Le Dong Ding Oolong fait parti de ces thés dont le succès a galvaudé le sens originel. A la fin des années 70, ce thé désignait spécifiquement les Oolongs en provenance des villages autour de ce lac: Dong Ding, Feng Huang et Yong Lung.
Puis, grâce au succès des compétitions de Dong Ding Oolong de l'association des fermiers de Lugu (prononcer 'Lougou', la petite ville la plus proche de ces villages), cette appelation est venue à désigner le savoir-faire caractéristique nécessaire pour se qualifier pour le concours: le process Hung Shui de torréfaction moyenne à forte. En effet, les juges indépendants du Tea Research and Extension Station avaient été formés au Yancha de Wuyi et imposèrent le goût torréfié à cette compétition.
Ce style était devenu si populaire que les fermiers de tout le centre de Taiwan avaient copié/adopté ce style, afin de pouvoir participer au concours notamment. Ainsi, cet hiver, plus de 6000 lots différents furent présentés, alors qu'il n'y a de loin pas autant de fermiers dans la seule région de Dong Ding. (La règle est d'un lot par fermier).
De plus, entre les années 80 et le renouveau actuel pour le Dong Ding Oolong, il y eut l'apparition des Oolongs de haute montagne très frais, sans torréfaction. Cela eut pour effet qu'on se mit à produire aussi du Oolong non torréfié dans les villages autour de Lugu.
Avec ces Dong Ding Oolongs de compétition ouverts à tous les terroirs de Taiwan, et des Dong Ding Oolong sans torréfaction, on a fini par perdre le goût traditionnel du vrai Oolong de Dong Ding. Ces feuilles-ci permettent un retour aux origines de ce grand classique:
Cultivar: Luanze (qingxin) Oolong
Origine: Yong Lung, Dong Ding
Récolté à la main le 26 novembre 2013.
Process: Hungshui Oolong roulé et torréfié lentement de manière moyenne.
Ces feuilles proviennent du même fermier que cet autre Hung Shui Oolong de Yong Lung de cet hiver. Ce qui les distingue n'est pas tant les 4 jours de différences que leur torréfaction. Pour ces feuilles-ci, le degré de torréfaction est un peu moindre. Les odeurs sèches sont profondes, sombres, fruitées (murs) et sucrés. Il n'y a pas encore ces notes maltées qu'on trouve dans l'autre version, si bien qu'on a des arômes plus fidèles au terroir et moins transformés par la torréfaction.
Voici une première infusion en gaiwan:
Et voici une seconde infusion:
Le goût est d'une grande pureté et douceur. C'est limpide et concentré.
Sa qualité et sa force proviennent de cette impression de contraction au
niveau des gencives et du bout de la langue. De cette petite
effervescence se dégage un sentiment énergétique agréable car il est
combiné à un goût très clean. L'arrière-goût a quelque chose de très fin
et chaleureux. On y trouve aussi une impression de fraicheur et un peu
d'astringence qui se combine bien aux autres goûts.
Je peine à trouver les mots justes et précis pour décrire la typicité de ces arômes de Yong Lung. On y retrouve quelque chose de chaleureux commun à tous les Hung Shui Oolong, mais aussi un arôme particulièrement fruité et doux caractéristique de ce terroir. La couleur et les motifs traditionnels de mon chabu semblent bien mieux réussir à faire partager cet impression mure, vivace et élégante. (Mais le mieux, c'est encore d'y goûter!)
L'infusion est d'une belle clarté.
Parmi ses feuilles ouvertes, l'on trouve de nombreux bourgeons. Ce sont surtout eux qui donnent cette finesse et ce raffinement à chaque infusion (et qui expliquent la haute qualité de ce lot). Ces bourgeons sont plus fragiles que des feuilles plus développées. Une torréfaction à température trop élevée donnerait de l'amertume au thé. C'est tout l'art du torréfacteur de Yong Long (et de Dong Ding) de savoir prendre son temps pour torréfier suffisamment ces feuilles sans les abimer.
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