Dans le monde du thé chinois, on aime bien mettre en avant les vertus du thé selon les 3 doctrines que sont:
1. Le Confucianisme: l'apprentissage, le respect des maîtres à thé, des traditions...
2. Le Bouddhisme: la méditation et le calme zen,
3. Le Taoïsme: la recherche de l'harmonie (avec la nature) et du souffle créatif.
Mais si l'on invoque le thé pour ces grandes vertus, c'est souvent parce que celles des hommes et des femmes laissent à désirer. Or, dans Chine de la fin de la dynastie Qing et du début de la République, la maison de thé était souvent un endroit mal famé où les hommes riches venaient déguster quelques coupes en compagnie de femmes de petite vertu!
Voici l'anecdote qui choqua le plus mes deux étudiants à qui j'avais donné rendez-vous dans une maison de thé proche de chez moi! En effet, il est quand même étonnant que les seules maisons de thé à Taiwan durant les premiers temps de la dictature nationalistes furent des maisons closes! Les maisons de thé que nous connaissons de nos jours datent des années 1980, lorsque la société commença à se libéraliser. Avant cela, le gouvernement de Chiang Kai-Shek ne voulait pas que les citoyens puissent se retrouver, discuter et se liguer contre son pouvoir dans des endroits publics. Seules les maisons closes étaient tolérées, car elles étaient contrôlées par des mafias dangereuses, même pour la dictature.
C'est donc grâce à la démocratie et à la liberté de se rassembler en public que le thé a pu retrouver son innocence et ses vertus!
Ce cours commença par ce Jinxuan Oolong d'Alishan, puis ce Qingxin Oolong de Tian Chi pour montrer le meilleur de ces 2 cultivars en version pure et fraiche de haute montagne. On s'est amusé à les infuser en porcelaine. Moi avec un gaiwan et versant directement dans les coupes et mes étudiants en petite théière versant dans une petite cruche.
En effet, le gaiwan était trop chaud et ils n'arrivaient pas à le manipuler. Une leçon risquait d'être trop courte pour leur apprendre le coup de main. Et il y avait déjà de quoi apprendre avec le versement de la théière! Ce n'est pas aussi évident que cela en a l'air d'obtenir un geste d'harmonie et de constance sans en mettre partout! Et cela nous donna le temps d'infuser un troisième Oolong d'un autre genre: un Hung Shui de Dong Ding. C'est un de mes préférés, car sa torréfaction lui donne un caractère puissant et immarcescible. Et, visiblement, je ne suis pas le seul à l'aimer!
En soi, le thé n'a pas de vertu ; c'est l'usage qu'on en fait qui la détermine! Par contre, on a pu voir que mieux on maitrisait la préparation des feuilles, meilleur est le thé qu'on obtient. Voilà de quoi motiver ces jeunes et brillants amateurs de thé!
The Chanoyu Hyaku-shu [茶湯百首], Part III: Post 58.
12 hours ago
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