Thursday, January 11, 2024

Accords de thé chinois et de gastronomie française

Cette photo de la cathédrale de Strasbourg est le parfait symbole pour commencer ce premier article de mes vacances de fin d'année en Alsace. En effet, préparez vos papilles, nous allons atteindre des sommets de beauté et de perfection avec la combinaison de thés exceptionnels et de plats de Noël! Cela faisait 20 ans que je n'avais plus passé Noël en Alsace et je tenais à rendre ces fêtes spéciales et inoubliables.

Arrivé le 24 décembre au matin après 16 heures de vol (direct depuis Taipei), je réussis à ne pas m'endormir en journée afin de prendre le bon rythme et surmonter les 7 heures de décalage horaire. Mais la fatigue commence tout de même à me gagner lors du repas du 24 au soir. Il est très simple: foie gras alsacien, saumon fumé et saumon salé et épicé maison (gravlax, voir ci-dessous) et une salade de riz aux crevettes. Une coupe de Champagne Menand lance la fête. Le bruit du bouchon donne le top départ. Le Champagne est une boisson légère et ses fines bulles réveillent le palais. J'infuse immédiatement ce jeune puerh cru gushu pour me donner assez d'énergie pour rester éveillé et pour accompagner les deux saumons. Bizarrement, alors que je préfère le gravlax pour sa fraicheur, je trouve que le puerh se marie mieux avec le saumon fumé dont il intensifie les notes fumées.

Pour accompagner le foie gras, nous restons dans l'accord typiquement alsacien: du gewurztraminer vendanges tardives bien liquoreux! Depuis le Covid et la grippe aviaire, je ne trouvais plus de foie gras à Taiwan et étais obligé de faire un faux foie gras moi-même (avec des foies d'oie et du beurre). Je profite donc enfin de l'occasion de regoûter au vrai dans sa région de prédilection et je n'y vais pas de main morte!! Je sais que je prends un risque d'indigestion en mangeant ces plats avec l'appétit d'un Gargantua à la diète! Mais même la bûche au citron passera encore! Et je ne me sens pas saoul pour un sou à la fin du repas, malgré le Champagne et le Gewurtz! J'attribue cette harmonie digestive à mon puissant puerh qui me dégrise, me réveille et me purifie de l'intérieur. Je me sens tellement bien que nous allons encore faire une petite promenade dans le parc illuminé du village. 
Le 25 à midi, c'est le tour d'un autre plat de mon enfance: la selle de chevreuil à la sauce au vin, servie avec des spaetzle alsaciennes maison, des marrons et des champignons. Pour accompagner ce plat, mon fils ouvre une bouteille de Léoville-Poyferré 2003 (second grand cru classé), vin que j'avais acheté en souscription un an après sa naissance! Et j'infuse aussi environ 10 grammes de Yan Cha Shui Xian de Wu Yi de 1999! Les accords vin-chevreuil et Yan Cha-chevreuil sont tous les deux excellents, mais différents, complémentaires. Le vin se marie surtout à la sauce, tandis que le Shui Xian s'accorde avec les senteurs forestières de la viande de ce gibier. Quelle finesse, quel raffinement dans les deux cas! Le thé permet là encore de rester plus sobre et de ne pas absorber trop d'alcool. Cela aide non seulement à réduire l'apport calorique, mais aussi à mieux digérer un plat copieux dont on ne voudrait pas perdre une miette!
L'après-midi, je déguste une autre spécialité de ma mère: son Stollen fait maison! Je l'accompagne de ce thé rouge Taiwanais infusé dans un service en porcelaine de Meissen! Les fruits secs et la pâte au sucre, beurre, farine et amandes fonctionne très bien avec les notes fruitées et moelleuse de ce thé préparé sans sucre. Non seulement le thé rouge se marie bien, mais il allège la délicieuse lourdeur de ce Stollen compact. Il mêle ainsi à la fois les saveurs estivales de Taiwan et les souvenirs des Stollen de Noël de mon enfance, le présent et le passé réuni!
Dans mon prochain article, je vous parlerai d'un autre accord avec du thé lors de ce festin avec une quinzaine d'invités!
 

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