Déjà visible dans mon précédent article, j'ai le plaisir de vous présenter ce joli Cha Bu brun. Il convient bien à l'atmosphère automnale d'un bon puerh cuit (ou vieux cru), voire d'un vieil Oolong.
Yanagi a raison: le thé, c'est la beauté en action. Ce n'est pas une beauté de musée, distante, intouchable, mais présente dans notre vie quotidienne.
Wednesday, August 27, 2008
Tuesday, August 26, 2008
The Unknown Craftsman
Why do I like those simple, classic shapes of teapots so much? (Above, a Li Xin, on the left a Shui Ping or the zisha Shi Piao right below.) I don't consider myself a teapot collector, just a tea drinker who needs accessories to make tea. So, I choose them primarily for their function. Made by hand, the material must be right, the firing high enough... They are not destined to be exhibited on a shelf, but to be daily manipulated.
This book, The Unknown Craftsman, a Japanese insight into Beauty, gives a compelling and complete explanation why traditional crafts have a natural beauty that machine made and even artistic objects often lack.
Industrial products are often poorly designed (this book was written around 1955) and lack the human touch of handmade objects.
Artistic objects, on the other hand, are too individualistic and/or conceptualized. There are only few artistic geniuses who will create everlasting shapes for humanity. Most make either objects that can not be used, just looked at, or they make objects so special that they only fit the taste of a minority of people.
The author (Yanagi) shows that this may be a difference between East and West. In The West, we think in terms of duality: life/death, matter/mind, Creator or God/created and humans... Oriental Zen, on the other hand, tries to transcend those concepts to reach harmony. So, in Zen, there is no separation between art or beauty and life. Real beauty must be found in the midst of our life. "To live beauty in our daily lives is the genuine Way of Tea", says Yanagi. So, real beauty is linked to function. Objects that can't be used are not whole.
Yanagi points out that no Sung ware is signed. All was done by anonymous, often uneducated potters. And yet, Sung bowls have a natural beauty and spontaneity that even modern artists fail to grasp. They copy the shape, but not the spirit. They try to create masterpieces, while Sung potters just made useful bowls...
It's really a fascinating book. (Thanks so much Michel!). Even if there are a few points here and there where I disagree, I can only recommend it to all tea fans. (ISBN 978-4-7700-1448-1). And yet, the author warns not to look at objects with learned concepts (who, when, from where...). Look at them with your heart (and imagine them in your hands).
This book, The Unknown Craftsman, a Japanese insight into Beauty, gives a compelling and complete explanation why traditional crafts have a natural beauty that machine made and even artistic objects often lack.
Industrial products are often poorly designed (this book was written around 1955) and lack the human touch of handmade objects.
Artistic objects, on the other hand, are too individualistic and/or conceptualized. There are only few artistic geniuses who will create everlasting shapes for humanity. Most make either objects that can not be used, just looked at, or they make objects so special that they only fit the taste of a minority of people.
The author (Yanagi) shows that this may be a difference between East and West. In The West, we think in terms of duality: life/death, matter/mind, Creator or God/created and humans... Oriental Zen, on the other hand, tries to transcend those concepts to reach harmony. So, in Zen, there is no separation between art or beauty and life. Real beauty must be found in the midst of our life. "To live beauty in our daily lives is the genuine Way of Tea", says Yanagi. So, real beauty is linked to function. Objects that can't be used are not whole.
Yanagi points out that no Sung ware is signed. All was done by anonymous, often uneducated potters. And yet, Sung bowls have a natural beauty and spontaneity that even modern artists fail to grasp. They copy the shape, but not the spirit. They try to create masterpieces, while Sung potters just made useful bowls...
It's really a fascinating book. (Thanks so much Michel!). Even if there are a few points here and there where I disagree, I can only recommend it to all tea fans. (ISBN 978-4-7700-1448-1). And yet, the author warns not to look at objects with learned concepts (who, when, from where...). Look at them with your heart (and imagine them in your hands).
Monday, August 25, 2008
Les (presque) JO du thé - 5
Du Canada, David nous envoie son compte-rendu d'un thé en extérieur:
"Je suis arrivé à Fermont le 4 mai 2008. C’est un endroit perdu dans le nord québécois, entouré d’une nature si pure que… Malheureusement, je quitte ce lieu merveilleux pour retourner étudier à Québec. Avant mon départ, je voulais trouver une façon de terminer ce périple, en emportant avec moi une image qui résume ma vie au 53e parallèle. J’ai donc décidé de faire un Cha Xi pour « immortaliser mon été ».
Il fallait premièrement choisir les trois éléments les plus importants pour mon événement : le thé, l’eau et l’endroit. Pour le thé, j’ai choisi le Feng Huang Gou Tou (Théier unique de 200 ans) de la Maison de Thé Camellia Sinensis. L’idée d’un théier qui a environ 6 fois mon age semblait appropriée pour un moment qui se veut « éternel ». Mais un thé si précieux peut être infusé avec quelle eau? Dans les années 50, il y avait beaucoup d’exploration minière dans les environs. Une compagnie chinoise a foré un trou et a abouti dans une mer intérieure . Depuis, un jet d’eau remonte à la surface, sans puit. Des études hydrogéologiques précisent que cette eau qui remonte à la surface (à un faible débit) a plusieurs dizaines d’années, peut être même une centaine (je peux expliquer le phénomène et l’histoire plus en détail s’il y a des intéressés). Bien que j’ai lu souvent que l’eau de source est plus appropriée pour infuser le thé, une eau si « vieille » se mariait parfaitement au concept que je voulais créer. Mais quel endroit choisir? Les possibilités sont quasi infinies, je décide donc de le faire au sommet du Mont Daviault. Comme je bois un oolong, pourquoi ne pas le boire dans son habitat naturel!
Pour les outils, je décide d’utiliser le premier chung que j’ai acheté. En gong fu cha d’intérieur, j’aurais sûrement utilisé une petite yixing, mais je voulais que mon thé puisse respirer le même air du nord que moi par les ouvertures du couvercle imparfait. Je mets aussi dans mon sac ma première théière yixing pour verser les résidus. J’utilise souvent une théière pour remplacer un bol à résidu, j’aime l’idée d’un cycle fermé pendant la dégustation de thé. Je choisis un Cha Bu mauve pâle pour ne pas compétitionner les couleurs vive du Feng Huang (je veux chercher ces couleurs vives avec les fleurs que je cueillerai). Pour les tasses, j’en prends 2. Je suis seul, mais comme la légende dit que Feng Huang = 2 oiseaux, je ne veux pas les offenser. Finalement, je décide aussi d’emporter mon plateau en bambou.
