Saturday, June 13, 2020

Wenshan Baozhong de 50 ans


Il me reste quelques feuilles de ce Baozhong dans cette jarre qinghua de la dynastie Ming. Ces feuilles viennent de mon maitre de thé, Teaparker. Il m'avait demandé de faire un Chaxi pour infuser ce thé en présence de sa nouvelle classe de Tea Sommelier au Landis de Taipei, la semaine dernière. Et comme nous n'avons infusé ce thé que deux fois, j'ai pu continuer à le déguster chez moi, avec les mêmes accessoires.

Ce qui est intéressant, c'est que ses élèves avaient déjà bu le même thé le jour précédent, lors de leur première journée de cours. Deux autres étudiants expérimentés avaient préparé ce Baozhong: un le matin, l'autre l'après-midi. C'était donc la troisième fois qu'ils buvaient le même thé, préparé par quelqu'un d'autre avec d'autres accessoires (mais avec la même eau). Et ce qui les a frappés, c'était combien les arômes changent d'un Chaxi à l'autre! C'est aussi ce qui m'a fasciné quand j'ai commencé à prendre des leçons avec Teaparker: sa capacité à infuser le même thé mieux que ses élèves. A chaque fois, donc pas par chance, mais par gongfu, savoir-faire.
Le Chaxi est donc bien plus qu'une démarche esthétique. Elle respose sur des connaissances, de l'expérience qu'il s'agit de réunir en un savoir-faire. Et le tout vise à faire comprendre le thé pour en faire ressortir ses arômes les plus vrais et caractéristiques. 
Or, pour mon infusion, ces nouveaux élèves dirent qu'elle différait en un point important avec celles du jour précédent: chez moi, ils arrivaient à goûter à la fraicheur, à l'énergie originelle du thé. Avec les Chaxi précédents, ils avaient surtout ressenti le côté vieux et médicamenteux du thé! En cela, ils ont pu faire une expérience formidable: goûter la jeunesse et la pureté d'un Baozhong d'il y a un demi siècle! Voici l'un des plaisirs les plus raffinés du monde du thé: transcender le temps avec des arômes d'une grande pureté.
L'astuce - le secret pas si secret vu que j'en parle souvent - pour bien infuser un Oolong torréfié, c'est d'utiliser une bonne jarre en porcelaine pour réveiller et affiner les feuilles avant leur infusion. Mais ce n'est pas la seule astuce. Le thé est si sensible que chaque détail a un impact. C'est pourquoi c'est frustrant pour qui veut faire des progrès rapides. S'il est parfois possible d'avoir une illumination dans son chemin du thé, la plupart du temps, l'apprentissage se fait de manière très graduelle et requiert une pratique régulière. Mais rien de tel que du bon thé pour nous motiver à apprendre!

1 comment:

Cole Wiebe said...

Beautiful Qinghua jar.

I've been taking your advice, allowing my tea to open up in a tea jar before brewing it. I had always seen the tea container as simply a storage vessel, but I am now using it as I would a decanter, to allow a bottle of wine to breathe before dinner.