Wednesday, September 12, 2018
Le Taiwan des tribus aborigènes et un lien avec le thé OB
C'est quoi cet Oolong Beauté Orientale Fan zhuang d'automne 2010? C'est quoi Fan zhuang? "En fait, Fan zhuang est lieu dans la campagne de Hsinchu, là d'où proviennent ces feuilles. Si ce nom sonne bizarre en chinois, c'est parce que c'est un nom de lieu aborigène" m'expliqua le producteur Hakka de cette Beauté Orientale.
"Mes ancêtres se sont installés sur des terres où vivaient des aborigènes des plaines (Pingpu)". Autrefois, avant l'immigration des Chinois du Fujian et de Chaozhou, avant 1600 environ, Taiwan était une ile surtout peuplée de tribus originaires du Pacifique.
Sur la carte ci-dessous, on peut voir comment ces nombreuses tribus étaient réparties:
Avec l'arrivée des immigrants chinois, mieux armés qu'eux et plus avancés techniquement, ces tribus aborigènes ont surtout trouvé refuge dans les montagnes et sur la côte Est ou bien se sont assimilées. L'image ci-dessous (prise dans le centre culturel des aborigènes près du lac Sun Moon) montre que ces aborigènes avaient des traditions guerrières et ce n'est pas de gaieté de cœur qu'ils ont accepté cette cohabitation!
De nos jours, ces tribus sont entièrement pacifiée et sont souvent chrétiennes car les missionnaires occidentaux les trouvaient plus faciles à convertir que les Chinois! On retient surtout leurs contributions culturelles avec les motifs de leurs textiles. Voici qui ferait un beau Chabu:
Leur poterie est aussi intéressante car elle nous ramène à la poterie de la fin de la préhistoire.
Mais c'est par leurs danses et leurs chants que les aborigènes se distinguent surtout à Taiwan. On ne compte plus les chanteurs populaires qui apprirent d'abord à chanter dans leur tribu avec les montagne comme chambre d'écho.
Et s'il y a une chose qu'on peut apprendre d'eux, c'est le sens de la fête! Même au plus fort d'une averse ils continuaient à danser lors d'un spectacle qui montrait les danses et costumes traditionnels de différentes tribus de Formose:
Ils ont la culture de vivre dans l'instant et ne se projettent pas trop loin dans l'avenir. C'est une force pour apprécier le présent, mais c'est une faiblesse pour la culture du thé (au sens premier)! En effet, le gouvernement de Taiwan cherche parfois à aider ces communautés aborigènes, souvent plus pauvres que la moyenne car très rurales. Or, avec le thé de haute montagne, ils étaient bien placés pour en tirer des bénéfices. Mais, culturellement, cela a rarement marché, car les plantations de thé mettent au moins 3 ans avant de commencer à produire un peu de thé. Cet horizon est trop lointain pour eux et toutes les tentatives de faire des aborigènes des cultivateurs de thé se sont soldées par des échecs pour cette raison. La culture du riz, et des céréales en général, ne demande pas tant de patience et de planning à long terme.
Or, selon le test du marshmallow, c'est la capacité de différer la gratification qui est le meilleur indicateur de succès futur d'un enfant. C'est arriver à renoncer à un peu maintenant afin de pouvoir recevoir plus dans le futur. C'est la base de toute notre longue éducation: plutôt que de commencer à travailler à 15/16 ans quand on commence à avoir la force d'un adulte, nous nous éduquons au lycée et dans le supérieur sans rien produire de tangible afin d'acquérir des savoirs plus valorisants et mieux valorisés. Et tout au long de notre carrière, nous continuous à investir une partie de notre temps dans la formation.
Planter des arbres, de la vigne ou du thé, c'est faire preuve d'une capacité à se projeter dans le long terme. On retrouve aussi cette qualité aussi dans le vieillissement de certains thés et savoir attendre que le thé ait atteint son apogée avant de le consommer. C'est justement le cas avec cette beauté orientale d'automne 2010. Bien torréfié il y a 8 ans, ce thé a eu le temps de s'affiner. Ses senteurs exhibent déjà des odeurs suaves de brandy, de malt et de molasse, mais aussi de fruits mûrs!
Ce Chaxi est donc un concentré de civilisation. Il repose sur un produit qui demande de la patience dans sa culture. Il demande de la patience et de l'apprentissage pour son producteur qui a appris sa technique de son père. Il a mis 8 ans à se bonifier. Et la réalisation des accessoires en porcelaine, en zisha d'Yixing, en étain, en fonte, en textile a fait appel à de nombreux savoir-faire... Et finalement, l'infusion de ce thé repose aussi sur 15 ans de leçons et autant d'années de pratique.
Pour mieux jouir du thé, il faut à la fois passer du temps à l'apprendre, mais il faut aussi arriver à vivre dans l'instant et déguster chaque coupe comme si demain n'existait pas!
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