Bon, les préparatifs sont fait, il est maintenant l’heure de faire mon Cha Xi. Je vais chercher l’eau à la mine des chinois la veille pour la laisser reposer un peu. Vendredi le 22 août, je pars à 18h00, mon sac à dos plein. Je vais au pied du mont en vélo en écoutant Yi Zu Wu Qu à très faible volume pour me permettre d’entendre le vent (il y en a toujours à Fermont). Arrivé, je commence l’ascension et cueille les fleurs ou plante qui m’inspire en montant. Je n’ai plus aucune notion du temps ou du stress relié au travail ou de la tristesse en vue du départ. Je me concentre sur mon Cha Xi. Arrivé au sommet, le coucher du soleil débute (c’était planifié dans mon horaire). J’installe le tout en déposant aussi quelques canneberges et bleuets pour représenter l’aspect fruité de la finale de ce thé. Je dépose les éléments vers le soleil et de façon à assurer que mon Cha Xi ne s’envole pas avec le vent!
En commençant ma première infusion, je vois deux individus qui arrive au sommet. Je fais la connaissance de Nagy, un égyptien et Yvan Tremblay (un nom qu’il se donne pour que les québécois puissent le prononcer), un chinois. Quelle surprise pour cet homme qui vient de Chine, de voir un québécois dans le grand nord infuser un oolong de grande qualité avec tant d’attention! C’est la première fois qu’ils montent le Daviault. Ils sont ici pour superviser la construction d’une nouvelle mine de fer à 30 minutes d’ici. Je les invite donc à prendre le thé avec moi (la deuxième tasse s’est avérée très utile ; merci Feng Huang!)
Ce thé a pris quelques infusions avant de se réveiller, mais nous étions tous en accord que la deuxième fut la plus spectaculaire (c’est contradictoire avec le réveil, je sais, mais les goûts ne s’expliquent pas toujours)! Les odeurs de petits fruits étaient de plus en plus imposantes, le goût légèrement boisé s’intensifiait aussi, mais ce sont surtout les sensations physiques que le thé créait qui m’ont marquées. 9 infusions plus tard, la transition entre le jour et la nuit est terminée, le thé a libéré la majorité des arômes et de l’énergie qu’il avait à offrir et je suis prêt à tout ranger et quitter ce lieu maintenant rendu magique pour moi!
Je suis de retour chez moi à 22h00, relaxé mais plein d’énergie, prêt à revenir à la ville avec le souvenir d’un moment merveilleux qui, j’espère, me sera éternel!
Les couleurs des fleurs reflètent bien les couleurs du supposé « Feng Huang »
La puissance du décor et du vent reflète bien le corps de ce thé!"
Dans son e-mail, David me dit aussi qu'auparavant il avait les ustensiles nécessaires, mais ne prennais jamais le temps de bien faire les choses. Mais avec mon blog et une planification de ce moment pendant plus d'une semaine, l'expérience du thé n'est plus la même! Ce fut un moment magique.
Bien vu! La disposition de l'esprit à se concentrer entièrement au thé est la condition pour pouvoir l'apprécier! Je suis entièrement d'accord que le Cha Xi favorise cette concentration.
"Je suis arrivé à Fermont le 4 mai 2008. C’est un endroit perdu dans le nord québécois, entouré d’une nature si pure que… Malheureusement, je quitte ce lieu merveilleux pour retourner étudier à Québec. Avant mon départ, je voulais trouver une façon de terminer ce périple, en emportant avec moi une image qui résume ma vie au 53e parallèle. J’ai donc décidé de faire un Cha Xi pour « immortaliser mon été ».
Il fallait premièrement choisir les trois éléments les plus importants pour mon événement : le thé, l’eau et l’endroit. Pour le thé, j’ai choisi le Feng Huang Gou Tou (Théier unique de 200 ans) de la Maison de Thé Camellia Sinensis. L’idée d’un théier qui a environ 6 fois mon age semblait appropriée pour un moment qui se veut « éternel ». Mais un thé si précieux peut être infusé avec quelle eau? Dans les années 50, il y avait beaucoup d’exploration minière dans les environs. Une compagnie chinoise a foré un trou et a abouti dans une mer intérieure . Depuis, un jet d’eau remonte à la surface, sans puit. Des études hydrogéologiques précisent que cette eau qui remonte à la surface (à un faible débit) a plusieurs dizaines d’années, peut être même une centaine (je peux expliquer le phénomène et l’histoire plus en détail s’il y a des intéressés). Bien que j’ai lu souvent que l’eau de source est plus appropriée pour infuser le thé, une eau si « vieille » se mariait parfaitement au concept que je voulais créer. Mais quel endroit choisir? Les possibilités sont quasi infinies, je décide donc de le faire au sommet du Mont Daviault. Comme je bois un oolong, pourquoi ne pas le boire dans son habitat naturel!
Pour les outils, je décide d’utiliser le premier chung que j’ai acheté. En gong fu cha d’intérieur, j’aurais sûrement utilisé une petite yixing, mais je voulais que mon thé puisse respirer le même air du nord que moi par les ouvertures du couvercle imparfait. Je mets aussi dans mon sac ma première théière yixing pour verser les résidus. J’utilise souvent une théière pour remplacer un bol à résidu, j’aime l’idée d’un cycle fermé pendant la dégustation de thé. Je choisis un Cha Bu mauve pâle pour ne pas compétitionner les couleurs vive du Feng Huang (je veux chercher ces couleurs vives avec les fleurs que je cueillerai). Pour les tasses, j’en prends 2. Je suis seul, mais comme la légende dit que Feng Huang = 2 oiseaux, je ne veux pas les offenser. Finalement, je décide aussi d’emporter mon plateau en bambou.
Bon, les préparatifs sont fait, il est maintenant l’heure de faire mon Cha Xi. Je vais chercher l’eau à la mine des chinois la veille pour la laisser reposer un peu. Vendredi le 22 août, je pars à 18h00, mon sac à dos plein. Je vais au pied du mont en vélo en écoutant Yi Zu Wu Qu à très faible volume pour me permettre d’entendre le vent (il y en a toujours à Fermont). Arrivé, je commence l’ascension et cueille les fleurs ou plante qui m’inspire en montant. Je n’ai plus aucune notion du temps ou du stress relié au travail ou de la tristesse en vue du départ. Je me concentre sur mon Cha Xi. Arrivé au sommet, le coucher du soleil débute (c’était planifié dans mon horaire). J’installe le tout en déposant aussi quelques canneberges et bleuets pour représenter l’aspect fruité de la finale de ce thé. Je dépose les éléments vers le soleil et de façon à assurer que mon Cha Xi ne s’envole pas avec le vent!
En commençant ma première infusion, je vois deux individus qui arrive au sommet. Je fais la connaissance de Nagy, un égyptien et Yvan Tremblay (un nom qu’il se donne pour que les québécois puissent le prononcer), un chinois. Quelle surprise pour cet homme qui vient de Chine, de voir un québécois dans le grand nord infuser un oolong de grande qualité avec tant d’attention! C’est la première fois qu’ils montent le Daviault. Ils sont ici pour superviser la construction d’une nouvelle mine de fer à 30 minutes d’ici. Je les invite donc à prendre le thé avec moi (la deuxième tasse s’est avérée très utile ; merci Feng Huang!)
