Au Bonheur des Dames est le roman des grands magasins, mais aussi un roman à l'eau de rose d'Emile Zola. En effet, il a tout de La Belle Denise et de la Bête Mouret avec une jeune, jolie et gentille fille dont tombe follement amoureux le riche entrepreneur. Mais celle-ci ne se laissera conquérir qu'au prix d'une transformation en profondeur de cet homme qui collectionnait les femmes et les conquérait comme autant de trophées ou de pièces de gibier.
Mais ce qui nous intéresse, c'est de voir la signification des boissons dans ce roman. La première constatation est que ce roman est plutôt sobre. Il n'y a que 22 mentions de boissons alcoolisées pour 43 boissons sans alcool et 6 boissons métaphoriques, soit 71 mentions en tout. Comme souvent, le café est en tête avec 18 mentions, mais le thé suit de près avec 16 mentions et le vin avec 14 mentions. Ensuite, nous avons le lait et l'eau avec 4 mentions chacun, le champagne 3, le bock 2, la bière 1, le sirop 1, le malaga 1 et les liqueurs 1. Les 6 métaphores sont, comme d'habitude, les plus parlantes et les plus proches du sujet du roman. Ainsi, comme boisson métaphorique nous avons le magasin, lui-même (Bourras, un vieux boutiquier), sa vie, les passants, l'argent et un ruissellement. Nous reviendrons plus en détail sur ces six 'boissons' imagées.
Passons d'abord aux 16 mentions de notre boisson favorite.
Chapitre III. "Chaque samedi, de quatre à six, Mme Desforges offrait une tasse de thé et des gâteaux aux personnes de son intimité, qui voulaient bien la venir voir."
Commentaire: Mme Desforges fait donc partie de la haute société, car c'est là que le thé est un prétexte pour réunir des amis autour de soi, toujours le même jour et à la même heure. On y buvait surtout du thé rouge, aux feuilles entièrement oxydées, car c'est ce qui se marie le mieux avec les gâteaux.
"Cependant, les mains toujours liées, ils passèrent en plaisantant dans le petit salon, au moment où le domestique apportait le thé, un service de Chine, sur un plateau d'argent, qu'il posa près de Mme Desforges, au milieu du guéridon de marbre, à légère galerie de cuivre.
(...)
Sa voix s'était échauffée ; Henriette, qui servait le thé, avait tourné la tête.
(...)
Voulez-vous une tasse de thé, monsieur de Callagnosc?
(...)
Et elles l'entouraient, lorsque Henriette remarqua qu'il n'avait seulement pas pris une tasse de thé. Alors, ce fut une désolation ; quatre d'entre elles se mirent à le servir, mais à la condition qu'il répondrait ensuite. Henriette versait, Mm Marty tenait la tasse, pendant que Mme de Boves et Mme Bourdelais se disputaient l'honneur de le sucrer. Puis, quand il eut refusé de s'asseoir, et qu'il commença à boire son thé lentement, debout au milieu d'elles, toutes se rapprochèrent, l'emprisonnèrent du cercle étroit de leurs jupes.
(...)
Il continuait à boire, entre chaque phrase, une petite gorgée de thé, dont le parfum attiédissait ces odeurs plus âpres, où il y avait une pointe de fauve.
(...)
Une dernière clarté luisait au flanc de la théière, une lueur courte et vive de veilleuse, qui aurait brûlé dans une alcôve attiédie par le parfum du thé."
Commentaire: Le luxe du thé d'Henriette Desforges est souligné par le fait que son service provient de Chine et qu'elle utilise un plateau en argent pour le servir. Remarquons que si un domestique apporte le thé, c'est la maitresse de maison qui, elle-même, en verse à ses invités. Cela donne lieu à une scène bouffonne où 4 femmes essaient de se rendre utile à l'homme le plus en vue du salon. Celui-ci capte l'attention et joue des silences qu'il s'impose en prenant une gorgée de thé entre chaque phrase. Ainsi, le thé est au centre de ces réunions mondaines du Paris de la fin du XIXe siècle.
Chapitre V.
"Il se fâcha quand Denise parla de régler, puis finit par accepter les quinze francs soixante, qu'elle avait posés sur la commode ; mais il voulut lui offrir une tasse de thé, et il se batit contre une bouilloire à esprit-de-vin, fut obligé de redescendre acheter du sucre."
