Friday, October 11, 2024

Dong Ding Concubine Oolong

This Concubine Oolong comes from a plantation on a hill just 200 meters away from the Qilin pond.. This is a new kind of Concubine Oolong in my selection. It comes from the Yong Lung farmer who makes this charcoal roasted Oolong. The plantation is located on the other side of the hill below. You can see the plantation in the last picture of this article and in the product description. What I like is the presence of weed and the very uneven look of the tea trees. That's how they look when they are harvested by hand and managed with a soft, rather natural approach.
The presence of the pond next to the plantation is also an advantage. The water cools down its surroundings. We can feel the cooling breeze in this covered resting place next to pond. Even at the end of September, it's too hot to stay in the sun. That's why I set up my blue dragon Chaxi in the shade. First, we had the charcoal Hong Shui Oolong from Yong Lung, the village north east of this spot..

I use an ivory white porcelain set, because it's a better fit for these two Oolongs. The porcelain gaiwan is the universal brewing vessel, because it's neutral to the aromas.
Let's go back to this Concubine Oolong from Dong Ding. It reminds me of the first time I introduced Guei Fei, Concubine Oolong on my blog. As you may see from the leaves and the brew, the oxidation was quite light (compared to Oriental Beauty). The harvest of the leaves was June 5th 2024, still early in the summer season. So, the temperatures aren't very high, yet, and this explains the relatively light oxidation level. Of course, the oxidation level also depends on what the tea producer aims to produce. Since Concubine Oolong is still loosely defined, the oxidation level can still vary from one producer to another. The same goes for the roasting level. By the way, the first time I tasted this tea, the farmer had only dried it. It tasted too raw, kind of astringent and I suggested that he should roast it. He agreed with me and the next time I visited him, I liked it so much that I've added it to my selection!
So, it's much lighter than the OB and the other Concubine Oolongs in my boutique, but it shines with its fresh bouquet and light aromas of honey and summer fruits. The taste is very alive, but has this Dong Ding thick fruity taste that lingers nicely in the throat. The ensuing salivation is first slightly bitter then sweet. 
Enjoying this tea in its home terroir, just after the charcoal Hung Shui. These two teas both reflect the character and aromas floating in Dong Ding, but each shows a facet of the evolution of Dong Ding in spring. The later aromas are fruitier. But both have this deep, powerful taste from Dong Ding, which is very different than the light, energetic freshness of high mountain Oolongs. Apparently, this kind of taste is a taste for old guys. Hey! I still feel very young at 53! Especially when I drink a delicious Oolong tea outdoors!
Below, you can see the plantation where this Concubine Oolong comes from. It's the plantation located above the banana trees, not the one below. It's a very small, family managed tea garden and the nice thing is that it's surrounded by trees on each side.

Thursday, October 10, 2024

Les boissons dans 'La conquête de Plassans', Emile Zola


Dans ce quatrième livre de la saga des Rougon-Macquart, Emile Zola revient à Plassans pour continuer l'histoire avec les personnages du premier roman quelques années plus tard. La famille est devenue riche, mais elle cherche à assoir encore plus son pouvoir politique et un nouveau curé arrive en ville pour aider cette conquête. La différence avec le premier ouvrage est donc le milieu social, bien plus aisé, d'une ville de Provence durant le Second Empire. La différence essentielle avec les deux précédents romans est que nous quittons Paris pour revenir à Plassans. Nous allons voir quels sont les boissons mentionnées dans ce roman et leur signification sociale et historique. Dans ce roman, le mot 'thé' est mentionné 7 fois et j'étudierai ces mentions plus en détail.

Dans ce livre, nous avons 77 mentions de 20 boissons. Commençons par le calcul du nombre de mentions de chacune de ces boissons par ordre décroissant:

1. Le vin: 31 mentions

2. Le café et le thé ont 7 mentions chacun

4. Le sirop a 6 mentions,

5. Le punch et le grog ont 5 mentions chacun,

7. L'eau a 3 mentions,

8. La liqueur, la bière et l'eau-de-vie ont 2 mentions.

11. Ces autres boissons ont une mention: la limonade, le malaga, le madère, le Bordeaux, le cognac, la tasse de tilleul et le soleil!

