Wednesday, November 24, 2021

Become a Tea Ambassador

 

Wenshan Rougui Baozhong, spring 2021

The purpose of a Tea Ambassador is to help spread the culture of Gongfu Cha in the Western world. Gongfu Cha is the skill of brewing high quality tea leaves without any sugar, lemon or milk! Only high quality leaves can make a tasty brew without these additives, provided they are prepared following some rules or advice. There's much to learn and experience, because the world of teas is almost infinite. It's fun and enables us to enjoy life and good company.

We are several online tea retailers who decided to launch this initiative together : Farmer Leaf, Nannuoshan, Crimson Lotus, Essence of Tea, Yiwu Mountain Tea and Tea-Masters.com 

So, what we hope is that the Tea Ambassadors help promote Gongfu Cha, by organizing tea events, tea gatherings with their family, friends, colleagues, neighbors... and that you post those on your social media with the hashtag #TeaAmbassador (and #TeaMastersBlog if you are using my tea or ware) to help generate more interest in GongFu Cha and quality tea. Maybe this can even help you find out if there are other Gongfu Cha enthusiasts close by?!

By using the hashtag #TeaAmbassador, you also make it possible for us vendors to see that you are indeed active promoting Gongfu Cha around you and this allows us to give you our support to spread the love of tea. 

This support can vary depending on your needs and your plans. A Tea Ambassador will get more access to the vendor(s). With our experience, we can be useful resources. And speaking of resources to learn about GongFu Cha, I think that you'll find a lot of help on my blog! I've been writing on all aspects of tea since 2004. Therefore, before asking a question, I recommend that you make a search on my blog on the front page at the top left corner. And if you prefer to learn about tea in video format, please check my YouTube channel where I post a new class weekly. My latest video, the fastest way to rinse tea, is one of the funniest I've done. (Tea doesn't have to be boring!)

These resources are available to everybody. What Tea Ambassadors get is the opportunity for longer exchanges with the vendor(s) and maybe even a video conference call. We may even make publicity for Tea Ambassadors and try to link you with other tea friends in your neighborhood (with mutual consent). 

And since Thanksgiving is approaching, I would like to thank you all for your support this year. It was a difficult year for online tea retail from Taiwan, because a lot of countries had closed their borders and didn't accept postal shipments from Taiwan. And also because shipping costs have gone up dramatically and I did my best to absorb these costs by continuing to provide FREE SHIPPING for orders above 100 USD (or 200 USD for EMS). 

This is a good reminder to be grateful for the fact that tea actually remains one of the most affordable luxury in this world of mass consumption. Tea is a great product on so many different levels: it affords good wages to people in Taiwan's countryside. It is healthy and lets you drink and drive. Dehydrated, it is light and easy to transport (compared to wine, for instance). It also soothes the mind, warms you in winter and cools you in summer. Tea can be a door to discover Chinese names, Asia's geography, the long history of tea through the dynasties, Chinese literature ('The Dream in the Red Chamber', for instance)...

But the best part of tea, for me, has been to meet wonderful people over the years. So, even though I didn't get to make any real life tea class, I've very much enjoyed interacting live with my students when I teaching tea live on FB. I'm not sure I'm getting much better at talking in front of a camera, but, at least, I feel more comfortable than when I started last year.

Note en français: puisque j'en suis aux remerciements traditionnels de Thanksgiving, je tenais aussi à remercier tous mes lecteurs et clients francophones. J'ai vraiment de la chance que, si certains loisirs attirent des gens de peu d'intérêt, le thé, lui, me met en contact avec des personnes très sympas, patientes pour les délais de la poste (qui arrivent parfois) et très talentueuses. 

Cette année, j'ai notamment eu la chance de faire connaissance virtuelle avec Olivier Delasalle. Il est l'auteur de plusieurs livres: 'Le philosophe errant', 'Dans les rues de Tokyo', 'Dans les rues de Brooklyn', 'Marrane', 'L'odyssée du microscopique'... Lui aussi est un Français expatrié et cela lui permet d'avoir une vision décallée et originale de la société dans son blog. Merci à lui et à vous tous!