Ce thé a pris quelques infusions avant de se réveiller, mais nous étions tous en accord que la deuxième fut la plus spectaculaire (c’est contradictoire avec le réveil, je sais, mais les goûts ne s’expliquent pas toujours)! Les odeurs de petits fruits étaient de plus en plus imposantes, le goût légèrement boisé s’intensifiait aussi, mais ce sont surtout les sensations physiques que le thé créait qui m’ont marquées. 9 infusions plus tard, la transition entre le jour et la nuit est terminée, le thé a libéré la majorité des arômes et de l’énergie qu’il avait à offrir et je suis prêt à tout ranger et quitter ce lieu maintenant rendu magique pour moi!
Je suis de retour chez moi à 22h00, relaxé mais plein d’énergie, prêt à revenir à la ville avec le souvenir d’un moment merveilleux qui, j’espère, me sera éternel!
Les couleurs des fleurs reflètent bien les couleurs du supposé « Feng Huang »
La puissance du décor et du vent reflète bien le corps de ce thé!"
Dans son e-mail, David me dit aussi qu'auparavant il avait les ustensiles nécessaires, mais ne prennais jamais le temps de bien faire les choses. Mais avec mon blog et une planification de ce moment pendant plus d'une semaine, l'expérience du thé n'est plus la même! Ce fut un moment magique.
Bien vu! La disposition de l'esprit à se concentrer entièrement au thé est la condition pour pouvoir l'apprécier! Je suis entièrement d'accord que le Cha Xi favorise cette concentration.
Wednesday, August 20, 2008
Les (presque) JO du thé - 4
Représentant la Suisse, Ginkgo du blog Tpots, nous fait partager son Cha Xi:
Ayant beaucoup apprécié la brique CNNP de pu er cuit de 2000, je me suis décidée à la goûter "en profondeur ".
Mon choix s'est donc porté sur ce puerh.
Et comme l'idée de ce concours est de boire le thé dehors, je voulais tenter une expérience que je n'avais jamais faite: trouver un endroit qui corresponde à ce thé et le boire dans cet environnement.
Ma démarche est de réduire au minimum les accessoires à apporter sur place et de me servir des matériaux qui se trouvent déjà dans l'endroit. (Simplicité pour aller au coeur du thé).
J'ai apporté un thermos d'eau chaude, la brique de thé et un coupe-papier pour l'émietter, une petite théière et son bol.
Sur place je voulais du bois ou un arbre (car ce thé me fait penser à cette vie de sève et d'écorces, de racines et de mousse), de la pierre , de la végétation.
Puis l'idée de l'eau qui coule de la montagne s'est imposée: d'une part en raison du contexte suisse (montagne) et aussi à cause de ce flux qui purifie et draine et est l'essence du thé.
Tout près de chez moi j'ai trouvé cet endroit, une souche au bord d'une rivière ("la Grande- Eau").
J'ai pu m'y installer confortablement et poser les accessoires amenés. A côté de la souche, j'ai pris une pierre et des fleurs qui poussaient sur le talus.
Et j'ai commencé les infusions, le nez tout près du bord de la souche chauffée par le soleil.
ça a été une expérience sublime : le thé a fait corps avec les odeurs tout autour et le bruit de l'eau qui coule ! sentir, voir entendre et... boire !
Un résumé des infusions successives:
1: odeur de bois et de cèdre et, dans le bol, de vieux bois, de miel, de whisky et de coing.
au goût: un côté rude, sec en bouche de cèdre, de terre et de vieux chêne avec une note de pierre, de roche et de craie.
2: odeur de vieux bois
au goût: le thé devient plus ouvert, des notes de miel, de coing et de bois de réglisse
3: odeur: tabac et laine mêlée au feu de cheminée.
au goût: le thé s'arrondit avec une pointe d'abricot. Il devient doux.
4: au goût: le thé atteint un potenciel fort : notes de poivre et de cardamone puis des notes salées . Enfin il évoque la tourbe, les racines et le caramel
5: Là encore il atteint une sorte d'apogée de force avec des notes d'anis, de réglisse pui le pain d'épice, l'orge et la girofle
A l'odeur toujours le vieux bois et le miel
6: odeur de craie, de miel et de pain d'épice
Il devient très rond en bouche avec un goût de melon en finale
7: Cela continue avec le melon, les fruits mûrs (abricot) , miel et caramel.
Fin de l'expérience, il n'y a plus d'eau _.
Je pense que cette dégustation a changé quelque chose chez moi: dans ce cadre-là, ce pu er m'a donné de l'approcher avec amplitude et naturel. Il s'est dévoilé un peu plus me donnant soif de renouveler des expériences similaires.
"Le maître de thé Chang T'ieh-Chün de Taiwan recommande de partir en promenade dans un lieu sauvage en emportant un réchaud à thé portatif, une provision de bon charbon de bois, une paire de tisonniers de fer, un éventail, une boîte d'un thé délectable, des tasses et une théière et (si nécessaire) une provision d'eau pure.(....) En choisissant l'ambiance d'une forêt de pins, de formations rocheuses curieuses, de rivières de montagne, d'un éblouissant soleil, de nuages au coucher du soleil ou d'un clair de lune, on peut évoquer l'atmosphère aimée par les Maîtres du thé Song." citation de John Blofeld "Thé et Tao" , coll. Albin Michel, page 247.
Pour résumer son expérience, je rajouterai encore un extrait de l'e-mail que Ginkgo m'a envoyé: "ça a été ...génial ! j'ai eu un grand moment".
Je n'ai pas grand chose à ajouter. Le cadre est superbe et on a l'impression d'y avoir été avec elle! En plus, Ginkgo fait son thé avec des ustensiles qu'elle a fait elle-même. Non seulement ont-ils ce supplément d'âme (car fait à la main), mais ils sont une extension de son caractère: elle et eux ne font qu'un. Cela lui permet de goûter au thé de façon si immédiate et personnelle.
(Remarque: faire ses ustensiles n'est pas donné à tout le monde, mais chacun peut choisir les siens en laissant parler son coeur).
Ayant beaucoup apprécié la brique CNNP de pu er cuit de 2000, je me suis décidée à la goûter "en profondeur ".
Mon choix s'est donc porté sur ce puerh.
Et comme l'idée de ce concours est de boire le thé dehors, je voulais tenter une expérience que je n'avais jamais faite: trouver un endroit qui corresponde à ce thé et le boire dans cet environnement.
Ma démarche est de réduire au minimum les accessoires à apporter sur place et de me servir des matériaux qui se trouvent déjà dans l'endroit. (Simplicité pour aller au coeur du thé).
J'ai apporté un thermos d'eau chaude, la brique de thé et un coupe-papier pour l'émietter, une petite théière et son bol.
Sur place je voulais du bois ou un arbre (car ce thé me fait penser à cette vie de sève et d'écorces, de racines et de mousse), de la pierre , de la végétation.
