Mon premier cours de thé se déroula en France, il y a 16 ans. Son sujet: les vins de Bordeaux! Ce cours d'oenologie m'enseigna à mieux comprendre et apprécier les plaisirs des sens que procure un merveilleux nectar. Arrivé à Taiwan 4 ans plus tard, j'ai vite retrouvé des sensations similaires au vin en buvant les Gao Shan Oolongs. Et vous voyez où cela m'a mené!
J'ai donc été particulièrement heureux d'apprendre qu'un de mes lecteurs est maitre de chai dans le Sancerre. Nous avons fait un petit échange thé contre vin il y a 2 mois environ. Depuis, il m'a envoyé ses notes de dégustation et je les trouve si intéressantes qu'il m'a permis de les publier:
"Thé de la concubine
Voilà un bel equilibre aromatique, concentré, entre fleur d'oranger, pétale de rose et des notes de sous bois genre champignon feuilles sechées qui persistent et prennent le dessus au fil des infusions. peut être cela vient il des fortes chaleurs? [Note de Stéphane: oui, car c'est un thé récolté au début de l'été.]
La bouche est ample genereuse, ronde un certain coté rustique dans sa structure mais ca lui donne une certaine accroche sur le palais et de la persistance. le tout est ma foi fort agreable avec une belle longueur.
Oriental Beauty
Une infusion comme du velour avec quelques notes epicées peut être légerement poivrée, y a un truc qui me titille les narines. Aromatiquement je trouve des notes de champignons, de terre humide, de foin seché de noisette et il y a un cotés sucrés, proche des raisins botrytisées qui donne de la rondeur et qui lie le tout en bouche. Porté par une attaque douce chaleureuse et ample (le coté velour) voila des choses auxquelles je ne suis pas habitué dans le thé mais je crois que j'aime ca, je ne l'ai gouté que deux fois.
Oolong verger de Feng Huang
Ca, ca me plait beaucoup. Un thé franc, vif, des notes fraiches, des tannins présent pour lui donner du corp (pas évident à maitriser d'ailleur l'ors de l'infusion on tombe vite dans l'astringence) une belle longueur pour me rappeller comme la vie peut être douce. Un trés leger cotés fumé, avec de la coco, de l'amande et quelque chose de vegetal, je ne saurais dire quoi. Le thé vert en lui même peu être?
Et puis surtout la mineralité, l'expression du sol presente du début jusqu'en fin de bouche même apres plusieurs infusions ca c'est un regal. C'est pour moi sur ce thé la qu'elle est plus expressive.
D'ailleur, Je serais tres interresser de savoir comment travail ce fermier dans sa plantation.
La nature du sol, le genre de climat ou micro climat, Le type de traitement, la fréquence, le type d'engrais, enfin tout ce qui peut faire sur ces plantes. Si tu peux m'en dire un peux plus ca me ferais plaisir.
Enfin ce thé c'est mon coup de coeur."
Je n'ai pas (encore) eu l'occasion de goûter aux vins qu'il a envoyé chez mes parents (en France). Mais mon père m'a assuré que la première bouteille est fameuse! Il me tarde d'y goûter.
Bonus de fin d'année: Il est aussi possible de faire des cocktails de vin et de thé! J'avais déjà fait l'expérience d'un mélange de Gao Shan Oolong et de Champagne. Un autre lecteur/ami me signale que l'Oriental Beauty se marie aussi avec le Champagne. Dans les 2 cas, on aura infusé et refroidi le thé à l'avance. On verse d'abord le thé dans la coupe, puis le Champagne (pour préserver les bulles). Le dosage dépendra de votre préférence pour l'un ou l'autre breuvage! Santé!
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7 comments:
J'avoue avoir une fois déjà succombé à la tentation du mariage entre un Hsin Chu et un bon champagne.
Je l'ai par contre fait infuser façon thé glacé. DOnc une très (très) longue infusion dans de l'eau froide afin de ne pas avoir d'amertume qui me paraissait être dommageable dans le mariage avec la finesse du champagne.
Très belle photo finale qui résume le propos ! j'aime bien les notes de dégustations : ça change 1 peu de langage tout en étant très explicite !cultures et terroirs et croisent...