Commentaire: Denise, Pauline et son petit ami ont passé le dimanche ensemble, à la campagne. Ces employés de magasin ont des revenus faibles et Denise, la plus pauvre, doit insister pour payer sa part. Le thé qu'on veut lui offrir doit être très amer (donc de mauvaise qualité) pour qu'il faille aller acheter du sucre pour pouvoir le boire.
Chapitre VI
"Soyez aimable, venez ce soir tremper une tartine dans une tasse de thé."
Commentaire: Mouret invite Denise à diner et elle refuse, car ces diners avec des employées sont toujours le moyen par lequel Mouret commence une aventure amoureuse avec ces demoiselles. Freud, comme moi, verrait probablement une allusion très sexuelle à cette formulation "tremper sa tartine dans une tasse de thé"!
Chapitre IX
"Maintenant, le chef de comptoir, introduit chez elle par Mouret lui-même, y allait parfois prendre le thé.
Commentaire: Cette introduction est très importante, car c'est à ce thé de Mme Desforges que Mouret et ce chef de comptoir feront la connaissance d'un baron, financier, dont ils auront tous deux besoin pour leurs projets commerciaux.
Chapitre XI
"Bouthemont, ce jour-là, arriva le premier chez Mme Desforges, au thé de quatre heures.
(...)
Puis, comme elle se plaignait en riant de n'avoir plus que des hommes à son thé de quatre heures, il s'oublia jusqu'à lâcher cette phrase:
- Je croyais trouver le baron Hartmann.
(...)
Mais la porte restait entrouverte, le domestique servait le thé.
(...)
Elle se leva, prit la théière, emplit les tasses.
(...)
Aussi, résolu à prendre une tasse de thé, rentra-t-il dans le grand salon avec son ami, plaisantant l'un et l'autre.
(...)
Entre chaque phrase, il buvait une cuillérée de thé, tout en protestant de son désespoir."
Commentaire: L'amour propre de Mme Desforges est blessé quand elle se rend compte que Mouret ne vient plus à son thé pour elle, mais pour rencontrer le baron. Plus tard, elle se vengera sur Denise et mettra Mouret en colère. Ce dernier prend alors une tasse de thé pour se donner un contenance et cacher ses émotions. Ainsi, si la voie moderne du thé chinois peut avoir une dimension spirituelle de recherche intérieure de vérité, ces thés parisiens montrent qu'il s'agit d'un jeu artificiel où règne le mensonge.
Comme dans ces autres romans, Zola crée des boissons imagées qui renvoient au thème central du livre. Ici, il en crée six!
Chapitre VII
"Puis, elle devait lui conter, pour la centième fois, son passage aux confections, les souffrances du début, les petites chambres malsaines, la mauvaise nourriture, la continuelle bataille des vendeurs ; et, tous deux, du matin au soir, ne parlaient ainsi que du magasin, le buvaient à chaque heure dans l'air même qu'ils respiraient."
Commentaire: le magasin 'Au bonheur des dames' exerce une présence continuelle dans ce romain. Il fait de l'ombre à ses concurrents, souvent littéralement, en s'agrandissant. Il est aussi omniprésent dans les pensées et paroles de ses concurrents.
"Bourras sentait bien l'étreinte dont craquait sa boutique. Il croyait la voir diminuer, il craignait d'être bu lui-même, de passer de l'autre côté avec ses parapluies et ses cannes, tant la terrible mécanique ronflait à cette heure."
Commentaire : Cette fois, c'est la boutique qui se transforme en ogre qui engloutit et boit les commerces autour de lui, comme cette boutique de parapluie de monsieur Bourras. Cet élargissement de ce nouveau genre de grand magasin est le thème du livre.
"A pleines mains, Denise lui prit les cheveux, ces cheveux superbes qui semblaient boire sa vie"
Commentaire: Geneviève, la cousine de Denise se meurt d'anorexie. La seule chose qui lui reste est sa belle chevelure qui semble se nourrir (boire) la vie de la jeune fille. On a encore cette idée que le cycle de la nature c'est que la vie se nourrit de la mort. C'est le principe de destruction créatrice de Schumpeter (1883-1950) avant sa formalisation par l'économiste autrichien!
