3 raisons nous poussent à mettre certains thés de côté: l'amour, la nostalgie et la nécessité.
1. L'amour
On tombe un jour sur un thé fabuleux, un thé qui nous ensorcelle, un thé dont on tombe amoureux. Ne plus jamais en boire, cette pensée nous boulverse. Car dire adieu à un thé qu'on aime, c'est une partie de nous qui meurt. Pour s'éviter cette souffrance, on mettra un quantité de ce thé de côté. (Cela n'est pas toujours possible, malheureusement, car certains thés ne se prêtent pas à la conservation de long terme. Mais si le thé est excellent, il y a des chances qu'il puisse résister au temps.)
2. La nostalgie
Les vieux grands crus classés qui mettent plusieurs décennies à arriver à leur apogée. On les achète en primeur, avant leur embouteillage, presque avant leur naissance! Et on les voit grandir. Souvent, on les achète pour marquer un événement de notre vie: notre mariage, la naissance de ses enfants.
On veut les boire après 20, 30 ans et se dire: 'Oui, le temps qui est passé n'a pas été vain. Ce vin (cette relation/cet enfant) s'est bonifié. Il a perdu un peu de sa fougue, mais il a gagné en profondeur et s'est transformé en mieux tout en restant fidèle à soi.
On n'obtient pas un tel résultat avec un vin quelconque. C'est pareil pour le thé. On choisira un thé puissant, pur et bon au départ. En plus, il devra convenir à une conservation à long terme. En puerh, on a le puerh cru sauvage et en Oolong le Hung Shui Oolong, par exemple.
Ci-contre, à gauche, 2 feuilles d'un puerh cru en vrac de mi-1960. A droite, 2 feuilles du Hung Shui Oolong de San Hsia de 1990. Ce n'est pas tellement visible sur la photo, mais même le puerh aura tendance à voir ses feuilles redevenir vert.
C'est là où ces thés font encore plus fort que le vin. Non seulement ils s'arrondissent et se bonifient à la perfection, mais ils évoluent au fil des infusions. Ce n'est pas seulement de la nostalgie qu'ils nous donnent, mais une impression d'éternité avec ce retour à la jeunesse!!
3. La nécessité
Parfois, on achète des thés qui ont des défauts et ne sont pas très bons: un Oolong trop fortement torréfié, un puerh jeune et trop astringent... Plutôt que de les boire sans vrai plaisir, on attendra de voir si le temps ne peut pas les améliorer. Et il est bien possible qu'au bout de quelques années, certains thés deviennent buvables. Mais on sera loin du plaisir qu'on peut attendre d'un bon thé vieilli.
Alors, quel thé collectionner: du Puerh ou du Oolong?
La meilleure réponse est de collectionner le thé qu'on aime le plus. Qu'importe si vos amis ou tous les autres blogs disent A, et vous aimez B, mettez de B de côté.
Dans l'idéal, vous aimez autant plusieurs thés et cela vous permet de varier les plaisirs et les sensations.
Les bons vieux puerhs crus sauvages et les bons vieux Hung Shui Oolongs ne sont pas si différents que cela en terme de sensations de cha qi. Certes, l'origine sauvage du puerh apporte un plus en terme de force, mais de nos jours il est difficile d'en trouver des sauvages non mélangés à du puerh de plantation. L'avantage du Oolong, est la pureté des productions. La bonne qualité d'un Oolong semble aussi plus simple à juger. De plus, si le puerh a l'avantage de vieillir bien au contact de l'air, il préfère le climat asiatique (humide et chaud). Le Oolong, par contre, préfère le sec et le frais. Il convient donc bien au climat occidental. Il suffit alors d'une jarre en porcelaine remplie au maximum et fermée hérmétiquement avec de la cire.
Et pas besoin d'en mettre tant que cela de côté. Le vieux thé choisi et vieilli soi-même devient si bon que la moitié des feuilles suffisent habituellement!