En effet, dans le sud de la France, le soleil n'est pas seulement ce qui vous donne soif, mais c'est aussi une boisson. Voyez au chapitre 5 (page 859): 

"Peu à peu, il s'était nippé ; il avait même fini par faire l'emplette d'une carriole et d'un cheval, si bien qu'on ne rencontrait plus que lui sur les routes, fumant sa pipe, buvant le soleil, ricanant d'un air de loup rangé."

François Mouret est le mari de Marthe, le personnage principal du roman. Cet ancien négociant qui, "en quinze ans, a su gagner une fortune dans le commerce des vins, des huiles et des amandes." (chapitre 3, page 844)

Au chapitre 5, page 860, nous assistons à une dégustation de vin de l'oncle Macquart

""Vous boirez bien un coup?

- Mais ça n'est pas de refus."

Et, quand Rose lui eut apporté un verre de vin, il s'assit sur la rampe de la terrasse. Il but le verre avec lenteur, faisant claquer sa langue, regardant le vin au jour.

"Ça vient du quartier de Saint-Eutrope, ce vin-là, murmura-t-il. Ce n'est pas moi qu'on tromperait. Je connais drôlement le pays""

Un peu plus loin, page 861, Macquart dit:

"Vous goûterez d'un petit vin que j'ai trouvé sur un coteau de la Seille ; un petit vin qui vous grise, vous verrez!"

Commentaire: Macquart était souvent saoûl dans le premier roman. Dans ces deux passages, il continue à boire et à se griser, mais il semble être devenu plus maitre de soi et plus attentif aux arômes du vin qu'à l'alcool. C'est un progrès.

Chapitre 7, page 880. A propos de Mouret:

"Il avait sorti une bouteille de vin cuit et fait acheter une assiette de petits gateaux."

Commentaires: Les vins cuits sont des vins dont on a chauffé le moût (les raisins écrasés dans son jus) afin de concentrer sucre et arômes. C'est un vin d'apéritif originaire de Provence. Il se marie donc bien avec des petits gateaux.

Au chapitre 21, pages 1056 et 1059, chez Macquart, on boit du vin chaud:

"- Vous seriez bien gentille alors de nous préparer un pot de vin chaud, lui glissa l'oncle à l'oreille ; le vin et le sucre sont lâ, dans l'armoire.

(...)

- Maintenant qu'elle est dans le dodo, nous allons boire un coup, reprit l'oncle avec son ricanement de loup rangé. Il sent diablement bon, votre vin chaud, la mère!

- J'ai trouvé un citron sur la cheminée. Je l'ai pris, dit Rose.

- Et vous avez bien fait."

Commentaire: La Provence est bien plus un pays de vin que de bière comme on le voit dans le nombre de mentions (31 contre 2). Le vin a assez de caractère pour être dégusté avec lenteur et identifié, mais il est suffisamment commun pour aussi être consommé chaud, avec du sucre et du citron,en hiver. L'alternative au vin chaud est le grog, une boisson chaude et sucrée, mais Zola ne nous donne pas sa composition exacte. 

Passons à notre breuvage favori, le thé avec une première mention complètement inattendue à la page 963 (chapitre 15):

"Elle racontait vingt autres détails : les points qu'elle faisait elle-même à ses bottines avec du fil poissé ; les rubans qu'elle lavait dans du thé, pour rafraîchir ses chapeaux."

Commentaire: Dans cette première apparition du thé, il ne sert pas de boisson, mais de couleur naturelle pour entretenir les rubans des chapeaux!

Chapitre 18, page 1014:

"Elles ne se rassurèrent que dans le petit salon éclairé, où M. Péqueur des Saulaies voulut absolument que la société acceptât une tasse de thé et des biscuits. (...) 