Wenshan Rougui Baozhong, printemps 2021

Thursday, November 11, 2021

Le luxe et le lointain

De tous temps, les produits lointains géographiquement ou dans le temps (les antiquités) sont rares et donc souvent des produits chers et luxueux. Ainsi, dans le roman 'Le rêve du Pavillon rouge', l'auteur, Cao Xueqin, montre qu'au XVIII ème siècle, dans la riche famille des Jia, certains produits de grande valeur étaient importés. Et il donne pour exemple une cape que l'Aïeule offre à son petit-fils, frérot Jade (Chapitre 52): "Ce tissu s'appelle drap de plumes de paon et d'or, lui dit l'Aïeule. C'est en Russie qu'on le fabrique avec du filé fait de plumes de paon." C'est "une cape éblouissante, où scintillaient à la fois l'éclat de l'or et les feux de l'émeraude".
Cette cape montre qu'il existait un commerce entre la Chine et la Russie depuis fort longtemps. Et contrairement à l'Europe occidentale, ce commerce prenait une voie terrestre. C'est pourquoi le thé chinois s'est diffusé sous le nom de chai en Russie, en reprenant la phonétique de la Chine du Nord (cha), alors que qu'en Europe, on connait sa phonétique du Fujian, la région côtière du sud de la Chine d'où partaient les navires marchands pour Londres, La Rochelle ou Amsterdam... 
Comme je l'ai expliqué dans ma classe sur YouTube cette semaine, dans 'Le rêve du pavillon rouge', Wang Phénix Triompal (Wang Xifeng) se targue de servir un thé de Thailande au prétexte que ce serait un thé offert à l'empereur. Des centaines de thés servis au cours du roman, ce thé est l'un des rares à être mentionné avec précision par l'auteur. Il y a deux raisons à cela. D'abord, comme je l'ai expliqué dans ma vidéo, il y a le fait que ce soit un thé offert à l'empereur. Or, c'est une invention. Aucun thé de Thailande n'a été offert aux empereurs Qing selon les registres officiels de l'époque. Mais pour madame Wang, ce détail est important, car cela lui permet de dire à ses invités qu'elle a tant de bonnes connections qu'elle est capable d'obtenir le même thé qui est servi à l'empereur. Ce détail nous montre aussi la personalité de Wang Phénix Triomphal. Certes, elle a beaucoup de sens pratique pour bien gérer les affaires de la famille, mais elle n'a pas pu suivre de longues études classiques. Elle manque de raffinement poétique et de goût du beau. C'est pourquoi elle n'aime pas tant le thé pour ce qu'il est, les sensations qu'il procure, mais pour sa renommée, le fait que ce soit un cadeau impérial et qu'il vienne de loin.    
On peut y voir une critique des influenceurs en tous genre et de la publicité en particulier. Dans le roman, il y a 3 personnages qui ont un goût très sûr et il est intéressant de voir ce qui les caractérise pour qu'ils arrivent à échapper aux influences extérieures dans leur choix de leur thé. D'abord, il y a l'Aïeulle. Au chapitre 41, elle ne veut pas boire de thé de Lu An, mais veut bien boire du Lao Jun Mei. Si elle sait exactement ce qu'elle veut, c'est car elle a environ 80 ans et, forte de sa longue expérience, elle sait quel type de thé lui convient le mieux après un repas gras. 

Jade Mystique, une abbesse de bonne famille et la Soeurette Lin sont deux autres personnages qui ont un goût très sûr quand il s'agit de boire du thé. Jade Mystique savait même quel thé l'Aïeulle voudrait déguster et amena des coupes de porcelaine très rares et précieuses pour l'occasion. Jade Mystique et la soeurette Lin sont deux jeunes filles très sensibles et qui ont toutes les deux reçues une très bonne éducation classique. La première a choisi la voie monacale afin de pouvoir vivre dignement, chastement sans se compromettre moralement ou physiquement auprès d'un mari. Elle est en quête de pureté, d'absolu et pour cela elle ne compte que sur la méditation et ses études pour trouver la juste voie. 
Quant à Soeurette Lin, au chapitre 82, elle fait préparer du Longjing à son cousin et lui dit que c'est du vrai (car déjà à l'époque ce célèbre thé était souvent contrefait!) La soeurette Lin est la fille la plus douée pour la poésie dans tout le gynécée. Orpheline, elle a trouvé refuge chez l'Aïeulle, sa grand-mère maternelle. On la sent toujours sur ses gardes. Elle se méfie de tout le monde et n'a donc pas beaucoup d'amies. Très sensible, elle interprète chaque fait, geste et parole de son entourage et se demande si on lui veut du mal. Elle mourra prématurément car elle sent que la famille s'oppose à l'accomplissement de son amour. 
De ces 2 jeunes personnes différentes de Grande soeur Phénix, on voit ce qui permet de résister aux influences extérieures:
1. une bonne éducation qui vous aura montré ce qu'est le beau et le vrai.
2. un esprit à la fois sensible et indépendant.

C'est ainsi que le luxe venu de loin devient familier quand on comprend ce qui fait son raffinement, sa qualité. Jade Mystique apprécie ses accessoires antiques pour leur beauté, la culture qu'ils transmettent et le plaisir qu'elle trouve à les utiliser. Pour soeurette Lin, le Longjing très pur est le breuvage le plus en harmonie avec son âme poète. Dans ces conditions de compréhension, il n'est plus question de se laisser influencer par d'autres personnes, fussent-elles célèbres ou puissantes. Tels sont les buts de toute éducation: apprendre à raisonner et apprécier en toute indépendance et connaitre intimement les choses proches et lointaines!
Le vrai luxe, ce n'est pas juste la possession matérielle de l'objet rare lointain, mais sa compréhension et sa maitrise intime. Pour le thé, ce n'est pas de posséder des thés issus de boutiques chics, vendues par de gracieuses demoiselles. Le vrai luxe c'est quand la possession du thé se double d'une connaissance intime de la culture, la récolte, la transformation des feuilles et comment les préparer. C'est la démarche que je suis et que j'applique à ma boutique en ligne tea-masters

Friday, November 05, 2021

Tea in the Dream of the red Chamber


Spring 2018 roasted Wenshan Baozhong
My tea master, Teaparker, has a new tea book. This one deals with tea in the classic 'Dream of the red Chamber' by Cao Xueqin. It aims at clarifying what the author really meant when he wrote about tea and tea ware in this book, because most scholars got the explanations wrong (which is understandable, because they are experts for literature, not for tea). 

