Comment goûter à la différence de prix et de valeur entre un thé en sachet ordinaire et un thé ‘grand cru’ préparé en gongfu cha ? Si vous buvez les deux thés comme une simple boisson, en pensant à autre chose, alors il y a de fortes chances que vous ne fassiez pas la différence. La première condition pour apprécier le thé chinois est de mettre son esprit dans un état de calme afin de bien se concentrer sur ses gestes et ses effets sensations. Pour paraphraser Montaigne : « quand je dors, je dors, quand je mange, je mange et quand je bois mon thé, je bois mon thé ».
Le calme et la concentration vont nous aider à deux niveaux : D’abord, à faire un meilleur thé, car nos gestes seront plus précis, notre attention fixée sur le meilleur moment pour arrêter l’infusion. Puis, notre esprit pourra analyser en plus grands détail toutes les informations sur l’aspect des feuilles, leurs odeurs, le goût, sa transformation en bouche et sa persistance. Pour les thés les plus fins, les difféerences sont parfois minimes et demandent toute notre attention.
Il n’est donc pas étonnant de voir de nombreux moines bouddhistes fréquenter les magasins de thé de Taiwan. Ils sont fans de cette boisson qui leur offre une porte à la méditation.
Une fois l’analyse sensorielle du thé passée, et à l’aide d’un peu de calme méditatif, nous sommes prêts pour apprécier le thé à un autre niveau. Pour certains, l’odeur de tel thé rappellera un endroit de son enfance. Pour d’autres, le thé les transportera dans la Chine impériale et ils se rêveront en compagnie de Confucius ou de Lu Yu. D’autres plongeront dans le monde de la potterie chinoise et tomberont amoureux des courbes de leur théière rouge foncé...
Par le calme zen, nous nous concentrons sur le thé. Cela nous procure un plaisir que certains qualifieront peut-être d’égoiste ou d’égocentrique. Mais ils se trompent, à mon avis, car le gongfu cha est rarement un repli sur soi. La plupart du temps, le thé est partagé avec ses amis (ou à travers les nombreux blogs et commentaires qu'on y trouve). Et puis, il ne saurait y avoir de gongfu cha sans un esprit ouvert sur la culture et l'histoire du thé.
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10 comments:
C'est quelque chose que je remarque déjà, la plus part du temps je bois mon thé (préparé presque exclusivement en gongfu cha) soit devant mon pc sur msn, soit devant la télé (toujours devant mon pc). Je bois mon thé, je l'apprécie mais ne le savoure pas forcément à sa juste valeur. Quand je décide de faire une vrai dégustation, que je prend le temps de boire un bon thé, que je reste dans le calme, alors la je ressent beaucoup plus de chose et apprécie seulement le thé que je bois à sa juste valeur.
Je pense aussi que cela peut beaucoup jouer sur notre appréciation du thé. En général je bois mon thé en regardant une bonne série ou un bon film, et je ne peux pas vraiment être en même temps dans un esprit de dégustation et suivre le/la film/série.
Récemment il m'est arrivé quelques fois de décider de ne pas allumer la télé et de n'entamer aucune autre activité avant de commencer un gong fu cha, et cela me permet de mieux profiter de la dégustation et d'en ressortir même plus apaisé à la fin de celle-ci.
Mathieu A.
comme il est dit dans la cotrine zen : je suis ici est maintenant !
tou est dit ...
toute mes excuses , je reposte pour me corriger ( donc un post inutile ) je voulais marquer doctrine et non cotrine .
cela m'apprendra de ne jamais me relire ( et je devrai le faire effectivement )
Stéphane tu parle d'une certaine présence d'esprit; d'etre concient au moment présent..
voici un petit dicton de William Shakespeare:
"Readiness is all"
Dans mon cas, quand je bois mon thé seul, j'essaie de m'isoler tant que je peux... j'eteins en general la radio, ferme les fenetres pour ne pas entendre le moindre bruit...
Et je redecouvre un autre gout aux thés, du moins si je le compare au thé bu entre amis a la fin d'un repas!
"D’autres ... tomberont amoureux des courbes de leur théière rouge foncé..." Observez les courbes quasi-symètriques entre le bec et la théière (2ème photo)! Elles dessinent une vallée...mettant ainsi en valeur l'espace vide entre le corps et le bec de la théière. Merci pour cette photo qui illustre ton propos à merveille... maintenant mon esprit est fin prêt pour déguster un thé de montagne.
moi je me met dans ma véranda et contemple mon jardinet...c'est idéal...en fait l'esprit à juste besoin d'un support appaisant pour pouvoir se consacrer "ici et maintenant" à la dégustation (l'analyser tout en en profitant)
pour ceux qui n'ont pas la chance d'avoir un bout de verdure, pourquoi ne pas aménager un petit hotel (petit arrangement floral, caligraphie, peinture, etc) façon maison de thé japonaise?
Grand plaisir à lire ce nouveau post, les photos qui vont avec, ainsi que les commentaires.
J'ai hâte de m'y mettre, en gong fu cha et en zhong, avec une musique d'influence celtique (pourquoi pas ?) mais des sonorités chinoises seraient également bienvenues. Car je ne m'imaginerai pas déguster ces nobles breuvages en visionnant "Saw" ou "Hills Have Eyes" genre que j'apprécie pourtant beaucoup depuis de nombreuses années, mais plutôt un "Daimajin", "The 36th Chamber Of Shaolin" ou un chef-d'oeuvre de Tsui Hark.
Stéphane, mes mails ne semble pas arriver tous à bon port, as-tu reçu celui pour ma première commande ?
Qu'il est précieux, pour moi, le moment où, en dehors de mon thé du petit déjeuner/brunch que j'associe à la nourriture, je prends le temps de me poser et d'essayer de réaliser une disposition des éléments propres à la dégustation. Ces derniers m'invitent à savourer le thé avec une attention plus aiguisée et d'habiter ces instants, partagés ou non ( faire découvrir un thé délicieux via un Gong Fu Cha est un vrai bonheur ...), véritablement.
Merci Stéphane d'attirer notre attention sur cette pleine conscience de" l'ici et maintenant" qui me semble être un "plus" non négligeable pour apprécier un thé !
Hélène
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