 M. Péqueur des Saulaies comprit que son ami le conservateur des Eaux et Forêts allait un peu loin. Il murmura, en buvant une gorgée de thé:"

Commentaire: La haute société de Plassans vient d'observer les étranges déambulations de Mouret, la nuit, dans son jardin. Malgré l'heure tardive, le M. de Saulaies offre du thé et des biscuits à ses invités. On peut en déduire qu'il s'agit de thé rouge, car il s'accorde bien avec le sucré et représentait l'essentiel des exportations de WuYi à cette époque (voyez cette vidéo).

Chapitre 19, page 1033

"Le soir, la société de M. Rastoil se réunit à la société de M. Péqueur des Saulaies, pour se réjouir discrètement dans un petit salon de la sous-préfecture, donnant sur des jardins. On prit le thé. Le grand triomphe de la journée achevait de fondre les deux groupes en un seul."

Commentaire: L'union politique de ces deux groupes de personnes influentes est scellée avec du thé! La haute société de Plassans déguste du thé même le soir et montre ainsi son raffinement et son penchant à la sobriété, peut-être pour se distinguer de la plèbe qui boit du vin ou de l'anisette.

Chapitre 20, page 1035

""Rose a du faire du thé."

Mais le prêtre, appelant la cuisinière, la gronda de ne pas avoir forcé sa maîtresse à se coucher. Il lui parlait sur un ton de commandement, ne souffrant pas de réplique.

"Rose, donnez le thé à monsieur le curé, dit Marthe.

- Eh! Je n'ai pas besoin de thé! s'écria-t-il en se fâchant."

Commentaire: L'abbé Faujas manigance et ruse tout au long du roman, mais dans cette séquence, il perd les nerfs. Il aurait mieux fait d'accepter ce thé pour se détendre. De plus, notons que ce thé n'apparait dans la maison de Marthe qu'au vingtième chapitre. Il a fallu attendre la folie de Mouret, son mari, avare, pour qu'elle puisse prendre possession des cordons de la bourse et acheter des choses luxueuses comme du thé.

Conclusion: Chers lecteurs qui aimez le thé, vous avez la chance de pouvoir commander de les thés que je sélectionne pour mon plaisir sur la boutique tea-masters en direct de Taiwan, au meilleur rapport qualité/prix. Le thé est le meilleur remède contre la morosité du quotidien. 

Monday, October 07, 2024

Banzhang, the king of puerh, has finally arrived!

2008 spring Gushu puerh from Banzhang
Banzhang is a fairly new tea region in Yunnan. All the famous tea mountains from the "hao" era are located in the vicinity of Yiwu. The puerh craze in the early 2000s  led to exploration of other regions in Yunnan province. The fame of Banzhang shot up quickly thanks to the slogan: Yiwu is the empress and Banzhang is the king! But the fame also came with 2 problems: high prices and lots, lots of fakes.

This explains why, for 20 years, I haven't selected any Banzhang puerh. And the fakes are also the reason why I took the wrapper and neifei away from this cake, because there are many fake versions of it available and some might get fooled by it. In a world of fakes, only the most knowledgeable and experienced puerh drinkers can spot a fake. If one has had lots of fakes, believing they were genuine, than he will have difficulty to tell what is genuine from what's not.
In this session, I brewed a few leaves in my gold plated silver teapot in order to subject the leaves to the most intense heat. This is a great way to test puerh. Most will turn excessively bitter and undrinkable. This one still tasted pure and mellow with intense dark flowery fragrances. 

And after a while, the rise of the Chaqi. The energy of this tea is simply amazing!
I know, I didn't solve the first problem, the price. On the other hand, not only is it from Banzhang, but it's already 16 years old, nicely mid-aged. And it's so powerful that each time I'm brewing it, I stop drinking before the leaves are exhausted (which means I can continue later on.)
It took 20 years, but the wait is over, the king of puerh, which is the king of tea, has finally arrived! Long live the king!

Thursday, October 03, 2024

L'exposition dédiée au Rêve dans le Pavillon Rouge au NPM - 2

Cette exposition consacrée au roman de Cao Xue Qin nous montre aussi de très belles assiettes en porcelaine. En effet, dans cette riche famille, les fruits et les petits mets sont toujours placés sur d'élégantes assiettes.