Je suis d'accord avec Gingko, ces notes de dégustation m'ont vraiement aidé à imager ces thés,c'est toujours pour moi exceptionnel de pouvoir lire
les notes de dégustations d'autrui car bien incapable d'exprimer par des notes, mes propres dégustations, cela me touche de pouvoire lire comme un poeme celles des autres.
En fait, c'est marrant ce genre de parallèle. C'est vrai que la dégustation de différents produits de bouche présentent des bases communes.
Toutefois, depuis que je suis passé au thé, j'avoue trouver le vin extrèmement lassant.
D'une part le vin ne propose pas une aussi grande variabilité, c'est un produit essentiellement fini alors que le thé ne l'est pas. Le père d'une ami (producteur dans le bordelais) et moi avons servi les mêmes vins, personne n'a été capable de dire qui d'entre le professionnel et l'amateur a servi tel ou tel verre. Je suis certain qu'entre moi et quelqu'un qui s'y connaît en thé, on verra qui s'y connaît, même avec les mêmes ustensiles !
On peut avec le thé en boire de grandes quantités si l'on veut s'en deguster un ou deux toute l'après midi, avec le vin hors de question d'en boire 3l en une demi journée (ce que j'ai déjà fait avec le thé).
Enfin, le thé revient finalement infiniment moins cher. Finalement, même un thé à 100€/100g (ce qui commence à chiffrer, on trouve des trucs vraiment bons à 15€ / 100g !), finalement les 75 cl correctement préparés ne te reviendront qu'à environ 5€ / 1l (en comptant 10 infusions pour un pu er bien dosé à 5g/100ml), c'est infiniment moins cher que du vin. Je m'éclate bien plus avec des thés payés 20€/100g (qui reviennent donc à 1€ /1l) qu'avec des vins payés même parfois jusqu'à 50€ pour 75cl seulement !
Odin,
C'est vrai que cette méthode a l'avantage de ne pas nécessiter de refroidissement. Je le conseille plutôt pour des thés peu chers et amers. Pour un très bon Oriental Beauty, c'est un peu le gacher de ne pas en tirer le maximum avec de l'eau bouillante.
Merci Ginkgo,
C'est vrai que j'aime ces enchevêtrements! D'ailleurs, cet ami lecteur est allé à la Borne récemment et y a vu des créations de David Louveau!! On boucle la boucle!
David,
"Tout le 'savoir' du connaisseur consiste à mettre en accord la bouche qui goûte et la bouche qui parle." écrit Martin Chatelain dans Les Mots du vin et de l'ivresse.
EDP,
Tu as raison sur cette différence entre thé et vin. Le vin est aussi un produit vivant qui change, mais surtout sous l'effet du temps qui passe. Pour le thé, la façon de le préparer joue un rôle primordial et influence tellement son goût.
@Stéphane. Je n'ai bien sur utilisé cette méthode que dans l'intention de l'incorporer au champagne, ceci n'est donc pas une habitude ! De toute facon le champagne dénature le goût du thé ... à moins que cela ne soit le thé qui ne dénature le goût du champagne.
Quoiqu'il en soit je trouve le goût compatible mais pas l'humeur. Je m'explique le thé serait plutôt un moment festif pour moi et le thé plutôt un moment Zen et j'ai donc quelques difficultès sur le ressenti par rapport à cela ... mais pas par rapport au goût. COmme quoi l'équilibre est subltil et le plaisir ne passe pas QUE par le goût.
Excellente idée de post !! J'ai également ressenti le besoin pour pouvoir "mettre en accord la bouche qui goute avec la bouche qui parle" (merci Stéphane pour cette citation !)de me procurer 2 ouvrages sur la dégustation du vin pour affiner celle des thés. Le vocabulaire exprimant nos perceptions sensorielles est pour une large part similaire !
Une "fréquentation" intéressante est de pouvoir affiner ses perceptions olfactives en se sensibilisant à odeurs répertoriées ! J'ai le plaisir de bénéficier d'un certain nombre de petits flacons odorants illustrant les arômes des vins, à défaut du thé. Et bien, le contenu de "l'olfactorium" est très poche de ce que je recherchais pour mieux identifier mes perceptions pour le thé.
J'avoue également, comme pour edp, que je préfère le thé au vin qui m'apporte de plus amples satisfaction en tout point, sans l'ivresse inconfortable autre que celle d'atteindre les cimes des hautes montagnes qui hébergent certains crus de belles feuilles vertes !!
Hélène
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