire.
Page 126
"Pour se consoler, elle achetait un litre d'anisette, elle buvait le soir des petits verres en compagnie de sa fille, tandis qu'Antoine retournait au café. C'était là leur débauche. Jean allait se coucher ; les deux femmes restaient attablées, prêtant l'oreille, pour faire disparaitre la bouteille et les petits verres au moindre bruit. Lorsque Macquart s'attardait, il arrivait qu'elles se soûlaient ainsi, à légères doses, sans en avoir conscience."
Commentaire: Que de tristesse et misère dans cette description. On est loin de la vision folklorique et enjolivée du pastis provençal contemporain.
Page 126
"Il était devenu d'une insolence incroyable ; il jouait son rôle de conquérant et de despote, à ce point qu'il cessa de payer ses consommations au café, et que le maitre de l'établissement, un niais qui tremblait devant ses roulements d'yeux, n'osa jamais lui présenter la note. Ce qu'il but de demi-tasses, à cette époque, fut incroyable ; il invitait parfois les amis, et pendant des heures il criait que le peuple mourait de faim et que les riches devaient partager. Lui n'aurait pas donné un sou à un pauvre."
Commentaire: Pour moi, Zola avait la réputation d'être un défenseur du peuple et des pauvres. Mais on voit qu'il ne se fait pas d'illusions sur les pauvres, notamment ceux qui boivent! Le mauvais caractère d'Antoine Macquart est souligné par son penchant pour l'alcool.
Page 143
"Etranges entretiens, pendant lesquels l'oncle se versait un nombre incalculable de petits verres, et dont le neveu sortait gris d'enthousiasme."
Commentaire: Silvère, le jeune neveu d'Antoine, est républicain et idéaliste. Chez lui, ce n'est pas le vin, mais la devise 'liberté, égalité, fraternité' qui le grise! L'histoire montrera que cet excès peut être encore plus fatal que celui de l'alcool...
Conclusion: Dans ce premier livre de cette saga familiale, nous découvrons la famille Rougon-Macquart avant qu'elle ne fasse fortune. C'est pourquoi il n'y est pas du tout question de thé, produit de luxe au XIXe siècle. Les boissons du quotidien de cette Provence agricole et pauvre sont le vin, le café coupé à l'eau, l'anisette et le vin de quinquina. Les alcools y ont le mauvais rôle. Ceux qui en abusent ont souvent mauvais caractère (pour les hommes) ou en sont les victimes (les femmes).
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