Chapitre IX
"Comme les fleuves tirent à eux les eaux errantes d'une vallée, il semblait que le flot des clientes, coulant à plein dans le vestibule, buvait les passants de la rue, aspirait la population des quatre coins de Paris."
Commentaire: Le magasin Au bonheur des dames tire sa réussite de ses nombreuses clientes. Elles sont comme un flot d'eau que le magasin boit! Rien n'arrête l'eau dans la nature. La comparaison est donc bien trouvée pour montrer que ce nouveau type de magasin ne peut pas être arrêté, mais qu'il faut l'humaniser de l'intérieur (comme le fait Denise).
Chapitre XI
"- Le capital peut passer quinze fois, voici longtemps que je le prédis. Même, dans certains rayons, il passera vingt-cinq fois et trente fois...Ensuite, nous trouverons un truc pour le faire passer davantage.
- Alors, vous finirez par boire l'argent de Paris, comme on boit un verre d'eau?
- Sans doute. Est-ce que Paris n'est pas aux femmes, et les femmes ne sont-elles pas à nous?"
Commentaire: L'argent devient une boisson et Zola nous montre qu'il comprend le concept de la vélocité de l'argent. Il esquisse le business modèle de marques comme Zara qui n'arrêtent pas de faire tourner leurs stocks. L'idée est de rendre les stocks très 'liquides' (comme de l'eau), c'est à dire de les transformer rapidement en monnaie qui permette d'acheter de nouveaux stocks etc.
Chapitre XII
"Elle se trouvait toujours rue Neuve-Saint-Augustin ; mais on avait dû l'élargir, elle avait maintenant un lit de fleuve, où le continuel flot des marchandises roulait avec la voix haute des grandes eaux ; c'étaient des arrivages du monde entier, des files de camions venus de toutes les gares, un déchargement sans arrêt, un ruissellement de caisses et de ballots coulant sous terre, bu par la maison insatiable."
Commentaire: On retrouve la même idée que dans l'extrait précédent: toutes ses marchandises sont comme le ruissellement continu d'un fleuve. Elles convergent toutes au magasin.
2019 Printemps Baozhong de haute torréfaction
Ce Chaxi rend hommage au livre de Zola, car Mouret note que son comptoir sur les objets du Japon a connu un grand succès dans son magasin Au Bonheur des Dames. Ce comptoir commença comme une simple table près d'un escalier et finit par lui rapporter des millions. Cette anecdote du livre nous rappelle que l'Asie fut très à la mode en France dans les années 1860. Ainsi, mon bateau de thé est une porcelaine du Japon, les coupes sont de la fin de la dynastie Qing (autour de 1890) et le Baozhong torréfié est un Oolong dont l'invention remonte aux années 1870. Et mon Chabu est une ceinture de kimono japonais!
Si vous voulez en savoir plus sur les Baozhongs, j'ai créé ce set de dégustation et vais faire une série de cours sur ma chaine YouTube. Vous pouvez visionner l'introduction ici ou ci-dessous:
### Let's start with the bad news for my US customers: The Taiwan Post Office has stopped shipping packages to the US via Airmail or EMS. Since I was relying on these services, I can't ship to the US with low rates anymore, for the time being. Tariffs and the technical difficulty of getting customers to pay for customs is what is causing this problem. For very large orders, FedEx or DHL might make sense (contact me directly in this case). Let's hope that this issue will be resolved soon. Or have your orders sent overseas when you are travelling, or to friends in Canada if you live close to the northern border.###
The second news is the restart of my free online tea classes on my YouTube channel. This fall, we will focus on Baozhong tea with this sampler of 8 Baozhong teas (and a free BiLuoChun sample to show the difference between green tea and fresh Baozhong!) My first class will be on Sunday August 31st, 10 AM Eastern time (NYC). However, we will only start tasting the teas from the sampler on September 14th. This Sunday, I will mostly speak about the latest news from the summer and the program for the fall classes. Then on September 7th, I will review the beverages in another Zola novel. This gives you time to receive your sampler if you order now.
In the red (fully oxidized) tea category, I added 2 very fine reds from Taiwan's wild East Coast. They are the jassid bitten kind with amazing honey scents. Both versions have these wonderful scents. The top version has more intensity in the scents and more natural sweetness. This summer, I've brewed them regularly to make ice tea for my kids. -They are young adults now, but they'll always be my kids!- I didn't add any sugar and they still loved these teas!