Puis l'idée de l'eau qui coule de la montagne s'est imposée: d'une part en raison du contexte suisse (montagne) et aussi à cause de ce flux qui purifie et draine et est l'essence du thé.
Tout près de chez moi j'ai trouvé cet endroit, une souche au bord d'une rivière ("la Grande- Eau").
J'ai pu m'y installer confortablement et poser les accessoires amenés. A côté de la souche, j'ai pris une pierre et des fleurs qui poussaient sur le talus.
Et j'ai commencé les infusions, le nez tout près du bord de la souche chauffée par le soleil.
ça a été une expérience sublime : le thé a fait corps avec les odeurs tout autour et le bruit de l'eau qui coule ! sentir, voir entendre et... boire !
Un résumé des infusions successives:
1: odeur de bois et de cèdre et, dans le bol, de vieux bois, de miel, de whisky et de coing.
au goût: un côté rude, sec en bouche de cèdre, de terre et de vieux chêne avec une note de pierre, de roche et de craie.
2: odeur de vieux bois
au goût: le thé devient plus ouvert, des notes de miel, de coing et de bois de réglisse
3: odeur: tabac et laine mêlée au feu de cheminée.
au goût: le thé s'arrondit avec une pointe d'abricot. Il devient doux.
4: au goût: le thé atteint un potenciel fort : notes de poivre et de cardamone puis des notes salées . Enfin il évoque la tourbe, les racines et le caramel
5: Là encore il atteint une sorte d'apogée de force avec des notes d'anis, de réglisse pui le pain d'épice, l'orge et la girofle
A l'odeur toujours le vieux bois et le miel
6: odeur de craie, de miel et de pain d'épice
Il devient très rond en bouche avec un goût de melon en finale
7: Cela continue avec le melon, les fruits mûrs (abricot) , miel et caramel.
Fin de l'expérience, il n'y a plus d'eau _.
Je pense que cette dégustation a changé quelque chose chez moi: dans ce cadre-là, ce pu er m'a donné de l'approcher avec amplitude et naturel. Il s'est dévoilé un peu plus me donnant soif de renouveler des expériences similaires.
"Le maître de thé Chang T'ieh-Chün de Taiwan recommande de partir en promenade dans un lieu sauvage en emportant un réchaud à thé portatif, une provision de bon charbon de bois, une paire de tisonniers de fer, un éventail, une boîte d'un thé délectable, des tasses et une théière et (si nécessaire) une provision d'eau pure.(....) En choisissant l'ambiance d'une forêt de pins, de formations rocheuses curieuses, de rivières de montagne, d'un éblouissant soleil, de nuages au coucher du soleil ou d'un clair de lune, on peut évoquer l'atmosphère aimée par les Maîtres du thé Song." citation de John Blofeld "Thé et Tao" , coll. Albin Michel, page 247.
Pour résumer son expérience, je rajouterai encore un extrait de l'e-mail que Ginkgo m'a envoyé: "ça a été ...génial ! j'ai eu un grand moment".
Je n'ai pas grand chose à ajouter. Le cadre est superbe et on a l'impression d'y avoir été avec elle! En plus, Ginkgo fait son thé avec des ustensiles qu'elle a fait elle-même. Non seulement ont-ils ce supplément d'âme (car fait à la main), mais ils sont une extension de son caractère: elle et eux ne font qu'un. Cela lui permet de goûter au thé de façon si immédiate et personnelle.
(Remarque: faire ses ustensiles n'est pas donné à tout le monde, mais chacun peut choisir les siens en laissant parler son coeur).
Tuesday, August 19, 2008
Oriental Beauty 2008 in silver
So far, to select and taste it, I had used a white porcelain competition set. Then, last Saturday, I used my silver teapot to see how this high grade Bai Hao Oolong would take the heat. What defects would the high temperature of the silver highlight?
None! On the contrary, this OB tasted clear, bright and smooth. It almost seemed I had put the top grade inside the pot! The explanation of this magic came around brew number 4: the leaves were already exhausted and quality diminished, whereas with porcelain I can make 6-7 of similar quality with this very concentrated Oolong. This means that the higher temperature of the silver had concentrated the best flavors during the first brews. This, somehow, reminded me of Napoléon! As a high school student, he had won a national essay competition with the following sentence: "Men of genius are meteorites that are destined to burn to shine on their century." (Les hommes de génie sont des météores destinés à brûler pour éclairer leur siècle.)
We could also find examples of this in sports at the Olympic Games. Each competition is about bringing out the best performance from the athletes. Each will try to give his best and the performance from the winner will be remembered for a very long time.
Friday, August 15, 2008
Les (presque) JO du thé - 3
Voici la contribution d'Arnaud B:
Le thé est un Baozhong rapporté il y a 6 mois par un ami de Chine, en vrac sans info supplémentaire.
Les premiers essais en zhong donnaient une liqueur sèche au palais, un peu âcre, mais d’un arôme intense fruité, surprenant. Le passage en Zhuni ronde a atténué le côté âcre, tout en conservant les notes fruitées, mais il était alors difficile de trouver la dose et l’infusion adéquate pour obtenir l’équilibre entre ce bouquet fruité et fleuri – agréable lorsque pas trop puissant – et cette légère amertume propre aux thés verts. Malgré les multiples essais différents de temps d’infusion, de dose, de théière, j’en suis arrivé à utiliser uniquement une petite Zhuni plate (10cl), que je dédie désormais quasi-exclusivement à ce thé. Peut-être laisse-t-elle moins se développer les feuilles, et restreint ce goût qui devenait envahissant? Cette solution peu académique m’a fait penser à la méthode qu’on applique à ces petits arbres – les bonzaï – desquels on empêche la croissance afin d’obtenir un résultat plus esthétique. Maintenant il a tout d’un grand !
Finalement,
- A l’odorat, aspect déjà très fruité et fleuri, impression très forte de fruits rouges, miel de fleur...
- Au goût, en premier la teinte fruitée et fleurie d’un Oolong, arômes de fruits rouges (cassis), puis en demi-teinte fruits secs, avec au fond une certaine rondeur qui se développe (arômes plus gras de pêche peut-être (?)). La finale est délicieuse tellement le bouquet est riche. Grande longueur, qui continue à 'raper' légèrement les joues, comme certains thés verts.
Pour le cadre du Cha Xi, j’utilise cette étoffe comme Cha Bu depuis peu. Les ocres de la théière et le tissu rouge se marient avec le vert végétal et les tasses gris terre, illustrant simplement dans ce thé le mariage ‘fruité Oolong – thé vert’ que j’aime y retrouver.
Mon support à théière est juste une petite natte à sushi détournée pour le gong fu cha, sur un carré de soie rapporté de Thaïlande, assez quelconque, mais à propos. La boite à thé est laquée, en forme de 'pomme'.