Assiette avec décoration de lotus. Four Ding. (Song du Nord ou dynastie Jin, 11-13e siècle)

 Ou bien celle-ci:

Assiette avec incision d'hibiscus. Four Ding. (Song du Nord ou dynastie Jin, 11-13e siècle)

Ces 2 assiettes de couleur blanc ivoire proviennent des fours de Dingzhou dans la province du Hebei. Ils démontrent une grande finesse et une porcelaine très pure, même s'il restent quelques points sombres d'imperfection. La décoration est presque invisible de loin. Elle demande à ce qu'on s'approche et qu'on observe le plat avec attention. C'est le style des Song, tout en retenue, qui contraste tant avec celui des Qing où les décorations polychromes seront de plus en plus tape-à-l'oeil. Ce genre d'assiette montre donc le raffinement des personnages du roman qui les possèdent.

Mais le sommet de l'élégance et le clou de l'exposition sont les porcelaines Ru:

Assiette en porcelaine de Ruzhou, province du Henan. Song du Nord (1086-1106) 

Ci-dessous, on peut voir que ce type de porcelaine était souvent craquelé au niveau de l'émaille et donc les productions qui l'étaient le moins étaient particulièrment appréciées.
Assiette en porcelaine de Ruzhou, province du Henan. Song du Nord (1086-1106) 

La courte durée de production de ce type de porcelaine (20 ans seulement) explique leur rareté et leur valeur. Les poètes ont vu dans la couleur de cette porcelaine, la couleur du ciel après la pluie. La prochaine photo capture un peu des reflets roses qui irisent le céladon et lui donnent un charme qui n'a pas fini de fasciner les amateurs de porcelaine.
Assiette en porcelaine de Ruzhou, province du Henan. Song du Nord (1086-1106) 

Les caractères Feng Hua sous la dernière assiette désigne le nom du palais d'une concubine de l'empereur dans lequel cette assiette se trouvait. Cette assiette a donc bien sa place dans l'exposition, car une des filles de la famille a eu l'honneur de devenir concubine impériale. De plus, le livre mentionne qu'une main de Bouddha (le fruit) était posée sur une assiette Ru! Imaginez la beauté du contraste des couleurs avec cette peinture de ce fruit:
Peint par Jiang Tingxi, 1715

Wednesday, September 25, 2024

The best Oolong from the summer season


Oriental Beauty Tradition, summer 2024
 The diversity and complexity of Oolong tea never ceases to amaze. While green tea is all about capturing and celebrating the freshness of spring in each Chinese tea region, Oolong is able to catch the aromas of all 4 seasons! And Oolong does much more than that. In the high mountains, Oolong tea is able to retain the immense power of those misty peaks where the plantations are located. In Wu Yi and Dong Ding, Oolong tea gains a new dimension with the intervention of tea masters who roast the leaves over glowing charcoal. In Hsin Chu county, the tea receives its most unlikely and almost magic transformation from the bite of a tiny green insect, the jacobiasca formosana Paoli! Their bites create a defensive reaction from the leaf. It activates a chemical process in the leaf that produces scents of honey and perfume. This is one of those rare occasions where an insect is actually welcome in the production of tea. That's why farmers are carefully managing their fields and don't spray pesticides that may prevent these little jassids from coming and biting their leaves.  


