Tuesday, September 07, 2021

Le thé infuse 'Le Rêve dans le Pavillon rouge'


Pour ma vidéo de rentrée, je vous ai parlé du plus grand roman chinois classique, 'Le rêve dans le pavillon rouge' de Cao Xueqin. C'est un livre que je vous recommande de lire pour tout un nombre de raisons.

Commençons par celle qui est le plus en rapport avec la passion qui nous réunit sur ce blog: le thé! Ce roman n'a pas le thé pour sujet principal, mais, avec plus de 400 mentions du caractère cha/thé, notre boisson favorite est très présente tout au long de l'histoire.

Non seulement l'auteur parle de thé dans le contexte historique du début de la dynastie Qing, mais en plus il le fait dans un cadre très raffiné, celui d'une famille puissante, proche du palais impérial. Et si Cao Xueqin arrive à si bien décrire cette 'ambiance de luxe, c'est car il est lui-même issu d'une famille qui a été très riche. En effet, son arrière grand-mère fut la gouvernante du futur empereur Kangxi, et son grand-père, Cao Yin fut son compagnon d'étude. C'est pourquoi, lorsqu'il accéda au trône, il nomma Cao Xi, le mari de sa gouvernante, au poste d'intendant des soieries impériales de Nankin. Puis, à la mort de Cao Xi, c'est son fils Cao Yin, l'ami d'enfance de Kangxi, qui lui succéda. 

Or, la soie était l'un des produits de luxe chinois par excellence. Son administration permettait de gagner beaucoup d'argent, car la soie servait notamment à confectionner les habits de l'empereur et de toute sa cour! Grâce à cette charge, les Cao avaient aussi un contact direct et privilégié avec un empereur qui leur a même plusieurs fois rendu visite, honneur suprême.

Mais tout n'est pas que luxe, calme et volupté dans la vie et dans ce roman. Dans la vraie vie, à la mort de l'empereur Kangxi, avec l'accession de Yongzhen au trône, ce poste d'intendant des soieries fut confié à un proche du nouvel empereur et les propriétés de la famille Cao furent confisquées. Cao Xueqin doit faire preuve de beaucoup d'imagination pour que son livre n'apparaisse pas comme autobiographique, car il pourrait s'attirer les foudres des censeurs et d'un empereur qui a beaucoup de morts sur la conscience. 

Aussi, le vocabulaire est parfois cryptique, poétique ou très précis. Si bien que dans les facs de lettres chinoises, on a des chercheurs qui se consacrent à l'étude 'du rouge' (hong xue), c'est à dire à l'étude de ce livre majeur, pour bien comprendre tous ses sous-entendus et allusions. Or, en ce qui concerne les nombreuses allusions au thé et aux accessoires, les experts littéraires se sont pratiquement toujours trompés! Et c'est normal, car ils ne sont pas experts en thés ou en céramiques!

Je vous propose donc de lire ce livre. Dans quelques mois, je commenterai alors toutes ces références mystérieuses et vous fournirai les clés et les explications des références au thé!

Bonne lecture! Et elle n'en sera que meilleure si elle est accompagnée d'un Oolong ou d'un puerh de ma sélection! (Note: sur ces photos, en plus des assiettes de la dynastie Qing, j'ai utilisé ma théière zisha datant du règne de Qianlong, contemporain de Cao Xueqin!) Rarement le plaisir du thé n'accompagne avec autant d'à propos la lecture d'un livre.

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