Friday, September 20, 2019

La confusion autour du Bai Cha

Cette infusion de mon Anji Baicha à côté de la bibliothèque de la maison Lin (Banciao, New Taipei city) me permet de revenir sur une confusion autour des termes 'Bai Cha' qu'on traduit trop rapidement par 'thé blanc'.
Cette confusion ne concerne pas que ce Anji Baicha. On la retrouve dans le traité du thé de l'empereur Song Huizong (1082-1135). En effet, l'empereur y parle de Bai Cha, son thé préféré, produit par une poignée de fermiers seulement. Beaucoup de lecteurs, même chinois, font un contresens lorsqu'ils en concluent que Song Huizhong aimait le thé blanc!
Or, de nos jours, parler de thé blanc, c'est faire référence à la classification du thé en six couleurs (blanc, jaune, vert, bleu/vert, rouge et noir). Cette classification ne date que du début du XXe siècle, et le procédé de fabrication du thé blanc ne date que de la dynastie Qing (1644-1911)!
Ce à quoi Song Huizong fait référence est bien du thé vert, non oxydé. Ceci est clair dans sa description de la production du thé à son époque (les autres couleurs de thé n'avaient, d'ailleurs, pas encore été inventées à son époque).
Deux raisons peuvent l'amener à l'appeler Bai Cha, thé blanc:
1. Le cultivar du thé peut être décrit comme blanc. C'est le cas du Anji Bai Cha ou du Bai Ji Guan (crête blanche de coq) à cause de la couleur claire de ses feuilles séchées.
 2. La mousse créée par le fouettage de la poudre de thé vert matcha est de couleur blanchâtre. C'est le cas avec du matcha frais de bonne qualité.
Et j'en profite aussi pour tordre le cou à une autre idée reçue: non, les galettes de puerh ne datent pas de la dynastie Song (ou Tang). Autrefois, les galettes étaient du thé vert pressé. L'arrêt de l'oxydation de ce thé vert était obtenu par une cuisson à la vapeur, alors que pour le puerh cela se fait au wok (et l'étuvage ne se fait que pour le pressage). Le puerh date, lui, de la fin de la dynastie Ming (1368-1644).
 Avec mon thé vert Anji Baicha, je suis agréablement surpris par une infusion de couleur très claire et je remarque aussi que la feuille de thé est d'un vert clair également. Et pourtant, le goût et les senteurs sont bien là, rafraichissantes et délicates!
 La forme pointue du Anji Bai cha a aussi inspiré ma nouvelle "Le rêve de thé de l'empereur Fei" (offert pour toute commande de plus de 90 USD). A ce propos, voici le commentaire de Laurent: "J'ai bu ta nouvelle d'un trait avec délice. Un bel éloge de la complémentarité incarnée par les 4 enfants (...) C'est très bien écrit, dans les règles de l'art du conte. Je n'ai pas détecté de lourdeurs. Vraiment gracieux ce texte."
Et si vous voulez faire l'expérience d'un vrai thé blanc, je vous renvoie à celui de ma sélection. Il est même possible de goûter sa version thé vert!

Friday, September 06, 2019

Matching the tea to your attention level

Is it possible to travel to this forest with the help of a tea? I don't mean physically go there, but in your mind. If you say "No, it's not possible", then it's probably because you haven't had yet made such an experience when tasting tea. And maybe it's because your tea didn't have forest scents or because you were distracted. Maybe you're tasting tea while working on your computer or while watching TV, reading a book... In that case, your mind is already full with other thoughts and pictures.

So, what I'm getting at is that when you are making tea, your attention level is like pregnancy. Either you're fully there, or you're not! If your attention level is 50%, where does the other 50% go?! Computers may multitask, but when it comes to tea, if you want the best experience, you better be fully present.

Of course, sometimes tea is simply a beverage you drink to quench your thirst while your mind is busy with something else. That's not when you make a Chaxi and that's also not when you brew your best leaves. (It's for such daily teas that I have also selected more affordable teas like this 2004 raw Xiaguan Tuo Cha at 10 USD for 100 gr)
But when you're making a tea with (full) attention, that's when you want to brew particularly good leaves. What else do you need beside attention and very good leaves? The concept of Chaxi that I advocate says that you should organize/create a setup that is both functional and connected to the leaves you're brewing in an aesthetic way. Recently, I've read this text by French artist/writer Stéphane Barbery. He proposes 3 elements to make a tea bowl meaningful. We can also apply his concepts to the Chaxi itself:

1. Storytelling: the Chaxi should tell a story. With this aged organic roasted Oolong tea, we are travelling to a golden age of purity. I've got it in 2004 and have aged it for 15 years. Patience sometimes leads to excellence... (A word of caution: too often tea marketing offers a nice story, but it's not always matched by the leaves. Beware!)

