Friday, July 20, 2007

Guei Fei Cha, thé de la concubine


Cet Oolong de Feng Huang (Dong Ding) est une innovation assez récente (2 à 3 ans). Elle s'inspire de l'Oriental Beauty. C'est donc également un Oolong d'été qui a été mordu par les insectes. Ces morsures entrainent l'oxidation naturelle des feuilles alors qu'elles se trouvent encore sur leur arbre. Cela donne un goût mielleux particulier à ces feuilles. J'ai d'ailleurs appris que les fermiers de Feng Huang avaient suivi une formation donnée par des fermiers d'Oriental Beauty pour leur apprendre comment faire ce thé!

Comme la présence de certains insectes est souhaitée, les fermiers ne mettent plus de pesticides dans les plantations et n'utilisent pas d'engrais artificiels. Cette méthode naturelle a aussi pour conséquence que les arbres les plus faibles deviennent alors la proie d'insectes nuisibles. Le fermier doit alors accepter de perdre un arbre (cf photo) pour avoir ces morsures.

On remarque aussi le lichens sur le tronc de cet arbre mort. Cela montre que cet endroit n'est pas pollué et que le fermier n'a pas essayé de s'opposer à la mort naturelle de cet arbre de luanze Oolong.
Contrairement aux plantations non organiques, on remarque une foison de petits insectes virevolter lorsque l'on marche parmi les arbres.

Mais pour les photographier, il faut s'approcher un peu plus prés. On voit alors une mouche:


Ou une sauterelle.

Mais n'est pas celle-ci qui mord les feuilles d'Oolong. La 'tea jassid' (qu'on peut traduire en jasside du théier, j'imagine -je n'ai pas le nom latin-) est plus petite et plus difficile à photographier. En journée, elle préfère se cacher sous les feuilles pour éviter le soleil. A Feng Huang, je n'ai pas réussi à la photographier. Je ne savais pas comment chercher. Mais le jour suivant, près de Hsin Chu, un fermier d'Oriental Beauty a réussi à en trouver et à me les montrer. Vous allez comprendre pourquoi les photos de ces criquets sont rares sur le web: ils sont tout petits!

Vous voyez que ce n'est pas grand du tout. A peine quelques millimètres! C'est notre chance, d'ailleurs. Car s'ils étaient plus grands, il mangeraient toute la feuille au lieu de simplement en mordiller un petit bout!

La prochaine photo est, il me semble, une exclusivité mondiale sur le web: 2 jassides sur un même cliché!
Il est probablement en train de lui conter fleurette. Ne les dérangeons pas, et retournons à notre Guei Fei!


Nous pouvons voir que la couleur des feuilles sèches est verte sombre, dénotant une oxidation et une torréfaction supérieures. Mais on voit aussi quelques parties blanches, les bourgeons les plus tendres. Les feuilles ouvertes, rougies par l'oxidation, montrent que ce luanze Oolong a une oxidation plus forte qu'un Dong Ding classique, et qu'elles ont été mordues de toute part. C'est d'ailleurs aussi pourquoi j'ai choisi ce Guei Fei récolté le 21 juillet 2006, plutôt que d'autres récoltés plus tôt. C'est le plus attaqué par les insectes et donc aussi celui au goût mielleux de 'Guei Fei' le plus prononcé.

Le goût se rapproche un peu de celui d'un Oriental Beauty, mais il garde aussi le goût de son terroir Dong Ding, plus Oolong que thé rouge. Je trouve cette récolte meilleure que celle de 2005.

Pour moi, le fait qu'un thé soit 'bio' n'est pas un critère de qualité. Dans le vin, aucun grand cru classé n'éprouve le besoin de se faire certifier 'bio' car leur qualité est suffisante et présuppose des raisins sains. Pareil pour le thé. On ne peut pas faire un bon thé avec des feuilles nourries de produits chimiques. Cela finit par se ressentir. Ce que j'apprécie dans la démarche de ce thé de la concubine (et dans l'Oriental Beauty), c'est que ces fermiers ont choisi une méthode organique au service du goût et de la qualité du thé.

Les notes en bouche sont fruitées et douces. Il dure et dure, et se laisse infuser de nombreuses fois. Je n'en dis pas plus, afin de laisser à chacun le loisir d'en faire la découverte par soi-même (clin d'oeil à SoL qui fit un commentaire sur ce thème il y a quelques jours!)

13 comments:

Anonymous said...

Bonjour Stéphane,

Je lis toujours ton blog avec beaucoup d'intérêt
Excuse moi d'employer le moyen du commentaire pour te joindre, mais j'ai cherché à te joindre en mail, mais l'adresse que j'ai date d'un an et mon mail m'est revenu non distribué à son detinataire. Pourrais tu me communiquer ton adresse mail afin que je puisse te passer une commande de thé ?