"Food in Taiwan is better when you recommend it", said a friend from university I hadn't seen for 30 years this summer. This praise of my tasting skills made my day! A tea friend with whom I had an online tea chat said something similar. He told me that compared to other suppliers my teas feel like they underwent a selection process. They are all of high quality, even the cheaper ones. Indeed, teas in my selection are teas that I'm drinking also myself, so I do my best to select leaves I find enjoyable.
In the beginning, god created the heaven and the earth.
And god said Let there be light and there was light. It was separate from darkness.
Much later, Lu Yu said, let there be tea and there was tea in the Tang kingdom. You shall brew tea with clean and boiling water.
People prepared tea with pure and boiled water. They drank the brew and liked it.
People saw that drinking tea was good. Tea satisfies your taste buds. It clears the mind and relaxes the soul.
Tea in the morning awakens you.
Tea with a meal helps digestion.
Tea with a friend replaces wine.
Tea at night scares bad spirits away.
Spring tea is full of freshness and flowery scents.
Summer tea captures sweet, delicate warmth.
Autumn tea is raw and rough.
Winter tea is mellow and harmonious.
Silver for green tea,
Porcelain for red tea,
Pottery for puerh,
Yixing Zisha for Oolong
These rules are meant to be broken by the free and adventurous.
Awaken the water with fire until it breathes shrimp eyes bubbles.
Control the flow of boiling water that leaves the kettle.
Aim for the leaves. Touch them all. Fast if they are rolled or compressed. Slowly otherwise. With a circular, infinite flow that ends like you end a passionate kiss.
Tea celebrates life and beauty.
Share tea with friends and family.
Express yourself when you make tea.
Each day brings a closer to our grave,
Even the darkest tea can be filled with light.
Live in the moment with tea.
Make the best of the accessories you have.
Choose the tea according to your mood.
Add a plant, whatever inspires you.
Create a harmonious and practical display.
Tea has a second life after the leaf is transformed.
Store your tea with care and patience.
You may be rewarded with liquid gold,
And a taste of paradise.
Trust in the wisdom of ancient tea masters.
Cherish the teapots, cups, kettles, bowls, cha tuo and plates from the past.
You are not their owner, just their custodian.
But do use them to resurrect their spirit.
Let us not love tea with words and speech alone, but with action and truth.
Seek not the most expensive, but the truthful tea. Tea with character.
Seek not the story, but the pure, divine aromas of the brew.
Seek not perfection in tea if you are not giving your best effort.
Tea is about how much love, experience and skill you give.
Hear the call of the boiling kettle.
Smell the sweet woody fragrances from the jar.
Answer the call. Make tea.
Be happy.
Note: I brewed my 1950s puerh in these pictures. I hope this post does it justice.
Pot-Bouille est un mot peu employé de nos jours, à moins qu'il s'agisse d'argot parisien. Il a la signification de tambouille, de cuisine accommodée et pratique où l'on cuit ce que l'on a sous la main. Zola l'emploi de manière imagée pour décrire les mœurs amoureuses et sexuelles de la bourgeoisie parisienne. Les relations extra-conjugales sont mal vues, mais elles sont courantes car faciles. Dans ce roman qui parle des relations hommes-femmes, il n'est pas étonnant que la boisson romantique et sociale par excellence, le thé, figure en bonne position avec 17 mentions! Mais la palme d'or revient au café (29 mentions) plus deux pour le 'café au lait'. En troisième place, nous avons le vin (13 mentions), le champagne (5 mentions) et le liqueurs (5 mentions). Grog et vinaigre ont 3 mentions. Ces boissons-ci ont 2 mentions: sirop de groseille, eau sucrée, cognac, bock, punch, vermouth. Puis, comme nous sommes à Paris, dans un milieu bourgeois, nous avons une grande variété de boissons avec une seule mention: absinthe, rhum, tilleul, bouillon, madère, verveine, johannisberg, pichon-longueville, roederer, sparling-moselle, kummel (alcool au cumin), chartreuse, cassis, eau-de-vie, bordeaux, crus. En tout, cela fait 59 boissons non alcoolisées et 47 alcools pour un total de 106 boissons. Dans les boissons non alcoolisées, il faut faire une place à part à un breuvage amer et symbolique qui concentre en lui tout le roman: la honte! Je vous renvoie à Nana où j'ai réalisé que Zola distille souvent le sujet principal de ses romans en une boisson symbolique.