2. Ritual: turning a tea into something that connects us to something sacred or bigger than tea is another way to turn the ordinary into something extraordinary. Tea isn't something sacred at all. It's made by humans from plants that grow like other plants. And like any food, the better you prepare it, the better it will taste. But when you turn your tea into a ritual with all your attention and care, than the whole process and ritual will feel meaningful, not just the tea.

3. Mirror: The Chaxi echoes something in us. The delicate fragrances of the tea may unlock memories in our brain. Or maybe the bliss we experience with the beauty inspires us to create something beautiful or to feel grateful... The Chaxi is meaningful because it connects with our emotions, or it expresses them. 
These 3 elements: Story, Ritual and Mirror can be part of a successful Chaxi. But they still require and presuppose your (full) attention! Of course, there are many ways to make good tea, but thinking of these 3 elements will help you make your tea particularly meaningful! Your mind might even find the way to a forest!

Tuesday, September 03, 2019

TeaMasters fait sa rentrée littéraire

Beauté Orientale de Hsin Chu
Ce n'est pas tous les jours que j'écris une nouvelle sur la Chine ancienne et le thé. C'est même la première fois! Et les premiers retours de lecteurs sont bons:

- Nate: "I like the story. It has a real classical feel".

- Elisabeth: "I am totally enchanted by your story. You’ve managed to create the magical quality of a folk tale or legend, complete with tests, obstacles overcome, lessons learned, treasure discovered; a charming “once upon a time” story in a historical setting. It’s both lighthearted and thought-provoking. Pure pleasure!"

J'attends avec impatience les impressions de mes lecteurs Français!

Le déclic pour cette nouvelle m'est venu, je crois, après l'achat d'une BD à la librairie Le Pigeonnier, la librairie française de Taipei. Cette BD est La légende du Héros Chasseur d'aigles selon le roman de Jin Yong, un des romanciers les plus lus de Chine. Cette histoire m'a transporté dans la Chine d'autrefois et j'ai eu envie d'y rester un peu plus avec une histoire où le thé occuperait une place centrale.
J'ai situé mon histoire autour de l'an 370 après JC. On est donc quelques siècles avant la dynastie Tang et le Classique du Thé de Lu Yu qui documente clairement comment il préparait le thé. Dans les dynasties antrieures, les méthodes de préparation et les connaissances de cette plante n'étaient pas aussi claires. Ma légende offre donc une explication, parmi d'autres, comment on est passé du thé utilisé comme épice dans une soupe, à un breuvage presque exclusivement composé de feuilles, auquel on rajoutait juste un peu de sel.
 Avant les Tang, les feuilles de thé n'étaient que rarement bouillies seules, mais souvent avec d'autres ingrédients. Et on les utilisait soit en poudre ou en feuilles entières. Mais dit comme cela, il est probable que vous l'aurez oublié d'ici un mois. C'est pourquoi j'ai essayé de faire passer cette information et d'autres connaissances au travers d'un petit conte. Le thé êtant surtout un plaisir, il est bon de ne pas toujours le prendre trop au sérieux! Teaparker nous disait même récemment qu'il ne faut pas en faire une religion ou un produit aux vertus magiques! Ses effets sont réels, mais on peut les expliquer rationnellement.

Ajout du 6 septembre:
Laurent m'envoie ce commentaire de ma nouvelle: "J'ai bu ta nouvelle d'un trait avec délice. Bravo! C'est très bien écrit, dans les règles de l'art du conte."
Et je vous rappelle que 'Le rêve de thé de l'empereur Fei' est offert pour tout achat de plus de 90 USD sur tea-masters! J'en profite aussi pour vous informer de quelques nouveau thés: un Tuo Cha de Xiaguan de 2004 à 10 USD les 100 gr, une galette de puerh cru 'paon' de 2007, un thé blanc d'Anji de ce printemps, une Beauté Orientale de Hsin Chu cet été et plusieurs belles théières d'Yixing... Et profitez des 18 thés en promotion!