Tuesday, November 07, 2023

1 jour 1 thé: Jour 7

Le terroir du Wenshan Baozhong

Jour 7 de mon challenge de novembre: Wenshan Baozhong Nouveau Jin Guan Yin du printemps 2021.

Il ne faudrait pas parler du Baozhong, mais des Baozhongs, car ce qui fait l'intérêt de ce thé, c'est l'extrême variété de ses cultivars, de ses niveaux de qualité, ainsi que du degré de torréfaction. En effet, on trouve aussi bien du Baozhong fait avec le cultivar bon marché, aromatique mais avec peu de longueur en bouche, qu'est le Si Ji Chun, que du Tsui Yu, Jinxuan, Yingzhi Hongxin, Qingxin Oolong et des nouveaux cultivars comme le Qin Yu ou ce Jin Guan Yin!

Baozhong veut simplement dire 'emballé au milieu', en référence à la manière dont il fut emballé autrefois à Taiwan. Le Baozhong fait partie de la famille des Oolongs, les thés semi-oxydés. Son process de fabrication ressemble grandement à celui du Yan Cha de WuYi: des feuilles matures, récoltées une à une (et non plusieurs sur une tige comme c'est le cas en haute montagne). Elles sont ensuite oxydées et séchées dans une forme torsadées, mais l'oxydation est plus légère qu'à WuYi, et la torréfaction y est de plus en plus optionnelle, car les consommateurs préfèrent les arômes frais et légers de nos jours. Ainsi, tandis que la compétition de Dong Ding Oolong à Lugu est consacrée aux Oolongs torréfiés, la plus grande compétition de Baozhong de Pinglin ne concerne que les Baozhongs frais!
Mais s'il fallait quand même essayer de caractériser le genre Baozhong, je dirais d'abord que, comme les autres Oolongs de Taiwan, le Baozhong a un goût moelleux, presque sucré, qui est l'essence du terroir de cette île. Les Oolongs de Chine ou du Vietnam n'ont pas cette douceur. L'autre particularité du Baozhong est son arôme légèment zesté, avec un fine touche d'agrumes (variant du citron au Foshou ou à l'orange) selon les cultivars. Mais cette note est complétée par des fragrances fleuries. Les feuilles sèches, elles ont une odeur boisée qui résonne bien avec l'automne. Et dans le cas de Baozhong-ci, le tout languit finement en bouche. Evanescence. Pureté. Douceur.
Le Baozhong est aussi un Oolong qui prend de la place. D'un point de vue logistique, c'est un casse-tête. Il demande plus d'attention qu'un Oolong de haute montagne aux feuilles roulées. L'emballage prend plus de place. Parfois les feuilles sont accrochées les unes aux autres et on a l'impression de jouer au Mikado quand on le verse sur une petite assiette! Ses feuilles ont donc plus de contact avec l'air et la fraicheur brute reste moins longtemps présente. Par contre, avec de bonnes feuilles comme celles-ci, le temps les affine et les bonifie plus rapidement qu'un Dong Ding Oolong. On a alors le privilège de déguster un thé vivant, évoluant d'une saison à une autre, d'une année à l'autre. Le fait que ces feuilles proviennent d'une nouvelle plantation explique pourquoi il y a de nombreuses tiges. Au goût il est particulièrement pur et il vibre d'une espèce de force tranquille, pour reprendre la formule de Jacques Séguéla!
Cela me fait penser que je ne crois pas qu'une Rolex à 50 ans soit nécessaire pour réussir sa vie, mais si tu aimes le thé et que tu n'as pas de goûté de Wenshan Baozhong, alors il est temps de me passer une commande! Noël approche...

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