Imperial Oriental Beauty, summer 2024
Oriental Beauty is not just the right mix of soil, weather and human skill like all other teas. Its quality also depends on this little green insect and that makes it already very special. But that's not all! There's a trend in the market for lighter, fresher and more fragrant Oolongs. This makes sense for high mountain Oolongs, but, in my opinion, it doesn't make sense for Oriental Beauty. Why not also add the 'magical' transformation of roasting to Oriental Beauty? Nowadays, a large segment of the market prefers to leave its OBs unroasted. The advantage is less work for the farmer, a lower cost/price and leaves that smell brighter when the tea is young. The catch? Such tea won't improve with time. Instead, it will turn sour and its fragrance will slowly disappear.
On the other hand, with a traditionally roasted Oriental Beauty, you can taste how the 2023 version is thicker, sweeter, more fragrant than the 2024 harvest. The same is even more true when one tastes the 2020 imperial OB versus the 2024 imperial Oriental Beauty when four years of aging in a porcelain jar are what separate these two teas. It's like aging fine wine. But with tea, one year is sufficient to notice a difference and the tea is already very enjoyable in its first year..
2024 imperial Oriental Beauty
Don't be fooled by furry Oriental Beauty leaves! They are very much alive and changing despite their dry and stable appearance. Underneath it's liquid gold waiting to appear! And if you're looking for a light and everyday insect-bitten Oolong, I can also recommend my Dong Ding Concubine Oolong from June 5th, 2024!

Thursday, September 19, 2024

L'exposition dédiée au Rêve dans le Pavillon Rouge au NPM

J'ai visité cette exposition du Musée du Palais National de ShiLin (Taipei). Elle est visible jusqu'au 17 mai 2026 et je vous la recommande si vous venez à Taiwan. Son thème est original, car il s'agit du roman de Cao XueQin 'Le Rêve dans le Pavillon Rouge'. C'est un des quatre plus grands romans chinois et je vous en avais déjà parlé il y a 3 ans

Ce livre nous intéresse en tant qu'amateurs de thé, car son histoire se passe dans une riche famille proche de l'empereur et le thé y est mentionné plus de 300 fois! On en boit comme, ailleurs, on boit de l'eau. On s'en sert même pour se rincer la bouche après avoir brossé les dents! Et le thé est souvent infusé et dégusté dans des accessoires d'un grand raffinement et entouré d'objets d'art comme ce vase Meiping de la dynastie Song du Nord (XI ou XIIe siècle) issu des fourneaux de Ding. Pour l'auteur, ce vase élancé avec une bouche étroite est le plus apte à recevoir une branche de prunier et ses délicates fleurs rouges:

Or, le musée du palais national est l'endroit idéal pour cette exposition, car ce musée conserve les trésors des empereurs de Chine. Le parti nationaliste KMT fit évacuer une grande partie de ce qui restait dans la Cité Interdite à Pékin afin que ces œuvres d'art ne tombent pas dans les mains des Japonais d'abord, puis des communistes. C'est pourquoi cette immense collection se trouve à Taiwan. Or, Cao Yin, le grand-père de l'auteur, était le frère de lait de l'empereur Kangxi! (Ils eurent la même nourrice). Cao Yin ne s'occupait pas que des vêtements en soie de la famille impériale, il était aussi un peu l'espion de Kangxi. Cao Xueqin fut très proche de son grand-père et il l'entendit parler de la vie à la cour. Quand il nous parle de ces belles porcelaines, il en a une très bonne connaissance et celles que nous voyons dans ce musée sont celles que Cao Yin a pu voir. Ce ne sont pas forcément exactement les mêmes, car seule une partie de la collection fut transportée à Taiwan, et seule une partie des objets est exposée au public.

Théière d'Yixing en forme de bégonia et décorée de fleurs. Règne de Kangxi (1662-1722)

Ce qui est intéressant avec cette théière Yixing est qu'il n'y avait pas de four impérial à Yixing. Au lieu de cela, les représentants de l'empereur étaient à l'affut des meilleures pièces faites par des artisans privés. Et c'est aux portes du palais de la cité interdite que des artistes peintres triés sur le volet ajoutaient cette décoration au moyen d'émaux colorés afin de rendre plus précieuses et uniques ces théières.