Merci.

silhoue@free.fr

jeancarmet said...

Article très instructif Stéphane.
Je suis ravi de pouvoir enfin voir à quoi ressemble ces fameux insectes !

Anonymous said...

Hello Stephane,

Just for a minute I thought you have changed your post's language...then I have found that you use both languages... keep the good work going on...

Marco said...

Le monde du thé c'est intéressant mais avec tes observation c'est encore plus intéressant.
Merci

venant tout droit de provence , said...

ma femme m' a offert un livre hier et dedans il y a une photo de cet insecte qui s' appelle Jacobiasca formosana Paoli . drole de coincidence :-)

TeaMasters said...

Jacie avait mal retenu mon adresse email. Je l'ai contactée directement.

Merci pour vos commentaires et notamment Bejita pour le nom latin de notre petit insecte.

Groumpf said...

Merci pour cet article et l'échantillon.

Je ne m'y suis essayé qu'une fois et lui ai trouvé des parfums de noisette et amande, probablement la torréfaction encore trop récente. Le côté fruité était très en arrière, presque masqué. A laisser reposer un peu (ou alors ça n'est tout simplement pas à mon goût ?).

Ce thé semble avoir évolué bien différemment des oriental beauty, dégusté en parallèle avec un Hsin Chu 2005 on se rend compte que tous deux n'ont pas grand chose à voir et ont leurs propres personnalités.

La qualité est en tout cas là, ces fermiers semblent en train de réussir leur pari.

Anonymous said...

Hey,
greetings an the best wishes from Dr. Tea, Germany.
Please watch my blog: www.teelog.de.
Sorry, but my french isn't as good enough to understand all your postings, but I recognize it is written with love and tea knowhow.

Anonymous said...

Bonjour Stephane ! Une idée me traverse l'esprit : et si l'on perse la feuille de thé avec une aiguille par exemple, réagira-t-elle de la même manière. Pourquoi ?

Raphael said...

Vraiment très intéressant et fort bien illustré.
Comme disait Jean Carmet, on lui voit enfin le portrait à cette bestiole.
Merci de t'efforcer de partager les informations que tu peux glaner a fil du temps.
C'est un plaisir de passionné et en même temps la preuve d'une véritable générosité.

Anonymous said...

Bonjour Stéphane,

Aurais-tu par hasard une idée du degré de concentration de théine du Guei Fei Cha. J'ai le sommeil facilement troublé si je bois un thé fort en théine tard l'après-midi. Je crois que les thés qui ont subi une torréfaction ont une concentration habituellement moins élévée en théine que les autres thés mais c'est peut-être seulement une idée que je me suis faite. En passant, tes photos sont superbes et tes articles hyper intéressants.

Merci

TeaMasters said...

Jérôme,

La torréfaction n'est pas si récente. Mais c'est vrai qu'elle est assez présente car plutôt forte. Je trouve que cela lui donne un goût plus typique pour la région Dong Ding, alors que non torréfié, il fait plus penser à une pâle imitation du Oriental Beauty. Ensuite, c'est donc une question de goût d'aimer ou non un Oolong fortement oxidé et fortement torréfié.

La piquure avec une aiguille ne donnerait pas le même résultat. Ce qui cause l'oxidation, ce n'est pas que la morsure, mais aussi la réaction avec la 'salive' de notre petit criquet.


Line,

La torréfaction rend les Oolongs plus digestes, et je trouve aussi qu'ils calment (alors que les Oolongs 'verts' excitent). Mais c'est aussi une question d'habitude de l'organisme et de quantité.
Quand je bois le thé très régulièrement, il ne m'empêche pas de dormir.

Merci à tous pour vos commentaires et vos questions.

Mat said...

J'ai reçu un petit échantillon de ce thé avec ma dernière commande, je l'ai préparé en gong fu cha avec une théière de 20cl, une tasse en céladon de 6cl (qui donne une jolie couleur au liquide) et des infusions allant de 30 secondes à 2 minutes pour la dernière (5 infusions au total). Et bien je dois dire que j'ai été agréablement surpris : je trouve que l'on sent très bien le coté doux et sucré de ce thé, presque mielleux. La dégustation fut longue (un peu plus d'une heure trente) tellement les saveurs restaient longtemps en bouche. Je pense même que j'aurais pu tenter encore une ou deux infusions si j'avais voulu pousser un peu plus loin.

Il est donc fort possible que je commande de ce thé lors d'une prochaine commande s'il en reste !