Le clin d’oeil bonzaï et la photo des feuilles infusées (qui restent recroquevillées longtemps et résistent au ‘dépliage’ manuel) illustrent l’exigence à laquelle il faut se résoudre pour profiter de ce thé qui m’a paru assez inaccessible, la contrainte à laquelle il a fallut se plier et celle qu’il faut exercer sur le thé lui-même. Mais une fois l’effort accompli, le plaisir est au rendez-vous. Je trouve que cette morale est récurrente dans le Gong Fu Cha. De la déception nait souvent un effort (un travail, en latin labor) qui enseigne un précepte. Lequel ouvre les portes d’un savoir et d’un plaisir, jamais instantané. Je me rappelle souvent la première impression que j’ai eu en goûtant la première fois un thé vert de Chine. Quelle déception ! La sensation de boire de la pelouse, du foin séché... Ce qui m’a poussé à m’y intéresser...
Merci de ta participation!
Le thé est un Baozhong rapporté il y a 6 mois par un ami de Chine, en vrac sans info supplémentaire.
Les premiers essais en zhong donnaient une liqueur sèche au palais, un peu âcre, mais d’un arôme intense fruité, surprenant. Le passage en Zhuni ronde a atténué le côté âcre, tout en conservant les notes fruitées, mais il était alors difficile de trouver la dose et l’infusion adéquate pour obtenir l’équilibre entre ce bouquet fruité et fleuri – agréable lorsque pas trop puissant – et cette légère amertume propre aux thés verts. Malgré les multiples essais différents de temps d’infusion, de dose, de théière, j’en suis arrivé à utiliser uniquement une petite Zhuni plate (10cl), que je dédie désormais quasi-exclusivement à ce thé. Peut-être laisse-t-elle moins se développer les feuilles, et restreint ce goût qui devenait envahissant? Cette solution peu académique m’a fait penser à la méthode qu’on applique à ces petits arbres – les bonzaï – desquels on empêche la croissance afin d’obtenir un résultat plus esthétique. Maintenant il a tout d’un grand !
Finalement,
- A l’odorat, aspect déjà très fruité et fleuri, impression très forte de fruits rouges, miel de fleur...
- Au goût, en premier la teinte fruitée et fleurie d’un Oolong, arômes de fruits rouges (cassis), puis en demi-teinte fruits secs, avec au fond une certaine rondeur qui se développe (arômes plus gras de pêche peut-être (?)). La finale est délicieuse tellement le bouquet est riche. Grande longueur, qui continue à 'raper' légèrement les joues, comme certains thés verts.
Pour le cadre du Cha Xi, j’utilise cette étoffe comme Cha Bu depuis peu. Les ocres de la théière et le tissu rouge se marient avec le vert végétal et les tasses gris terre, illustrant simplement dans ce thé le mariage ‘fruité Oolong – thé vert’ que j’aime y retrouver.
Mon support à théière est juste une petite natte à sushi détournée pour le gong fu cha, sur un carré de soie rapporté de Thaïlande, assez quelconque, mais à propos. La boite à thé est laquée, en forme de 'pomme'.
Le clin d’oeil bonzaï et la photo des feuilles infusées (qui restent recroquevillées longtemps et résistent au ‘dépliage’ manuel) illustrent l’exigence à laquelle il faut se résoudre pour profiter de ce thé qui m’a paru assez inaccessible, la contrainte à laquelle il a fallut se plier et celle qu’il faut exercer sur le thé lui-même. Mais une fois l’effort accompli, le plaisir est au rendez-vous. Je trouve que cette morale est récurrente dans le Gong Fu Cha. De la déception nait souvent un effort (un travail, en latin labor) qui enseigne un précepte. Lequel ouvre les portes d’un savoir et d’un plaisir, jamais instantané. Je me rappelle souvent la première impression que j’ai eu en goûtant la première fois un thé vert de Chine. Quelle déception ! La sensation de boire de la pelouse, du foin séché... Ce qui m’a poussé à m’y intéresser...
Merci de ta participation!
Thursday, August 14, 2008
Les (presque) JO du thé - 2
Pour mon concours, j'ai le privilège de vous présenter le Cha Xi d'Alain:
"J'ai conçu ce Cha Xi comme l'hommage d'un occidental aux Lettrés de la Chine ancienne, qui ont donné au Thé ses lettres de noblesse. Pour ce faire,j'ai choisi d'illustrer un idéogramme chinois que j'ai reproduit en bas à droite du Cha xi.
Cet idéogramme signifie monter ou haut, illustrant la démarche intellectuelle que peut être le fait de boire du thé (élévation) (NDLR: il s'agit de 上, prononcé shang).
Le thé que j'ai choisi de préparer est un Tie guan Yin qui est un thé bien agréable à boire durant l'été. L'encadrement champêtre me parait tout indiqué pour rehausser les notes florales-végétales d'un tel thé. L'ajout des fleurs,la soierie ainsi que les motifs de la coupe (XVIIIième)rapellent la vie et la nature. Les Cinq Elements Chinois sont présents sur ce Cha Xi: le bois/mu, le feu/huo, l'eau/shui/, la terre/tu, le métal/jin..
J'ai voulu que le plateau (fabriqué par Sophie -NDLR: la femme d'Alain-) paraisse flotter sur l'herbe pour mieux illustrer le sens de l'idéogramme. La transparence de l'entre-deux verres apporte de la légèreté à l'ensemble.
-Technique:
La théière sera ma petite Zhuni (idéale pour ce TGY),le pot et les coupes ivoire renforceront la couleur de la liqueur. Bouilloire thermostatée 95°, thé dosé à 5 gr, rinçage puis 6 infusions à 20", 35",55",1'30,2',4'. La première infusion est cristalline, jaune très pâle. Le nez est intense, très floral. En bouche, c'est aqueux, très désaltérant, frais, çà "tapisse" bien, strictement aucune amertume, pas d'acidité, un peu astringent, ça forme un tout très persistant, assez vif, pointu. La rétro-olfaction est surprenante surtout à partir de la deuxième infusion, puissante et longue, très intense. A partir de la deuxième infusion, le nez et la bouche gagnent en profondeur et ne se modifient pour ainsi dire pas. La couleur par contre s'affirme, prend une note plus chaude au fil des infusions jusqu'à avoir une très jolie teinte jaune d'or. Voilà donc un thé bien sympathique pour un hommage qui je l'espere te plaira, tout en illustrant ce vers de Rimbaud à propos de la calligraphie: "Des fleurs d'encre crachant des pollens en virgules", trait d'union entre ces deux cultures.
J'espere que ton concours rencontrera un franc succès..."
Merci beaucoup de nous faire partager ce Cha Xi. Je n'entre pas (encore) dans le détail de mon évaluation. Mais une chose est certaine, Alain est passé en tête du concours! Et il vous reste encore 18 jours pour participer!
"J'ai conçu ce Cha Xi comme l'hommage d'un occidental aux Lettrés de la Chine ancienne, qui ont donné au Thé ses lettres de noblesse. Pour ce faire,j'ai choisi d'illustrer un idéogramme chinois que j'ai reproduit en bas à droite du Cha xi.