On voit une décoration similaire sur ce gaiwan en terre d'Yixing. La différence est une couche transparente par-dessus la décoration. Cela le rend plus brillant.
Gaiwan d'Yixing décoré avec des fleurs des 4 saisons. Kangxi, 1662-1722

Au chapitre 41, le plus riche en mentions de thé et de porcelaines, Cao Xueqin commet une rare erreur en mentionnant un gaiwan aux 5 couleurs de l'ère Chenghua (dynastie). En effet, ce gaiwan n'existe pas. A l'ère Chenghua, il y a bien des coupes en porcelaine aux 5 couleurs, mais aucune n'a la forme de zhong (c'est à dire de gaiwan). A cette époque, la coupe la plus célèbre était celle aux poulets:
Coupe aux 5 couleurs de l'ère Chenghua

Pour Teaparker, une explication possible pour cette erreur est que le sceau ci-dessus (copié à partir d'une calligraphie de l'empereur) était devenu une référence de qualité. Cela a incité de nombreux céramistes chinois à copier ce sceau durant la dynastie Qing (et moderne), en hommage au passé. Dans les débuts de la dynastie Qing, cet hommage au passé Ming aurait, peut-être, même eu une portée politique, une manière de manifester son mécontentement face au changement de dynastie. Il se peut donc que l'auteur ait vu un gaiwan aux 5 couleurs fait durant la période Qing, mais signé de la dynastie Qing.
Gaiwan au cobalt bleu, décoré d'or. Règne de Qianlong 1736-1795

L'erreur de Cao Xueqin est aussi évidente si l'on considère que les gaiwans doivent leur popularité à cette dynastie Mandchoue, venue du nord de la Chine, une région froide où mettre un couvercle sur le bol de thé permettait de le garder chaud plus longtemps. 

Dans le même paragraphe, l'auteur nous dit que le gaiwan fut placé sur un plateau laqué de forme "Hai Tang Hua". 

Le texte exact de la traduction de la Pléiade nous dit: "Le frérot Jade, qui observait attentivement ses comportements, remarqua qu'elle portait sur les paumes de ses mains une petite assiette en forme de fleur de pommier à bousquets, faite de laque sculptée, et dont les incrustations de filé d'or figuraient le dragon issu des nuages, pour offrir le gage de longévité. Sur l'assiette reposait un menu bol à thé de porcelaine pentachrome à couvercle, datant de l'ère des Parfaits Accomplissements de la dynastie des Ming."

Voici la forme d'une telle assiette laquée:
Assiette laquée aux motifs de longévité et de printemps. Règne de Qianlong 1736-1795

Vous verrez un autre exemple dans l'exposition avec ce plateau en agate sur lequel se trouve une coupe en agate avec deux anses en forme de dragons:

Assiette et coupe en agate. Règne de Qianlong 1736-1795

J'espère que cette forme vous est familière. Elle est souvent utilisée pour les Cha tuo, les soucoupes en métal des coupes de thé du gongfu cha.

La coupe en agate est également une référence au texte, car les amateurs de thé de la maison Jia aimaient déguster le thé dans des matériaux divers, nobles et chers de préférence. D'ailleurs, le héros de notre histoire s'appelle le frérot Jade, Jia Bao Yu,.aussi appelé Jade magique. En chinois, la signification de son nom est encore plus riche, car le nom 'Jia' peut aussi vouloir dire 'faux'. En effet, le frérot jade est censé être né avec une pierre de jade dans la bouche, une pierre qui lui portait bonheur tant qu'il la gardait auprès lui...

Jade, dynastie Qing 1644-1911

La photographie permet un peu de montrer l'attrait des lettrés chinois pour le jade: une peau un peu translucide, une couleur agréable, des nervures qui permettent à l'esprit d'imaginer des choses cachées...

Ci-dessous, l'exposition nous montre un autre jade en forme de 'main de Bouddha', le fruit de la famille des citrons qui fait référence à cette main divine qui agence nos destinées... C'est également le nom d'une sorte de thé!

Dans une autre salle du musée, je suis tombé sur cette peinture et calligraphie d'un arbre à mains de Bouddha dont le poème est l'œuvre de l'empereur Kangxi (1715). D'après le texte, cet arbre fut un cadeau des habitants de la province du Fujian et replanté dans les jardins du palais impérial. 