Ici, c'est le cas au chapitre XII: "Enfin, on ne se faisait point garder un frère pareil, qui aurait réduit un mari à l'impuissance, même dans les cas de la plus légitime indignation, et jusqu'à le forcer à boire sa honte."
Oolong de Da Yu Ling
Ainsi, la mère de Berthe fait ce reproche à sa fille adultère au chapitre XVI:
"- Devant Dieu! dit-elle, moi, je le jure que je me serais retenue, même si l'empereur m'avait tourmentée!... On y perd trop. (,,,) D'ailleurs, c'est la plus grande des hontes."
Cela n'empêche pas de nombreux personnages de coucher à droite et à gauche, mais ils respectent le onzième commandement (ils ne se font pas prendre) ou bien ils (les hommes) occupent une position sociale assez haute pour que la société ferme les yeux sur leurs agissements.
Mais revenons à notre boisson favorite et analysons les 17 mentions de thé dans cet ouvrage.
Il est la première boisson mentionnée au chapitre II: "Mais il ne fallait pas mettre la maison sur un pied supérieur à notre fortune. C'est votre maladie de recevoir et de rendre des visites, de prendre un jour, de donner du thé et des gâteaux..."
Mme Josserand rétorque à son mari: "Enfermez-moi tout de suite dans une boite. Reprochez-moi de ne pas sortir nue comme la main... Et vos filles, monsieur, qui épouseront-elles si elles ne voient personne."
Commentaire: Le thé est bien plus qu'une boisson. C'est un prétexte pour des relations sociales dont le but est de marier les jeunes filles.
Chapitre III: "Sans doute, son thé modeste ne valait pas leurs concerts à grand orchestre. Mais patience! quand ses deux filles seraient mariées, et qu'elle aurait deux gendres et leurs familles pour emplir son salon, elle aussi ferait chanter les cœurs."
Commentaire: La modestie de ce thé provient donc du faible nombre de convives et du manque de moyens déployés lors de la réception des invités.
Même chapitre: "- Maman, le thé est servi, dit Berthe, qui ouvrait avec Adèle les deux battants de la porte.
(...)
C'était, sur une nappe grise trop étroite, un de ces thés laborieusement servis, une brioche achetée chez un boulanger voisin, flanquée de petits fours et de sandwichs. Aux deux bouts, un luxe de fleurs, des roses superbes et coûteuses, couvraient la médiocrité du beurre et la poussière ancienne des biscuits. On se récria, des jalousies s'allumèrent : décidément, ces Josserand se coulaient pour marier leurs filles. Et les invités, avec des regards obliques vers les bosquets, se gorgèrent de thé aigre, tombèrent avec prudence sur les gâteaux rassis et la brioche mal cuite, ayant peu diné, ne songeant plus qu'à se coucher le ventre plein.
(...) Berthe s'empressait, offrant des sandwichs, portant des tasses de thé, demandant aux hommes s'ils voulaient qu'on les sucrât davantage.
(...) D'ailleurs, Octave dut lui paraitre froid, elle sentit que la coupe ne portait pas, elle se mit à l'épier d'un air d'inquiétude, pendant que Valérie et Mme Juzeur, qui en étaient à leur quatrième tasse de thé, examinaient la peinture avec de légers cris d'admiration.
(...) Justement, Berthe, souriante, se dirigeait vers Octave, une tasse de thé à la main. Elle continuait la campagne, elle obéissait à sa mère.
(...) Elle porta la tasse de thé à Auguste, avec le sourire qu'elle avait commencé pour Octave
(...) Pendant le thé, une des lampes s'était éteinte, répandant une odeur d'huile rance, et l'autre lampe, dont la mèche charbonnait, éclairait la pièce d'une lumière si lugubre, que les Vabre eux-mêmes se levèrent malgré les amabilités dont Mme Josserand les accablait."