Cet idéogramme signifie monter ou haut, illustrant la démarche intellectuelle que peut être le fait de boire du thé (élévation) (NDLR: il s'agit de 上, prononcé shang).
Le thé que j'ai choisi de préparer est un Tie guan Yin qui est un thé bien agréable à boire durant l'été. L'encadrement champêtre me parait tout indiqué pour rehausser les notes florales-végétales d'un tel thé. L'ajout des fleurs,la soierie ainsi que les motifs de la coupe (XVIIIième)rapellent la vie et la nature. Les Cinq Elements Chinois sont présents sur ce Cha Xi: le bois/mu, le feu/huo, l'eau/shui/, la terre/tu, le métal/jin..
J'ai voulu que le plateau (fabriqué par Sophie -NDLR: la femme d'Alain-) paraisse flotter sur l'herbe pour mieux illustrer le sens de l'idéogramme. La transparence de l'entre-deux verres apporte de la légèreté à l'ensemble.
-Technique:
La théière sera ma petite Zhuni (idéale pour ce TGY),le pot et les coupes ivoire renforceront la couleur de la liqueur. Bouilloire thermostatée 95°, thé dosé à 5 gr, rinçage puis 6 infusions à 20", 35",55",1'30,2',4'. La première infusion est cristalline, jaune très pâle. Le nez est intense, très floral. En bouche, c'est aqueux, très désaltérant, frais, çà "tapisse" bien, strictement aucune amertume, pas d'acidité, un peu astringent, ça forme un tout très persistant, assez vif, pointu. La rétro-olfaction est surprenante surtout à partir de la deuxième infusion, puissante et longue, très intense. A partir de la deuxième infusion, le nez et la bouche gagnent en profondeur et ne se modifient pour ainsi dire pas. La couleur par contre s'affirme, prend une note plus chaude au fil des infusions jusqu'à avoir une très jolie teinte jaune d'or. Voilà donc un thé bien sympathique pour un hommage qui je l'espere te plaira, tout en illustrant ce vers de Rimbaud à propos de la calligraphie: "Des fleurs d'encre crachant des pollens en virgules", trait d'union entre ces deux cultures.
J'espere que ton concours rencontrera un franc succès..."
Merci beaucoup de nous faire partager ce Cha Xi. Je n'entre pas (encore) dans le détail de mon évaluation. Mais une chose est certaine, Alain est passé en tête du concours! Et il vous reste encore 18 jours pour participer!
Tuesday, August 12, 2008
Non Olympic event - Cha Xi contest
The Cha Xi contest hasn't been recognized as an Olympic event in Beijing. Too bad! But the Olympic spirit is there: bringing the world together, around a cup of tea. It's also a contest where participation is more important than winning. And if this contest goes well, there is still a (remote) chance that it can become a demonstration event at the London 2012 Games. Just expect it to be more about english brewing then!
So, today I'm glad to present the first formal entry from the USA in this contest:
"The tea was a Bi Luo Chun. My friend brought it back from Wuxi. It is a very interesting tea, because the leaves are longer than other BLC I have had, and they also have "hairs" or trichtomes like a white tea. I am brewing in the Duan ni pot, because I find this tea to be a little harsh when brewed in a gaiwan. This pot is very good at producing a mellow cup with a long aftertaste. The two porcelain tulip cups show the tea's color, and are filled nicely by the slightly-large pot. I find that this set also lends itself well to a rolled oolong.
The blue mat is inspired by your navy blue square mat, and it does the job for now. I can't put the feeling into words, but I no longer enjoy the aesthetics of using a large bamboo tea table. This has inspired me to start trying different things.
Thanks for the fun contest!"
Thanks for this first entry: I particularly liked the fact that you would choose the brewing vessel (duanni pot) to improve the taste of an imperfect tea. A good pairing of tea and brewing vessel is one of the most important (gongfu) Cha Xi skill.
I also received the following picture from Florida (true!):
Here is my submission! The tea ware was missed in the shot because the rainbow took center stage. Wanted to take a picture outside with the tea ware but the mosquitoes are really bad. Not easy to work delicately when you are constantly swatting the troublesome creatures
Disqualified! (A judge has to be fair and just, even if it's tough!)
Advice: Wu si Cha, tea with five colors, would have been a great pairing with this beautiful double rainbow. (It's one of the many names of Oriental Beauty).
So, today I'm glad to present the first formal entry from the USA in this contest:
"The tea was a Bi Luo Chun. My friend brought it back from Wuxi. It is a very interesting tea, because the leaves are longer than other BLC I have had, and they also have "hairs" or trichtomes like a white tea. I am brewing in the Duan ni pot, because I find this tea to be a little harsh when brewed in a gaiwan. This pot is very good at producing a mellow cup with a long aftertaste. The two porcelain tulip cups show the tea's color, and are filled nicely by the slightly-large pot. I find that this set also lends itself well to a rolled oolong.
The blue mat is inspired by your navy blue square mat, and it does the job for now. I can't put the feeling into words, but I no longer enjoy the aesthetics of using a large bamboo tea table. This has inspired me to start trying different things.
Thanks for the fun contest!"
Thanks for this first entry: I particularly liked the fact that you would choose the brewing vessel (duanni pot) to improve the taste of an imperfect tea. A good pairing of tea and brewing vessel is one of the most important (gongfu) Cha Xi skill.
I also received the following picture from Florida (true!):
Here is my submission! The tea ware was missed in the shot because the rainbow took center stage. Wanted to take a picture outside with the tea ware but the mosquitoes are really bad. Not easy to work delicately when you are constantly swatting the troublesome creatures
Disqualified! (A judge has to be fair and just, even if it's tough!)
Advice: Wu si Cha, tea with five colors, would have been a great pairing with this beautiful double rainbow. (It's one of the many names of Oriental Beauty).
Thursday, August 07, 2008
Top grades of Oriental Beauty
What are its characteristics? And why is it so @#$% expensive?
Leaf quality (!) is the main difference:
- The very best Oriental Beauty is made with very small leaves and buds. In this regard, it is somehow similar to the finest green teas that are smallest at the beginning of the season. Buds are very concentrated in flavors and it takes much more effort for the pickers to harvest 1 kg of buds than 1 kg of full sized leaves.
- Such harvests of top grade buds are very small, just a few kg a day. This then leads to higher process costs, because you still need one experienced farmer to process this small quantity.
- The small green jassids prefer to bite/eat young leaves (buds). The leaf than reacts to defend and recover from the bite. This causes a partial oxidation and the very specific high pitched Oriental Beauty fragrance. So, the finest Oriental Beauty has to come from the smallest leaves,
- Most tea farmers have to rely on climate and soil. Oriental Beauty farmers also need the tea jassids. Their bites is a gift, a little miracle, not something that you can count on every day (with pesticides or too cold or too hot weather, they won't come).