Dans ce chapitre 41, il est aussi question de coupes de thé de tailles différentes qu'on pouvait faire tenir ensemble à la manière des babouchkas russes! L'exposition nous montre ce set en porcelaine Qinghua:
Set de coupes qinghua au sceau de Chenghua, mais réalisé durant l'ère Kangxi, dynastie Qing.

Ce set polychrome fut produit sous Yongzheng (1723-1735). Pouvoir empiler les coupes les unes dans les autres est une prouesse technique qui démontre le savoir-faire du céramiste. Cela a l'avantage de prendre moins de place, mais cela permet surtout de s'amuser et de donner des coupes de tailles différentes à ses invités en fonction de leur importance sociale ou de leur soif! N'oublions pas que les coupes de thé pouvaient aussi servir pour l'alcool. Ainsi, dans le chapitre 41, les femmes de la famille Jia s'amusent à enivrer la mémé Liu en lui donnant la plus grande coupe du set!

A suivre...

Wednesday, September 18, 2024

Jinxuan Oolong from Alishan


In order to describe this Jinxuan Oolong from Alishan, we start with the cultivar, the particular type of tea tree. Tea, camelia sinensis, exists in hundreds of variations called cultivars, just like there are wine grape varieties. The Jinxuan cultivar was introduced in 1981 by Dr. Wu Zhen Duo, the director of the Taiwan Research and Extension Station, a public tea research Institute. The name Jinxuan is an homage to Dr. Wu Zhen Duo’s grandmother. It is also known as Taiwan Tea #12. Jinxuan is a cross breed of Yingzhi Hongxin (father) and Tai Nong #8 (mother). It first received the code number 2027 during its experimental stage and many farmers still call it by this number. 

What are the characteristics of Jinxuan? 

Large leaves, serrate edge, easy to manage, suitable for organic farming. Larger yields than Qingxin Oolong. Light, sweet taste, fresh and flowery. This cultivar is suitable for Baozhong and light Oolong tea. 

After the cultivar, let’s talk about the way these leaves were processed: into lightly oxidized Oolong. In a few words, what is Oolong? 

Literally, it means ‘dark dragon’. Chinese often veers into poetry when it comes to tea! Oolong is a tea family on its own, created in WuYi, Fujian, in the 17th century. It is partially oxidized and can be roasted. So, in theory, Oolong can be oxidized from 10% to 90% and roasted from 0% to 99%. In the case of this tea, we are in the high mountain Oolong style: Hand picked Lightly oxidized through shaking of the leaves. Rolled or compressed shape. Well dried, but no roasting. 

Great! We are 2 words down. We just need to explain 1 more word: Alishan! 

This particular tea comes from the Ruifeng village (20 houses, mostly tea farmers). Technically, it’s in the Meishan area, the birthplace of Taiwan’s high mountain Oolongs in the 1980s, but farmers prefer to use the more famous Alishan name. The most important about the location of the plantation is its elevation. Here, at 1100 meters above sea level, this Jinxuan qualifies as a high mountain Oolong tea. The cutoff is 1000 meters above sea level. The name ‘high mountain Oolong’ implies a lighter oxidation (due to the lower mountain temperatures, handpicked harvests (because the terrain makes machine cutting more difficult and reduces quality.) Natural conditions as we are far from industrial areas and benefit from the clear and clean mountain air, and spring mountain water. To benefit from the best, coolest conditions, the spring and winter seasons are best. This Jinxuan was harvested by hand on March 28th, 2024.
Conclusion: This spring 2024 Alishan Jinxuan Oolong manages to be extremely affordable: 4.8 USD for 25 gr, easy to brew (see the video above) and it tastes deliciously fresh and smooth without any added flavors. Opening the leaves of rolled Oolong isn't easy for beginners. This tea lets them practice at little cost and improve their skills. Its leaves look so large after they've opened up. This adds natural truth to the tea experience, because so many teas, nowadays, are heavily broken leaves in tea bags. People have forgotten what tea looks like and Alishan Jinxuan Oolong.is a great, inexpensive way to introduce Taiwan's most popular type of tea (high mountain Oolong) to your friends and family. And you can even enjoy it daily yourself!