Friday, August 30, 2024

Les boissons dans 'Le ventre de Paris' d'Emile Zola

 'Le ventre de Paris' est le troisième livre de la saga des Rougon-Macquart d'Emile Zola. Nous changeons une troisième fois de milieu social. Après la famille pauvre d'une ville provençale, nous avions atteint l'élite financière de Paris. Cette fois, l'histoire se passe autour des Halles, le cœur des boutiques d'alimentation de Paris. Lisa, la cousine de Saccard, dirige avec son mari, Quenu, la charcuterie Quenu-Gradelle. Florent, le beau-frère de Lisa, s'est échappé de Cayenne et a accepté un travail de contrôleur des poissonniers des Halles. Lettré idéaliste, il fomente une insurrection avec d'autres hommes qui se retrouvent tous les soirs chez un "marchand au vin"! Cette expression revient le plus souvent dans ce roman, 11 fois en tout plus une mention de 'commerce de vin'. Et c'est bien chez ce marchand que se noue le nœud de l'intrigue!

Pour ce roman, les boissons sont si souvent mentionnées que je ne vais pas recenser toutes les phrases, mais vais me contenter d'analyser les plus intéressantes. Mais voyons d'abord quelles sont les boissons que Zola met dans la bouche de ses personnages du Paris des boutiquiers du milieu du XIXe siècle:

En plus de 'marchand de vin', le 'vin' comme boisson est mentionné 4 fois.

On a aussi 4 mentions de 'choppe', 2 mentions de 'brasserie' et 1 mention de 'bière'.

'Café' et 'grog' sont mentionné 4 fois également. 'Punch et 'cassis' ont droit à 3 mentions et 'eau-de-vie' a 2 mentions.

Ces boissons ont droit a une mention: vermouth, absinthe, liqueurs, mazagran*, rhum, gloria**, tisane et bouillon.

* Mazagran: breuvage dont le nom et l'usage date de l'héroïque défense de Mazagran, en Algérie, par le capitaine Lelièvre ; on sert, dans un verre profond, du café noir, avec une cuiller à long manche, pour mêler le sucre et l'eau et quelquefois l'eau-de-vie que le consommateur ajoute (Littré)

** Gloria: mélange de café sucré et d'eau-de-vie ou de rhum.

Il n'y a pas de mention de notre breuvage préféré, le thé, dans ce roman, mais on y trouve une mention originale du mot 'théière'.

Chapitre II, page 653

"A l'un des bouts, les théières de porcelaine pour le vin chaud et le punch, cerclées de cuivre, dormaient sur le fourneau à gaz"

Commentaire: Tout comme en Chine, la porcelaine avait un double usage en France aussi: pour le vin ou pour le thé! Laissée sur le fourneau, le vin chaud gardait ainsi sa chaleur et pouvait être versé instantanément. Il est aussi intéressant de noter que ces théières étaient cerclées de cuivre. Cette ancienne tradition (toujours populaire en Thaïlande) avait pour fonction première de protéger les parties les plus fragiles de ces porcelaines, et de les rendre plus belles.

Bec cerclé de cuivre d'une théière Yixing pour le marché Thaï

Il n'y a que 2 mentions d'excès d'alcool dans ce roman:

1. Chapitre I, page 568

"Au poste de la rue de la Lingerie, des soldats ivres voulurent le fusiller ; ils avaient déjà allumer le falot, quand l'ordre vint de conduire les prisonniers au Dépôt de la préfecture de police."

2. Chapitre II, page 602

"Les idées de Lisa étaient que tout le monde doit travailler pour manger ; que chacun est chargé de son propre bonheur ; qu'on fait le mal en encourageant la paresse ; enfin que, s'il y a des malheureux, c'est tant pis pour les fainéants. C'était là une condamnation très nette de l'ivrognerie, des flâneries légendaires du vieux Macquart."

Cette seconde mention renvoie au premier livre de la saga, et donc dans cette histoire, les seuls ivrognes sont les soldats qui faillirent tuer le personnage principal du roman.

Ainsi, Zola nous dire que la petite bourgeoisie parisienne buvait des alcools divers, parfois mélangés à du café, des fruits (punch) ou de l'eau sucrée (grog), mais que cela n'allait pas, ou rarement, jusqu'à l'ivrognerie. Le manque d'argent explique aussi que les clients des marchands de vin font en sorte de boire leur verre très lentement afin qu'il dure toute la soirée. Ces gens éduqués sont trop raisonnables pour s'enivrer d'alcool. Parler politique et révolution est bien plus grisant, mais encore plus dangereux, comme on le découvre à la fin de l'histoire! La classe moyenne parisienne est donc celle qui souffre les moins d'alcoolisme, car sa vie de labeur ne lui permet pas ce genre d'excès!

Conclusion: l'analyse des boissons de ce roman nous permet de constater que le thé n'avait pas encore atteint la petite bourgeoisie parisienne du Second Empire. Les seules théières en porcelaine présentes dans ce roman servaient à garder du vin ou du punch au chaud chez les marchands de vin.

Note: Ce dimanche matin, nous reprenons (doucement) les cours de thé en direct sur ma chaine YouTube. Ce sera l'occasion de vous rappeler que nous étudierons ces thés Oolong durant ce semestre. La meilleure manière pour apprendre l'art du thé est de combiner la théorie et la pratique. Ces thés de grande qualité conviennent aussi bien aux débutants qu'aux amateurs expérimentés.


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