Commentaire: Ce long passage nous montre comment fonctionne le thé. S'il est aigre, c'est qu'il n'est pas de bonne qualité, car le budget de la famille Josserand ne le permet pas. Il est intéressant de remarquer que le thé est accompagné de nourriture froide sucrée (la brioche et les gâteaux) et salée (les petits fours et les sandwichs). Et il y a même des fleurs, comme dans un Chaxi! Ce thé permet d'inviter plusieurs jeunes hommes célibataires et la tâche des jeunes filles de la maison est d'essayer de leur parler et de leur plaire lorsqu'elles servent le thé. Madame Josserand est le général qui repère les cibles et y dirige sa fille!
Chapitre IV:
"Mais elle désirait du thé simplement ; et elle le commanda très léger et très chaud."
Commentaire: Octave vient d'essayer d'embrasser Valérie, une voisine dans son immeuble. Elle n'a pas eu envie de lui. Il s'attend à une scène, une longue explication, mais Valérie met fin à cet épisode en demandant un thé à sa domestique. Nous ne savons pas quel genre de thé elle boit, mais, pour une fois, on en apprend sur le style de l'infusion, 'léger'.
Chapitre V
"Les dames passaient dans la salle à manger, où le thé se trouvait servi.(...)
Mais son sourire reparut, il accepta une tasse de thé que Berthe vint lui offrir, causa une minute avec elle pour couvrir de son caractère sacré le scandale de la fenêtre".
Commentaire: le service du thé a son cérémonial. Ou bien il vient à vous en ouvrant grand les portes aux mots de 'madame est servie', ou bien il faut passer dans une autre pièce pour le goûter.
Chapitre VII
"Il ne se sentait pas très bien en effet, et il se retira, sans vouloir attendre son beau-frère, qui venait de passer dans la salle à manger, où le thé classique était remplacé par du champagne."
Commentaire: Intéressant. A Taiwan, Teaparker déploie des efforts pour remplacer le vin par du thé dans l'accompagnement des plats. Durant le second Empire, le champagne pouvait remplacer le thé comme occasion sociale!
Chapitre XII
"Le mardi soir, après le diner, ils prirent une tasse de thé chez les Josserand, afin d'écarter les soupçons."
Commentaire: Le thé joue un rôle pour mettre femmes et hommes en contact, mais il peut aussi servir de couverture pour se voir en société, montrer qu'on s'ignore, et ainsi écarter les soupçons."
Chapitre XVIII
"Le thé, ensuite, déroula le même défilé, promena les mêmes tasses et les mêmes sandwichs."
Commentaire: L'aspect répétitif du thé montre que c'est plus un rituel bourgeois qu'un plaisir.
The recent conflicts between Russia and Ukraine, India and Pakistan, Israel and Iran remind us that we live in a troubled world. These terrible news take a toll on our peace of mind and tea can help to sooth our worries for mankind. Quietly focusing on the each step of the preparation has near meditative power. And when it results in a delicious cup of tea, we feel with all our senses that life is worth living! But today's post goes beyond! There are real reasons to hope for a more peaceful future. You won't hear them on the TV or in most social media posts. So, here we go!
First, let's acknowledge that man is both capable of cooperation for the good and for the bad. Our Paleolithic ancestors would hunt animals in groups to feed the tribe, but they could apply the same group hunting techniques to make war on other tribes. They could also barter, trade between tribes. Others were not necessarily enemies. They could become allies, additions to the family (through mating/marriage...) However, for most of its history, man played a zero sum game. When it comes to food, land, water, natural resources... what belongs to A doesn't belong to B. This made competition and conflict more likely.
The good news is that the knowledge economy isn't based on physical goods anymore. It's based on knowledge, mostly bits and bytes in computer systems. They can be reproduced almost infinitely at almost no cost. In this new economy, man plays a game with positive outcomes. Unlike land or food, when we share our knowledge, we don't become poorer, but the person who receives it becomes richer!
This changes the dynamics of human interactions! Of course, the prerequisite is that basic needs are already covered. However, for advanced countries, this paradigm shift means that cooperation will make more sense than hostility.
But the knowledge economy is also partially at work in lots of products that demand a lot of R&D. Because the more these innovative companies can sell worldwide, the more money they can spend on R&D. Smartphones are a good example. The cost of the raw material is low. What costs a lot is the R&D behind the latest chip design and manufacturing. But this cost is fixed and the more people purchase the phone, the cheaper it can become.
Tea is also, in part, a new economy product. Why?
