Thursday, November 20, 2008

Voyage dans le pays du Oriental Beauty

La semaine dernière, durant le séjour de mes parents à Taiwan, je les ai conduits dans le comté de Hsin Chu. Il faisait gris et un peu pluvieux à Taipei, mais un ciel bleu éclatant là-bas, à seulement 1 heure de voiture. On a commencé par visiter Bei-Pu, le village voisin d'Emei.
Ces 2 villages ont une rivalité de clocher (ou de temple) typiquement campagnarde concernant l'Oriental Beauty.
Les fermiers de ces deux bourgades en produisent et chacun dit que le sien est le meilleur. La querelle s'étend même aux compétitions d'Oriental Beauty: Bei-Pu et Emei organisent chacun leur compétition de Pong Fong Cha / Dong Fang Mei Ren (OB) au lieu d'en faire une commune.
(Note: Pong Fong Cha signifie thé du vantard! C'est un nom qui lui va bien! Au départ, ce nom provient de la fin du 19e siècle, lorsque, pour la première fois, un fermier de cette région ne s'est pas découragé face aux criquets qui mangeaient les récoltes d'été. Il fut le seul à quand même produire du thé malgré les feuilles abimées. John Dodd, un marchand anglais, finit par lui payer un prix élevé pour son thé. Le fermier n'arrêta pas de se vanter de son exploit et c'est pourquoi ses voisins appelèrent ce thé Pong Fong Cha!)

Je profite alors de cette excursion pour comparer les thés des 2 villages. Celui de cet été de Beipu (niveau de prix du moins cher de ma sélection) ne me plait pas. Trop sombre et amer. Je ressens de nombreux défauts dans le goût et une fragrance qui sent plus la terre que le fruité acidulé caractéristique de l'OB. Le niveau au-dessus (top) est meilleur en bouche, mais les fragrances n'arrivent pas à me satisfaire. On me propose alors du niveau top de l'an dernier. Il en reste encore un petit peu. Cette fois, je suis assez séduit. Cet Oriental Beauty commence à donner une odeur rafinée et profonde semblable un peu aux vieux Oolongs. Le producteur me confirme alors que le cru de cette année est inférieur à 2007 (j'avais fait la même observation et cela m'avait conduit à sélectionner un OB d'un niveau de prix plus élevé cette année). Mais je me rappelle ausi que l'an dernier j'avais pu trouver un OB carrément parfait...

On va maintenant chez mon producteur (à Emei) et on y goûte un OB de cet été très similaire au moins cher de ma sélection. Mon père s'exclame alors que celui-ci a un goût très fruité, parfumée même, et que c'est le meilleur qu'il a bu aujourd'hui! J'explique au fermier qu'on vient de goûter à du OB de Beipu. J'aurais pu lui dire que j'avais mis du sucre dans mon thé, sa réaction aurait été la même. Quelle mouche m'avait piqué! Tout rentra dans l'ordre lorsque je lui assurai que son thé (à niveau égal et à saison égale) est meilleur que celui du village voisin. Un producteur est toujours sensible aux compliments, surtout s'ils sont sincères.
Je suis content d'avoir pu confirmé que j'ai fait un bon choix en sélectionnant ses thés. (Ce choix n'avait pas été du au hasard, mais c'est toujours bien de comparer pour obtenir confirmation).

On a fini par une promenade à travers les plantations de théiers Qingxin DaPa d'où provient mon Oriental Beauty (les photos de cet article - remarquez qu'il y a beaucoup d'herbe entre les théier, signe que l'on n'utilise pas de désherbant-). Et j'ai même pu prendre une photo de notre petit criquet vert croqueur de bourgeons!
Ci-dessus, une vue du comté de Hsin Chu. Vous remarquerez qu'on y produit aussi des oranges!

1 comment:

Anonymous said...

Merci Stéphane de nous faire voyager ainsi ! .... et merci au criquet !
Peut-être qu'un jour je foulerai également le sol vert de ce breuvage magnifique qu'est le thé, simplement thé ... sans sucre ajouté !! Je plaisante !

Hélène