J'aime boire du thé avec tous les gens qui aiment boire le thé, et cela quelque soit leur origine, leur religion, leur convictions politiques, leurs habitudes alimentaires, sexuelles... Partager le plaisir d'une bonne coupe de thé est un tel acte de fraternité que je n'aime pas le gâcher par des sujets qui divisent.
Aussi, en règle général, je n'aime pas trop la confusion des genres et ce mouvement de politisation tout azimut. Je n'ai pas envie que le thé soit de droite ou de gauche ou du centre ou des extrêmes. Le thé doit rester la boisson universelle de tous. J'écris donc ces lignes sans sectarisme et sans désir de politiser ma boisson favorite.
Néanmoins, je trouve que l'histoire du thé nous permet de mieux comprendre les grands enjeux de notre humanité. Prenons le thé durant la dynastie Song (960-1279). La Chine était alors au faîte de sa gloire. Prospère et instruite, la Chine d'alors était technologiquement bien supérieure aux autres nations.
Que se passa-t-il alors avec le thé? Durant la dynastie Tang qui précéda, les feuilles de thé vert étaient broyées, mais moins finement, et simplement cuites quelques secondes dans un chaudron, avec un peu de sel, avant qu'on ne partage cette boisson dans des bols plus petits.
La méthode Song va vers plus de finesse:
- pour faire le thé en poudre matcha, on ne récolte que les bourgeons, la partie la plus concentrée et qualitative de la plante. Agriculture bio et raisonnée. Transport facilité.
- Tout est bu: zéro déchet.
- la méthode de préparation est personnalisée: chacun son bol. Indivualisme au sein de la tradition.
- le fouet en bambou permet de faire ressortir la mousse du thé, le côté le plus onctueux et délicieux de ce thé. Plaisir.
- Quand on a tout bu, il reste le plaisir d'admirer les variations chromatiques de noir et de brun. La beauté du bol Jianyang est simple et moderne, mais profonde à la fois. Art.
Le thé de la Chine des Song montre la voie comment évoluer dans un monde de plus en plus riche. La réponse, c'est plus de qualité et moins de quantité. L'enjeu est de faire en sorte que la baisse de quantité est plus que compensée par une hausse de qualité. On peut alors continuer à parler de progrès. C'est le cas quand le plaisir augmente plus que le prix, par exemple. Pour cela, il faut avoir un palais sensible et expérimenté.
L'exemple venait du haut. L'empereur Song Huizong ne fit pas une loi, mais écrivit un traité du thé qui permet de propager cette méthode de préparation par l'exemple et le désir plutôt que par la coercition.
J'espère que ces quelques reflexions ne vous auront pas apparu trop 'politiques'. Ceci n'est pas un non plus appel à ne boire que du matcha ou bien à monter en gamme dans vos thés si vous êtes étudiant et n'arrivez pas à boucler vos fins de mois! Ce sont juste quelques reflexions sur les parallèles entre nos problématiques alimentaires et économiques actuelles et le thé de la dynastie Song.
Etudier le thé des Song, c'est contempler la voie d'un avenir radieux et raffiné pour l'humanité!
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