Friday, February 17, 2012

Wu Yi Shui Xian Yan Cha 2011 (avec vidéo)


Les monts de Wu Yi dans la province du Fujian ont vu s'écrire de nombreuses pages de l'histoire du thé (comme le montre cette série de documentaires). Cette région mythique et mystique, par ses nombreux vieux temples, a su rester ce paradis perdu du thé, avec son sanctuaire protégé et inaltéré. Les vieux théiers poussent de manière épars, en totale harmonie avec la nature environnante. Selon Lu Yu, la roche rouge est celle qui convient le mieux au thé. C'est justement la couleur des rochers de Wu Yi.

Quand on a un thé exceptionnel, on le prépare avec ses meilleurs ustensiles et avec le plus d'attention possible. C'est donc tout naturellement que je fais bouillir ma tetsubin sur un lit de braises incandescentes.

Je n'ai pas lésiné sur la quantité de feuilles, mais ne raccourcis pas l'infusion pour autant. Aussi, la couleur du thé est d'un brun foncé très transparent. 

 Le Yan Cha est un thé difficile à étudier, car il n'est pas aisé à trouver. Sa renommée et sa qualité sont telles que tous les amateurs d'Oolong espèrent en boire. Or, on en récolte qu'une seule fois par an, au printemps, sur une superficie très limitée. Cette forte demande et faible offre a pour conséquence que de très nombreux fermiers et marchands produisent et vendent des simili Yan Cha. Ce sont des Oolongs faits soit aux alentours de Wu Yi ou même dans d'autres provinces, et torréfiés de manière presque semblable. Aller acheter son Yan Cha chez un fermier de Wu Yi n'est pas une garantie d'authenticité, loin s'en faut. Eux sont confrontés au même problème: ils récoltent bien moins que ce qu'ils pourraient vendre!

Dans la majeure partie des cas, on obtient alors du thé trop torréfié qui vous serre la gorge de manière désagréable. Parfois, on peut aussi trouver de bonnes imitations, mais rarement à bas prix, car pour passer pour un Yan Cha, le prix doit rester crédible (c'est à dire très élevé). Mais même la meilleure copie n'aura pas l'odeur inimitable de ces lichens qui poussent sur les rochers et cette profondeur et connection avec la nature qu'ont les Yan Cha.
 Ci-dessous, je vous propose de partager quelques moments d'harmonie totale durant mon Cha Xi:



Ce jour de froid, la fumée du thé est particulièrement épaisse. Mais dès la première infusion, mes membres retrouvent la chaleur. Un cha qi intense et fin se dégage de ces feuilles.



Mon choix musical durant ce Cha Xi s'est porté sur Esther Ofarim. Elle chante en hébreu avec toute la nostalgie et la mélancolie du vieux peuple juif. Par instant, je me trouve transporté dans l'univers des ghettos d'Europe de l'Est. C'est beau et triste, comme une innocence perdue.

Mais dans ses chants, on trouvera aussi des notes d'espoir, de renouveau. Je pense alors aux temps pioniers d'Israël. La jeunesse dans les kibboutz me rappelle mes 22 ans et mon séjour près du mont Tabor, à deux pas de Nazareth...

Tel est le pouvoir évocateur de cet Oolong: il combine la douceur de la torréfaction avec la force de la nature. Je suis resté bouche bée par toutes ces émotions qui remontèrent en moi.

Après plusieurs infusions, les couleurs s'éclaircissent peu à peu. Si le thé perd un peu en potence, il conserve une douceur, un sucré naturel et son goût devient de plus en plus frais.
Les feuilles se déplient toutes comme celle en bas à droite. Elles portent les marques d'une oxydation partielle sur le bord des feuilles. La surface de ces feuilles est très particulière. Les anciens parlaient de pattes de crabe. Elle n'est pas lisse, mais a des aspérités.

C'est la première fois depuis la création du blog que je suis en mesure de partager avec vous un vrai Yan Cha dans ma sélection. (J'espère que cela ne sera pas la dernière!) Malheureusement, je n'en ai que pour 20 personnes (à raison de 10 grammes maximum, en fonction de la taille de votre théière)... Aussi, je ne le recommande que pour les amateurs (et professionnels) passionnés.

3 comments:

David said...

Je m'en doutais qu'un jour ou l'autre, tu allais nous proposer du wu yi yancha!

Je dois avouer que j'ai longtemps fais l'impasse sur ces thés, ayant gouté des échantillons plutot médiocres en général. Ce n'est seulement dernierement que j'en ai découvert quelques uns que je bois avec plaisir, meme si je trouve que les oolongs taiwanais me procurent bien plus de satisfaction à un prix bien plus raisonable.

Ton offre serait une belle occasion pour moi de gouter un vrai yancha!

David

Patrick said...

I love the use of videos in this post and the cha xi is absolutely stunning.

-Pat P

TeaMasters said...

David,
J'ai une étagère pleine d'Oolongs venant d'autour de WuYi ou de plus loin et qui portent les noms des Yan Cha. Achetés il y a plusieurs années déjà, aucun ne m'avait enchanté. Ce n'est pas non plus une question de goût auquel il faudrait s'habituer. C'est effectivement juste un problème de rareté de la bonne qualité (et de son prix correspondant).
Je suis d'accord avec toi, les Oolongs de Taiwan procurent du plaisir à des prix bien plus raisonnables.

Thanks Patrick! It just felt right to make a video to capture the mood.