Because it's incomplete. Tea requires brewing to fulfill its purpose of becoming a beverage.
We have 2 cases:
1. The customer doesn't know how to brew the leaves he has purchased. He's therefore likely to make lots of mistakes when brewing the tea (no attention to the water, to the kettle, to the temperature, no preheating, poor choice of tea vessel, tea cups...). A lack of information about the plantation, the process, the character of the tea... might also lead to a lack of understanding on how to get the most out of the leaves.
2. The tea will taste much better if the seller educates his customer and teaches how to brew using either a gaiwan or a dedicated Yixing teapot (and which is most suitable). He will also help make the experience more meaningful if he gives important information about the character of the mountain, the management style of the farmer, the date of harvest... Now, thanks to YouTube, I can even make videos to show you how I brew my teas! All this information doesn't make me, the seller poorer, and it helps the customer increase the satisfaction from his tea.
Note: also remember the principle 'Garbage in, garbage out.'! The more the knowledge matters, the more it's important to find a source one can trust, and to build up your own knowledge to verify it). If the story is too good to be true...
I hope that you see why I'm confident for the future. Knowledge is key to leading a meaningful and high quality life. And sharing this knowledge makes the world richer while not taking anything away from us! By the way, this summer, I will contact the customer with the highest order each week and offer to interact with my on a video call. This will be an opportunity to help improve your technique, discuss the tea challenges you might have or talk about your tea way in general. I am looking forward providing this free service to the customers who trust in the quality of the teas I have selected for a 20th times this year!
On l'appelle aussi 'Wu Si Cha' (thé aux 5 couleurs) pour la variété des couleurs des feuilles sèches. Cet Oolong à forte oxydation est plus proche d'un thé rouge qu'un Oolong de haute montagne est proche d'un thé vert. Pourquoi?
Cette affirmation est surtout vraie pour les Beautés Orientales 'impériales', de qualité supérieure. Pour obtenir des arômes d'une extrême finesse, on les récolte très jeunes, au stade de bourgeon.
C'est la raison pour laquelle ce thé est alors appelé Bai Hao Oolong (Oolong à poil blanc). Cliquez sur la photo pour voir ce bourgeon de plus près.
C'est le même principe que pour les thés verts: récolter les feuilles les plus jeunes et tendres, quand un fin duvet blanc les recouvre. Les Oolongs de haute montagne, eux, ne sont pas récoltés si jeunes, mais on laisse leurs feuilles grandir et mûrir. C'est un principe de base qui définit la famille des Oolongs. Ces feuilles mûres sont plus difficile à transformer en Oolong que les bourgeons en thé vert.
Avec la Beauté Orientale impériale, on a des feuilles de taille petite, mais aussi de taille un peu plus grande (c'est ce qui donne la variété de couleur). Le travail de ces feuilles n'est pas aussi aisé que dans le cas d'un thé rouge. Il ne s'agit pas d'oxyder totalement les feuilles, mais de trouver le degré d'oxydation qui fait le mieux ressortir les arômes des feuilles, leur degré de morsure des jassides tout en gardant une certaine fraicheur et finesse provenant de l'oxydation partielle.
Ces Beautés Orientales de grade impérial, comme celui-ci de 2020, sont toujours issus de très micro récoltes (des lots de 3 à 10 kg), car il ne suffit pas de récolter jeune, mais il faut aussi que ces feuilles soient mordues pour que la Beauté Orientale soit d'excellente qualité. Cela explique la courbe de prix parabolique de ces thés plus rares que les grands Champagnes. D'ailleurs, on les appelle aussi 'Champagne Oolong' en plus de Dong Fang Mei Ren (OB) ou encore Peng Feng Cha (thé des vantards)!
La récolte de ces thés d'été ne vient que de commencer, mais comme ils nécessitent une légère torréfaction pour leur affinage, ils ne seront disponibles qu'à la rentrée, en septembre. Le mieux est de profiter de vos achats d'Oolongs de haute montagne du printemps 2025 pour ajouter l'OB impériale de 2024 dans votre panier. En effet, cette légère torréfaction est possible sur des feuilles suffisamment oxydées et permet au thé de se bonifier avec le temps.
Dans ces temps mouvementés, buvons du thé afin de garder la tête claire et de nous laisser guider par la beauté... orientale de Taiwan!