Cette théière convient parfaitement aux oolongs de haute montagne et aux baozhongs. C'est d'ailleurs pour cela que je l'ai prise, même si j'ai hésité plusieurs mois, vu son prix, deux fois celui de mes deux autres théières en zhuni. Expliquons encore une fois pourquoi on fait ce type de thé dans cette théière:
1. La finesse de ses parois:
Elles sont hyper fines. On appelle une telle théière 'baotai' en chinois, avec bao qui veut dire fin, peu épais. Cela demande un grand savoir-faire et plus de temps pour la réaliser. (Cela explique le prix). Le résultat est une théière de 15 cl qui pèse 50 grammes, alors que la zhuni à motifs de même contenace pèse 90 grammes (poids des thèières vides sans leur couvercle. Add: avec le couvercle, la théière pèse 71 gr). Dans un test précédent, nous avions observé que les parois fines conviennent aux thés fleuris.
Ses parois fines et une haute température de cuisson (nécessaire pour les thés peu fermentés), lui donnent un son très aigü lorque l'on laisse retomber le couvercle sur la théière.
2. La glaise zhuni
Cette glaise rouge est plus dure et a des pores moins nombreux et plus fins que les autres glaises d'Yixing. Cela la rend plus proche de la porcelaine (qui restitue le plus fidèlement le thé) tout en conservant les propriétés bénéfiques de la glaise d'Yixing. Ses minéraux et pores remplis d'air 'filtrent' et améliorent l'eau. Elle tient mieux la chaleur aussi que la porcelaine.
3. Un bec verseur large
Il permet de vider rapidement la théière. Or, un déversement rapide rend le thé plus léger et fleuri, alors qu'un déversement lent donnera plus de corps au thé. Un gros bec est rarement joli et celui-ci peut paraitre un peu trop gros d'un point de vue esthétique. Mais la priorité de cette théière est fonctionnelle (faire le meilleur thé possible) avant d'être artistique.
4. Un filtre intérieur en boule de golf
Celui-ci empêche les feuilles d'oolong de boucher et donc de ralentir l'écoulemnent.
5. La taille de la théière
Cette théière de 15 cl est plutôt grande pour une théière de gongfu cha. En fait, cela correspond bien à la taille des oolongs de haute montagne. Leurs feuilles sont plus grandes, car elles poussent plus lentement sous un climat plus frais.
6. La forme.
Sa forme ronde permet aux oolongs de s'étirer de leur boule dans toutes les directions. Mais elle n'est pas complètement ronde (ce qui aurait été parfait pour le oolong), mais est un peu aplatie. Cela fait que, du point de vue de la forme, elle convient encore mieux au baozhong.
Deux essais avec mon Da Yu Ling:
1. La première fois que j'ai fait de mon meilleur oolong de haute montagne (1800 mètres) dans cette théière, j'étais un peu sceptique. Mais mes doutes furent rapidement balayés. Je redécouvrais un thé plus frais et plus léger que jamais. Les infusions se succédaient rapidement car le plaisir était vraiment au rendez-vous. Les notes d'orchidées étaient plus claires et nettes, et je ne distinguais aucun défaut dans le verre.
2. J'ai fait un deuxième essai aujourd'hui, en refaisant ce même oolong aussi dans mon gaibei le plus fin. Cela me permit de confirmer les différences mentionnées ci-dessus: des notes plus claires et plus fragrantes, un peu de moelleux, mais pas trop et un thé qui arrive plus chaud dans la bouche. Cependant, la différence est bien moins importante qu'entre la duan ni et le zhong pour le puerh cuit, par exemple. Un bon gaibei bien fin donnera aussi de bons résultats, probablement même meilleurs qu'une théière qui n'est pas adaptée: j'utilisais auparavant une zisha de forme assez semblable (à gauche sur la photo ci-dessous), et aux parois presque aussi fines. Mais rien que le fait qu'elle fut en zisha 'gommait' trop les notes les plus florales. Bref, cette zisha convient mieux aux thés un peu plus fermentés.