I will discuss about the novel and some of the clarifications in this week's tea class. I'm almost through reading the novel and, while long, it gives a very realistic glimpse of Chinese life in a wealthy Chinese family some 300 years ago. 
The story is well written, because the author's family used to be extremely rich and well connected to emperor Kangxi. And it fell in disgrace when Yongzhen came to power. The end of the novel reads like the end of a Godfather movie. The characters that lived and prospered for so many page die or are banned one after another! The downfall of this family shows that good fortune doesn't last and that it's important to cherish the good times while they last...
To celebrate Teaparker's book on the right, I have made a Chaxi with the original novel in Chinese on the left and the French translation in the middle. My tea is this roasted Wenshan Baozhong. Since the novel is a dream where half of it is invented and half of it is autobiographical, the idea behind the roasted Wenshan Baozhong was to brew something that is not entirely accurate (Wenshan Baozhong is just 160 years old and not 300), but its process is very similar to that of WuYi Yan Cha (and the author mentions the grandmother Jia drinking a Yan Cha).  
Another reason for choosing a roasted Baozhong is the aftertaste. This sweet lingering on the palate feels like the novel: something refined, pleasurable and that gives a lasting impression. Like all great books, the story doesn't really leave you unharmed. You feel the pleasures and pains of the characters. You understand their distress, the complexity of social life in a large family, the importance of rituals... And every 5 pages they drink tea!  
And finally, roasted Baozhong or Oolong is the kind of tea where time is frozen. It's asleep as long as the leaves are untouched, but once you turn/boil them they become alive and taste just as good and lively as when they were made (unlike fresh greens that loose their freshness)!
 

Addendum November 8th: Here is this week's video of the tea class about this book:

Wednesday, November 03, 2021

La sublime poudre verte

Depuis la dynastie Ming (1368-1644), le thé se consomme en feuilles entières. Quand les feuilles sont brisées, elles perdent en valeur car le produit semble endommagé. Avec des thés frais, c'est d'ailleurs le cas, car le thé haché (pour être produit rapidement et en grande quantité) va être plus astringent. Pour de vieux thés, comme ce puerh, le goût ne change pas tant que cela. Ce qui change, c'est la vitesse à laquelle les arômes infusent l'eau bouillante. Avec des feuilles entières, cela prend plus de temps et plusieurs infusions. Avec des bris de feuilles, cela va bien plus vite, et c'est pourquoi le sachet de bris de feuilles s'est imposé dans le monde moderne.
Avec la poudre de thé matcha de la dynastie Sung (960-1279), on avait un thé hper moderne, puisqu'il permettait d'être préparé de manière quasi instantanée, un peu comme un café lyophilisé. Mieux que cela! C'était un cappuccino avant l'heure avec sa mousse onctueuse et épaisse obtenue en fouettant le breuvage à l'aide d'un fouet en bambou. 
Ce thé chinois a bien failli disparaitre sous les Ming s'il n'avait pas été apprécié par ses voisins de l'archipel japonais. On doit notamment à Sen Rikyu (1522-1591) d'avoir japonisé et codifié la technique du matcha. Cela a permis de préserver ce thé innovant jusqu'à de nos jours. C'est donc vers le Japon que je me tourne pour trouver cette précieuse poudre verte. Face à la pléthore de boutiques et de vendeurs, je fais confiance à la passion et au travail d'un Français sur place depuis 2005 et fondateur de thés du Japon ! Ayant des activité parallèles (lui aussi a un blog), nous échangeons régulièrement des thés ensemble depuis plus de 10 ans. J'apprécie beaucoup d'avoir ses conseils et son service.
Durant cette session, j'ai comparé le Uji-Hikari de 2021, vif et énergique, avec le matcha fait avec du cultivar Asahi de 2020, plus fin et doux. Malgré le caractère froid du thé vert, ces matchas préparés avec le style Song apportent de la chaleur rien que par l'effort physique qu'il faut fournir pour fouetter le thé! C'est donc un bon choix pour se réveiller un matin frais d'automne! Comme tout est bu d'un coup, sans seconde infusion, peu de poudre est nécessaire. 

Les Song sont les maitres de la finesse, de la sobriété et de l'apparence de simplicité. Près d'un millénaire nous sépare d'eux! Quelle mise en abîme que d'utiliser un bol (zhan) de JianYang, un fouet en bambou, le matcha dans sa jarre en céladon et un Chatuo en bois. Ces accessoires (dont un est d'époque) font revivre l'empereur Song HuiZhong, auteur d'un traité sur le thé en 1107! Avec ce matcha préparé à la manière des Song, je touche au sublime...