- Organic farming makes tastier food. So, organic leaves should also be more appetizing for tea jassids. But organic farming is more expensive (reduced yields, more work to maintain),
- Actually, you can find Oriental Beauty produced almost in all Taiwan, from Wenshan to Ali Shan and Hua Lien. It's even produced in China, as I reported here (see also Teaparker's article about OB from Yunnan). Many Taiwanese farmers make their own version of Oriental Beauty with their summer Oolong harvest. Sometimes, these OBs can be quite good. But they can not reach the heights of the best Dong Fang Mei Ren from Hsin Chu county:
- In Hsin Chu county, there are Oriental Beauty tea competitions that motivate the local farmers to make the best possible tea. The top prized teas sell at very high prices in the local market.
- Bai Hao Oolong (OB) is their flagship tea, the tea that their grand parents used to make. It receives their highest attention and benefits from past experience.
- The cultivar (Qingxin Dapa) is best in balancing fragrance and taste for this tea.
- The original soil, terroir of Hsin Chu county also adds its specific flavor.
Conclusion: for the top grade, there can be no compromise. It must be made of competition grade, jassid bitten small leaves and buds, harvested from Qingxin Dapa trees in an organic plantation of Hsin Chu county. Basta.
(Except for the tea jassid, all pictures show my Top grade OB 2008).
Wednesday, August 06, 2008
Eté 2008 - Oriental Beauty
Avec un été 2008 très chaud, la récolte du thé Beauté Orientale est particulièrement éprouvante. Je suis allé encourager les cueilleuses, comme promis, pour leur dire tout le bien que nous pensons de leurs efforts.
Absorbées par leur travail, elles ne m'avaient pas entendu m'approcher. Plus d'une fut surprise et rigola lorsque je m'écriai que j'avais enfin trouvé les 'Beautés Orientales'! Sans arrêter de ramasser les feuilles et de papoter entre elles, elles me demandaient d'où je venais. "De France, et j'y envoie les feuilles que vous avez récolté", leur dis-je. "Mes amis occidentaux adorent ce thé et vous remercient du fond de leur coeur de travailler sous un soleil si fort". "Nous sommes bien protégées, mais toi tu vas attraper une insolation sans chapeau", me répondit-on!
Comme vous le voyez dans cette courte vidéo, l'ambiance est au bavardages durant la récolte. Ma visite impromptue a probablement rempli les conversations le restant de cette après-midi! Pour leur rendre encore hommage, voici 5 portraits de ces femmes Hakka du comté de Hsin Chu:
De vraies beautés orientales! Ces feuilles ci-dessous furent récoltées mi-juin 2008. Avec un été si chaud, l'oxydation est plus forte que d'habidude. La qualité de certaines récoltes en a un peu souffert et m'a obligé de sélectionner des feuilles d'une gamme de prix supérieure pour retrouver le goût caractéristique et gourmand de l'authentique Beauté Orientale. Je l'ai testé de la manière habituelle (3 grammes pour 6 minutes). Il montre toute sa force, concentrée dans ses petites feuilles et ses fragrances fruitées, légèrement forestières et mielleuses qui le distinguent. Au niveau goût, il a un petit peu d'amertume, mais aussi beaucoup de moelleux et une petite pointe acidulée. Les couleurs dorées et transparentes de la liqueur parlent d'elles-même.
Les feuilles ouvertes sont petites et portent les morsures des petits insectes verts. La couleur orangée dénote bien d'une oxydation élevée. On y trouve de nombreux bourgeons. Cela explique l'exceptionnelle concentration de ce thé: on peut l'infuser un très grand nombre de fois.
Ce sont aussi des feuilles qu'il faut absolument toucher à la fin de votre dégustation. Leur solidité est impressionnante. Elles ont pratiquement la même consistance que lorsqu'elles furent récoltées. C'est aussi la marque de feuilles qui ont poussé naturellement, sans engrais et pesticides.
Pour plus d'informations sur ce thé, voir aussi mon article de l'an passé.
Absorbées par leur travail, elles ne m'avaient pas entendu m'approcher. Plus d'une fut surprise et rigola lorsque je m'écriai que j'avais enfin trouvé les 'Beautés Orientales'! Sans arrêter de ramasser les feuilles et de papoter entre elles, elles me demandaient d'où je venais. "De France, et j'y envoie les feuilles que vous avez récolté", leur dis-je. "Mes amis occidentaux adorent ce thé et vous remercient du fond de leur coeur de travailler sous un soleil si fort". "Nous sommes bien protégées, mais toi tu vas attraper une insolation sans chapeau", me répondit-on!
Comme vous le voyez dans cette courte vidéo, l'ambiance est au bavardages durant la récolte. Ma visite impromptue a probablement rempli les conversations le restant de cette après-midi! Pour leur rendre encore hommage, voici 5 portraits de ces femmes Hakka du comté de Hsin Chu:
De vraies beautés orientales! Ces feuilles ci-dessous furent récoltées mi-juin 2008. Avec un été si chaud, l'oxydation est plus forte que d'habidude. La qualité de certaines récoltes en a un peu souffert et m'a obligé de sélectionner des feuilles d'une gamme de prix supérieure pour retrouver le goût caractéristique et gourmand de l'authentique Beauté Orientale. Je l'ai testé de la manière habituelle (3 grammes pour 6 minutes). Il montre toute sa force, concentrée dans ses petites feuilles et ses fragrances fruitées, légèrement forestières et mielleuses qui le distinguent. Au niveau goût, il a un petit peu d'amertume, mais aussi beaucoup de moelleux et une petite pointe acidulée. Les couleurs dorées et transparentes de la liqueur parlent d'elles-même.
Les feuilles ouvertes sont petites et portent les morsures des petits insectes verts. La couleur orangée dénote bien d'une oxydation élevée. On y trouve de nombreux bourgeons. Cela explique l'exceptionnelle concentration de ce thé: on peut l'infuser un très grand nombre de fois.
Ce sont aussi des feuilles qu'il faut absolument toucher à la fin de votre dégustation. Leur solidité est impressionnante. Elles ont pratiquement la même consistance que lorsqu'elles furent récoltées. C'est aussi la marque de feuilles qui ont poussé naturellement, sans engrais et pesticides.
Pour plus d'informations sur ce thé, voir aussi mon article de l'an passé.
Monday, August 04, 2008
Chaoshan style tea
Yesterday's tea party at the Taipei Story House was about Chaoshan style tea (also known as Chaozhou gung fu tea). I couldn't attend the party, but could take pictures and notes from the rehearsal with Teaparker.
Above and below are the 2 Cha Xi setups that were used to show the spirit of Chaoshan tea. This brewing style is the closest inspiration of modern gongfu cha and dates from over 200 years ago.