Un autre truc que j'ai remarqué lors de ce deuxième test, c'est que les oolongs de haute montagne n'aiment pas tellement être interrompus. Le fait de l'infuser, de le goûter, de faire le même dans le gaibei, et de faire des pauses (vu que j'étais seul et que je n'avais pas tant soif que cela pour descendre tant de thé) diminua la qualité de mes infusions. Les feuilles humides et chaudes continuent de travailler et si on ne les infusent pas rapidement, leur fraicheur s'estompe. (C'est surtout vrai pour ce type de thé frais). La théière n'est donc pas tout! Encore faut-il bien savoir la manier!
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2 comments:
Quelle jolie théière Stéphane !
Ca donne envie dis-donc...
Est-ce une théière de potier ? Quel est son prix au juste ?
On sent une extrême finesse dans la finition et dans son mode d'utilisation.
En effet, je pense aussi que ce type de théière correspond bien aux wulongs très peu fermentés, surtout ceux qui sont très fleuris je dirais.
En tout cas, je pense que tu as fait là un superbe achat !
La théière m’est arrivée dans une belle boite en bambou qui peut se transformer en bateau. Deux impressions premières en la sortant de son emballage :
- impression de fragilité due à sa légèreté : jamais je n’avais tenu entre mes mains une théière aussi légère et aux parois aussi fines.
- celle d’une « curiosité esthétique » : un ensemble délicat un peu déséquilibré par un bec proéminent, déséquilibre accentué par une anse qui, elle, est d’une extrême finesse.
Au fond, l’impression dominante est celle d’une théière conçue autour de ses ouvertures :
- l’ouverture très large (diamètre 51 mm), bien commode en particulier si on veut mettre à la main les feuilles de baozhong après les avoir quelque peu serrées.
- Le bec verseur très large aussi produit un jet, qui s’il n’est pas très élégant est d’une grande efficacité. Le thé se gonfle en une énorme bulle qui éclate et se projette en un flux épais et violent qui très vite se stabilise. En 8 secondes tout est terminé, la théière est vidée. Idéal donc pour les oolongs légers et fleuris.
- Toujours à propos du bec, il faut signaler pour qui aime évaluer le temps d’infusion à la dépression suivie d’une bulle, que si l’on voit à chaque fois très nettement l’eau rentrer dans le bec, la bulle en retour n’apparaît que très irrégulièrement. Je suppose qu’elle se produit très à l’intérieur du bec et qu’on ne la perçoit pas.
J’ai fait mes premiers essais avec un Wen Shan Bao Zhong de la Maison des Trois Thés que je connais bien. J’ai redécouvert ce thé avec beaucoup plus de fraîcheur et d’arômes fleuris qu’avec ma théière habituelle. En faisant une dégustation comparée avec un zhong en porcelaine fine, j’ai trouvé les infusions très proches : infusion aussi claire, fraîcheur comparable, un tout petit peu moins de verdeur et plus de moelleux avec la théière. J’ai poursuivi mes essais avec le Luanze Oolong de Da Yu Ling fourni par Stéphane et je confirme tout ce qui est écrit plus haut !
Pour conclure, il s’agit d’une théière toute en contraste et en subtilité : sous une allure un peu trapue, une grande finesse et une grande fonctionnalité. Parfaitement adéquate à ce qu’on attend d’elle avec les oolongs peu fermentés dont elle fait magnifiquement ressortir la fraîcheur et les arômes, de façon très proche d’un zhong . Mais elle ajoute à l’infusion une suavité que ne donne pas le zhong. Une très belle théière qui illustre de manière exemplaire le débat du mois de février sur la beauté des théières !
Tout ceci est un peu long : mais il faut un certain temps pour faire connaissanc e avec une nouvelle théière !
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