Tuesday, April 25, 2006

Qizi bing cuit de 2003 de la CNNP

Récemment, mon fournisseur m'a offert cette galette de puerh cuit de 350 gr, faite avec des feuilles de grade 1 de la région de Menghai pour que je l'ajoute à ma sélection. Il a un bon argument: son prix bas ; je pourrais la vendre à 12 Euros environ (soit 15 USD).
Sèche, la galette sent un peu le foin encore un peu humide. On trouve aussi des notes campagnardes (un bon vendeur dirait même pastorales, cela fait plus élégant). Et une fois en bouche, ces mêmes odeurs de ferme et de pré d'été reviennent. Mais en êtant honnête avec soi-même, on reconnaitra aussi le fumier et le cul des vaches!! Et encore, pas trop dans dans cette galette. J'ai connu pire (voir à la fin). La liqueur est assez simple somme toute, pas de grandes variations de goût ou de fragrance. Le finish est très rapide. Il reste juste une langue un peu rêche. Même la coupe de thé vide ne garde pratiquement pas de trace de son passage.

Pour moi, c'est un puerh sans grand intérêt. C'est juste un puerh à boire pour la soif et remplacer l'eau plate. Il ne me donnera jamais envie. C'est pourquoi je ne l'inclus pas dans ma sélection, malgré son bas prix.

J'ai peut-être tort!? En êtant moins sévère, j'aurais aussi pu taire ses défauts et insister sur ses points forts. Ceux-ci sont même assez nombreux. Son odeur campagnarde est assez puissante et peux compenser son manque de goût pour un public débutant. Celle-ci est assez attirante et pure. Elle est juste le résultat du processus de fermentation rapide du puerh dans les règles de l'art. On n'a pas essayé de rendre le goût plus complexe en mixant des feuilles d'origine, d'âge différent. De plus ce thé a eu prêt de 3 ans pour se reposer de la fermentation et perdre les mauvaises odeurs de moisi. Durant ce temps, son entreposage fut bon et permit de l'affiner. Là non plus on n'a pas essayé de travestir son âge en le mettant en chambre ou en cave humide.

Avec son emballage pareil depuis des décennies, la tentation de faire un peu de maquillage doit être grande pour ceux qui ne veulent que maximiser leurs profits. Surtout si l'on est confronté à des clients qui réclament du vieux, mais ne savent pas faire la différence entre le vrai et le faux. Chaque fois que je vais voir Teaparker avec des échantillons de 'vieux', rares sont ceux qu'il juge authentiques. Alors mieux vaudrait encore boire de cette galette sans prétention à bas prix plutôt que de boire un puerh qui prétend être ce qu'il n'est pas et qui coûte une fortune.

(Comme je ne finirai pas cette qizi bing, je veux bien la partager avec ceux qui me passent commande et sont curieux de goûter au bas de gamme 'honnête').

14 comments:

Anonymous said...

Si cette galette a le mérite de te rappeler à des milliers de kilomètres une bonne ferme-auberge bien de chez nous, c'est déjà pas si mal, non ?

Finalement tu as peut-être entre tes mains le munster local taiwanais !!!

Anonymous said...

bien vu Phitlippe...

Anonymous said...

Voilà de l'humour, aussi bien pour Stéphane que pour Philippe, qui m'a fait rire de bon coeur...

Salut à tous

Jeancarmet said...

"Chaque fois que je vais voir Teaparker avec des échantillons de 'vieux', rares sont ceux qu'il juge authentiques."

Et toi ?

Je dois dire que j'ai de l'affection pour ces galettes jeunes à la culotte mal lavée et si je trouve une CNPP récente et cuite : je l'achète !! Quand je vois comment peut évoluer une vieille galette cuite (Une vraie Stéphane, toutes celles vendues à la M3T le sont au cas où tu en douterais, et je bois du Pu-Erh depuis 6 ans maintenant) je me dis qu'avec de la patience et une conservation de qualité (comme tu l'as souligné) on peut obtenir des Pu-Erh magnifiques.

Sinon pour le Munster, c'est rare que ça pu autant en Alsace que celui pour l'exportation. J'adore le Munster (ou le Geromé) quand je le mange sur place... C'est doux ! ;-)

TeaMasters said...