The important accessories of Chaoshan tea are:
- small (cups, teapot, kettle),
- a (red) Nilu for the fire and a heat resistant clay kettle (Yu Su Wei),
- a ceramic tray for the cups and/of for the teapot,
- Tea: roasted Wuyi Oolong. (Nowadays, you could also use old Taiwan Oolong or heavily roasted Luanze Oolong or Tie Guan Yin.)
This rehearsal has inspired me to make my own Chaoshan style tea (all the other pictures).
What is the spirit of Chaoshan tea?
For instance, why are the tea cups so small? The logical explanation would be the size of the teapot. Why is the teapot small? Well, the water kettle is small! Why is the kettle small? Did you see the size of the tiny Nilu? It would take hours to heat a big kettle with such a small Nilu!!!
The small size of Chaoshan accessories is very important, so please forgive me if I insisted about it with my attempt at humour in the previous paragraph. People in Chaoshan had to pay small fortunes for their Wuyi Oolongs from Fujian. These Oolongs were strongly roasted so that they would retain their flavors during the long transportation to Chaoshan. So, with tea so precious and expensive, the solution to enjoy it often was to brew it in small quantities.
For this purpose, they would use small Yixing teapots (preferably made with high quality zhuni) or locally made teapots made of Shantou red clay. This clay is very porous and is also well suited for highly roasted teas. (See also Tea Escapade's article to differentiate between Yixing and Shantou teapots).
The small cups also show that tea was not drunk to quench thirst, but to appreciate its taste and smell. In Chinese, this tasting is written '品' (pin) with 3 mouths. That's why it was a tradition to use only 3 cups to drink Chaoshan tea, independently of the number of guests. One teapot would be just right for 3 cups.
Tea was one of life's top pleasures for people in Chaoshan. Everything about it could be enjoyed: the beautiful accessories, the color in the cup, the fragrance of the brew, the initial taste, the aftertaste, the fragrance in the empty cup...
The brewing technique of Chaoshan style tea is very attentive to details. That's why they preferred to cook the water in a small Nilu. Such water improves the tea and it's easier to control the heating, the freshness of the water in a small kettle.
Chaoshan style tea continues to teach us many lessons: the quest for top quality, the enjoyment of the beauty of the setup, the attention to details, making the most out of small tea quanities... No wonder even this Chinese Lion (puppet) loves roasted Oolong!
Above and below are the 2 Cha Xi setups that were used to show the spirit of Chaoshan tea. This brewing style is the closest inspiration of modern gongfu cha and dates from over 200 years ago.
The important accessories of Chaoshan tea are:
- small (cups, teapot, kettle),
- a (red) Nilu for the fire and a heat resistant clay kettle (Yu Su Wei),
- a ceramic tray for the cups and/of for the teapot,
- Tea: roasted Wuyi Oolong. (Nowadays, you could also use old Taiwan Oolong or heavily roasted Luanze Oolong or Tie Guan Yin.)
This rehearsal has inspired me to make my own Chaoshan style tea (all the other pictures).
What is the spirit of Chaoshan tea?
For instance, why are the tea cups so small? The logical explanation would be the size of the teapot. Why is the teapot small? Well, the water kettle is small! Why is the kettle small? Did you see the size of the tiny Nilu? It would take hours to heat a big kettle with such a small Nilu!!!
The small size of Chaoshan accessories is very important, so please forgive me if I insisted about it with my attempt at humour in the previous paragraph. People in Chaoshan had to pay small fortunes for their Wuyi Oolongs from Fujian. These Oolongs were strongly roasted so that they would retain their flavors during the long transportation to Chaoshan. So, with tea so precious and expensive, the solution to enjoy it often was to brew it in small quantities.
For this purpose, they would use small Yixing teapots (preferably made with high quality zhuni) or locally made teapots made of Shantou red clay. This clay is very porous and is also well suited for highly roasted teas. (See also Tea Escapade's article to differentiate between Yixing and Shantou teapots).
The small cups also show that tea was not drunk to quench thirst, but to appreciate its taste and smell. In Chinese, this tasting is written '品' (pin) with 3 mouths. That's why it was a tradition to use only 3 cups to drink Chaoshan tea, independently of the number of guests. One teapot would be just right for 3 cups.
Tea was one of life's top pleasures for people in Chaoshan. Everything about it could be enjoyed: the beautiful accessories, the color in the cup, the fragrance of the brew, the initial taste, the aftertaste, the fragrance in the empty cup...
The brewing technique of Chaoshan style tea is very attentive to details. That's why they preferred to cook the water in a small Nilu. Such water improves the tea and it's easier to control the heating, the freshness of the water in a small kettle.
Chaoshan style tea continues to teach us many lessons: the quest for top quality, the enjoyment of the beauty of the setup, the attention to details, making the most out of small tea quanities... No wonder even this Chinese Lion (puppet) loves roasted Oolong!
Friday, August 01, 2008
Dong Ding 'classique' du 30 avril 2008
Traditionnellement, ce thé est fait avec du Luanze (qingxin) Oolong dans les environs de Dong Ding, près de Lugu, dans le centre de Taiwan. Il a connu une telle popularité à la fin de années 1970/début des années 1980 que tout les fermiers de Formose ont fait leur version de Dong Ding Oolong. Son autre particularité de cette époque, est une torréfaction assez poussée, qui transforme la couleur vert/jaune du Oolong en orange/brun. Ce que le thé perd en fines fragrances florales, il le gagne en moelleux et en longueur de bouche.
Mon lot du 16 avril, de Dong Ding, est déjà épuisé. Si bien que j'ai du en sélectionner un autre, de Feng Huang (le village d'à côté), récolté à la main le 30 avril 2008.
La particularité de cette seconde récolte de printemps est une oxydation un peu plus poussée et une torréfaction (de 10 heures) plus légère que mes précédents Dong Ding 'classiques'. Voir les feuilles complètement ouvertes ci-dessous: elles ne comportent aucune trace de carbonisation, tout juste une couleur jaunie.
Le résultat est très réussi. La torréfaction est présente dans les premières infusions et donne un goût doux, sucré et léger au thé. Puis, pointe de nouveau sa fraicheur d'origine, des odeurs plus vertes et un caractère plus masculin, typique de son terroir. Il a une finesse qu'on trouve rarement à cette élévation.
Mon lot du 16 avril, de Dong Ding, est déjà épuisé. Si bien que j'ai du en sélectionner un autre, de Feng Huang (le village d'à côté), récolté à la main le 30 avril 2008.
La particularité de cette seconde récolte de printemps est une oxydation un peu plus poussée et une torréfaction (de 10 heures) plus légère que mes précédents Dong Ding 'classiques'. Voir les feuilles complètement ouvertes ci-dessous: elles ne comportent aucune trace de carbonisation, tout juste une couleur jaunie.
Le résultat est très réussi. La torréfaction est présente dans les premières infusions et donne un goût doux, sucré et léger au thé. Puis, pointe de nouveau sa fraicheur d'origine, des odeurs plus vertes et un caractère plus masculin, typique de son terroir. Il a une finesse qu'on trouve rarement à cette élévation.