Teaparker a partagé durant ses cours des vieux puerhs qu'il a en sa possession depuis 30 ans, depuis qu'il a commencé à s'intéresser au puerh. Et le seul puerh que j'ai pu acheté par lui est le Yiwu sauvage de 2003. Il n'a jamais même essayé de vendre un vieux. C'est pourquoi, je pense raisonnablement que j'ai été éduqué avec les bons standards. De plus, il ne fait pas non plus de doute que Teaparker a un jugement reconnu par ses pairs. De nombreux grands magasins/marchands/producteurs de thé de Taiwan et de Chine font appel à lui comme consultant. Cela ne veut pas dire qu'il est infaillible, et je reconnais qu'il est souvent un peu sévère si le thé n'atteint pas un certain niveau, surtout s'il y a tentative de déception de la part du producteur/vendeur (mélanger différentes saisons/sortes pour un oolong, par exemple).

Mais, à la rigueur, même l'âge ne devrait pas importer. Déguster un thé n'est pas une course au plus vieux ou au plus cher. C'est une course bien vaine qui nous fait passer à côté de l'essentiel. La seule question intéressante est: ai-je du plaisir à boire ce thé chez moi? Si oui, qu'importe ce que raconte Teaparker ou un autre.

Lu Yu nous dit que le thé est le meilleur quand il est bu dans la région productrice avec l'eau locale. Pareil pour le Munster. Il est superbe en Alsace, mais arrivé à Taiwan il supporte mal l'humidité et je n'ai de loin pas autant de plaisir à le manger ici. Si bien que j'ai demandé à mes parents de ne pas m'en ramener cette fois-ci!

Anonymous said...

As-tu réellement jeancarmet vu évoluer une galette cuite (ou non d'ailleurs) en quelques années ? en as-tu achetées il y a 6 ans quand tu as commencé à boire du pu er, que tu rebois maintenant, et pour lesquelles tu observes une réelle évolution ?

Anonymous said...

Quand je vois comment peut évoluer une vieille galette cuite (Une vraie Stéphane, toutes celles vendues à la M3T le sont au cas où tu en douterais, et je bois du Pu-Erh depuis 6 ans maintenant) je me dis qu'avec de la patience et une conservation de qualité (comme tu l'as souligné) on peut obtenir des Pu-Erh magnifiques.

Cet phrase est ambiguë pour moi... Est-ce que tu veux dire que tous les pu-erh de la M3T sont cuits (ou seulement les galettes ?), ou bien qu'elles sont toutes « vraies », et dans ce cas là c'est quoi une fausse galette cuite ?

Jeancarmet said...

Bernard la question n'est pas " c'est quoi une fausse galette cuite" mais "c'est quoi une fausse -vieille- galette cuite" ?
Stéphane y répond dans son thread.

Jeancarmet said...

Lionel : oui à toutes tes questions ! :-)

TeaMasters said...

Jeancarmet voulait surement dire qu'elles sont "vraies".
Des galettes cuites peuvent être fausses de plusieurs manières (voir aussi mon article de ce jour, le 26 avril 2006):
- La datation donnée est fausse: le vendeur exagère son âge,
- La galette ne vient pas du producteur/de la région indiquée sur l'emballage,
- l'entreposage de la galette avant la vente fut mauvais (apparition de moisissures, imprégnation de mauvaises odeurs externes)
...

Veronique said...

Bonjour Stéphane et bonjour à tous!

Je commence à m'interesser au pu erh et je me demande pourquoi l'astringence n'est pas désirable pour cette sorte de thé.

J'aime beaucoup les thés de Wuyi san, sutout le da hong pao. L'astringence de ce thé est très plaisante et celui que je bois est de grande qualité.

Je suis un peu mélangée!

Les pu erh que j'ai bu jusqu'ici étaient tous cuits, d'âge différents et pas en galettes.
Rien de très spécial.

amoureuse de thé mais ignorante en matière de pu erh...

TeaMasters said...

Véronique,

J'ai probablement trop simplifié ma pensée. Tu as raison de dire qu'il y a des thés qui ont une bonne astringence. C'est le cas lorsqu'elle donne un corps en harmonie avec le thé, ou bien que cette astringence amer est un prélude à une transformation en quelque chose de plus plaisant. L'astringence peu donc être positive, mais seulement si elle est dosée. La pureté, la concentration, des parfums nobles... voilà des caractéristiques qu'on demande, sans modération.

Veronique said...

Merci de clarifier Stephane,

mais pour les pu-erh en general, l'astringence n'est pas desirable si je comprends bien.

est-ce exact?

TeaMasters said...

Plutôt non, surtout quand ils sont vieux. Tout jeunes, par contre, c'est presque inévitable avec leur fougue. Mais il faut un peu d'expérience pour voir la bonne astringence qui dénote force, concentration et potentiel, de celle caractéristique du bas de gamme.