Wednesday, September 25, 2024

The best Oolong from the summer season


Oriental Beauty Tradition, summer 2024
 The diversity and complexity of Oolong tea never ceases to amaze. While green tea is all about capturing and celebrating the freshness of spring in each Chinese tea region, Oolong is able to catch the aromas of all 4 seasons! And Oolong does much more than that. In the high mountains, Oolong tea is able to retain the immense power of those misty peaks where the plantations are located. In Wu Yi and Dong Ding, Oolong tea gains a new dimension with the intervention of tea masters who roast the leaves over glowing charcoal. In Hsin Chu county, the tea receives its most unlikely and almost magic transformation from the bite of a tiny green insect, the jacobiasca formosana Paoli! Their bites create a defensive reaction from the leaf. It activates a chemical process in the leaf that produces scents of honey and perfume. This is one of those rare occasions where an insect is actually welcome in the production of tea. That's why farmers are carefully managing their fields and don't spray pesticides that may prevent these little jassids from coming and biting their leaves.  


Imperial Oriental Beauty, summer 2024
Oriental Beauty is not just the right mix of soil, weather and human skill like all other teas. Its quality also depends on this little green insect and that makes it already very special. But that's not all! There's a trend in the market for lighter, fresher and more fragrant Oolongs. This makes sense for high mountain Oolongs, but, in my opinion, it doesn't make sense for Oriental Beauty. Why not also add the 'magical' transformation of roasting to Oriental Beauty? Nowadays, a large segment of the market prefers to leave its OBs unroasted. The advantage is less work for the farmer, a lower cost/price and leaves that smell brighter when the tea is young. The catch? Such tea won't improve with time. Instead, it will turn sour and its fragrance will slowly disappear.
On the other hand, with a traditionally roasted Oriental Beauty, you can taste how the 2023 version is thicker, sweeter, more fragrant than the 2024 harvest. The same is even more true when one tastes the 2020 imperial OB versus the 2024 imperial Oriental Beauty when four years of aging in a porcelain jar are what separate these two teas. It's like aging fine wine. But with tea, one year is sufficient to notice a difference and the tea is already very enjoyable in its first year..
2024 imperial Oriental Beauty
Don't be fooled by furry Oriental Beauty leaves! They are very much alive and changing despite their dry and stable appearance. Underneath it's liquid gold waiting to appear! And if you're looking for a light and everyday insect-bitten Oolong, I can also recommend my Dong Ding Concubine Oolong from June 5th, 2024!

Thursday, September 19, 2024

L'exposition dédiée au Rêve dans le Pavillon Rouge au NPM

J'ai visité cette exposition du Musée du Palais National de ShiLin (Taipei). Elle est visible jusqu'au 17 mai 2026 et je vous la recommande si vous venez à Taiwan. Son thème est original, car il s'agit du roman de Cao XueQin 'Le Rêve dans le Pavillon Rouge'. C'est un des quatre plus grands romans chinois et je vous en avais déjà parlé il y a 3 ans

Ce livre nous intéresse en tant qu'amateurs de thé, car son histoire se passe dans une riche famille proche de l'empereur et le thé y est mentionné plus de 300 fois! On en boit comme, ailleurs, on boit de l'eau. On s'en sert même pour se rincer la bouche après avoir brossé les dents! Et le thé est souvent infusé et dégusté dans des accessoires d'un grand raffinement et entouré d'objets d'art comme ce vase Meiping de la dynastie Song du Nord (XI ou XIIe siècle) issu des fourneaux de Ding. Pour l'auteur, ce vase élancé avec une bouche étroite est le plus apte à recevoir une branche de prunier et ses délicates fleurs rouges:

Or, le musée du palais national est l'endroit idéal pour cette exposition, car ce musée conserve les trésors des empereurs de Chine. Le parti nationaliste KMT fit évacuer une grande partie de ce qui restait dans la Cité Interdite à Pékin afin que ces œuvres d'art ne tombent pas dans les mains des Japonais d'abord, puis des communistes. C'est pourquoi cette immense collection se trouve à Taiwan. Or, Cao Yin, le grand-père de l'auteur, était le frère de lait de l'empereur Kangxi! (Ils eurent la même nourrice). Cao Yin ne s'occupait pas que des vêtements en soie de la famille impériale, il était aussi un peu l'espion de Kangxi. Cao Xueqin fut très proche de son grand-père et il l'entendit parler de la vie à la cour. Quand il nous parle de ces belles porcelaines, il en a une très bonne connaissance et celles que nous voyons dans ce musée sont celles que Cao Yin a pu voir. Ce ne sont pas forcément exactement les mêmes, car seule une partie de la collection fut transportée à Taiwan, et seule une partie des objets est exposée au public.

Théière d'Yixing en forme de bégonia et décorée de fleurs. Règne de Kangxi (1662-1722)

Ce qui est intéressant avec cette théière Yixing est qu'il n'y avait pas de four impérial à Yixing. Au lieu de cela, les représentants de l'empereur étaient à l'affut des meilleures pièces faites par des artisans privés. Et c'est aux portes du palais de la cité interdite que des artistes peintres triés sur le volet ajoutaient cette décoration au moyen d'émaux colorés afin de rendre plus précieuses et uniques ces théières.

On voit une décoration similaire sur ce gaiwan en terre d'Yixing. La différence est une couche transparente par-dessus la décoration. Cela le rend plus brillant.
Gaiwan d'Yixing décoré avec des fleurs des 4 saisons. Kangxi, 1662-1722

Au chapitre 41, le plus riche en mentions de thé et de porcelaines, Cao Xueqin commet une rare erreur en mentionnant un gaiwan aux 5 couleurs de l'ère Chenghua (dynastie). En effet, ce gaiwan n'existe pas. A l'ère Chenghua, il y a bien des coupes en porcelaine aux 5 couleurs, mais aucune n'a la forme de zhong (c'est à dire de gaiwan). A cette époque, la coupe la plus célèbre était celle aux poulets:
Coupe aux 5 couleurs de l'ère Chenghua

Pour Teaparker, une explication possible pour cette erreur est que le sceau ci-dessus (copié à partir d'une calligraphie de l'empereur) était devenu une référence de qualité. Cela a incité de nombreux céramistes chinois à copier ce sceau durant la dynastie Qing (et moderne), en hommage au passé. Dans les débuts de la dynastie Qing, cet hommage au passé Ming aurait, peut-être, même eu une portée politique, une manière de manifester son mécontentement face au changement de dynastie. Il se peut donc que l'auteur ait vu un gaiwan aux 5 couleurs fait durant la période Qing, mais signé de la dynastie Qing.
Gaiwan au cobalt bleu, décoré d'or. Règne de Qianlong 1736-1795

L'erreur de Cao Xueqin est aussi évidente si l'on considère que les gaiwans doivent leur popularité à cette dynastie Mandchoue, venue du nord de la Chine, une région froide où mettre un couvercle sur le bol de thé permettait de le garder chaud plus longtemps. 

Dans le même paragraphe, l'auteur nous dit que le gaiwan fut placé sur un plateau laqué de forme "Hai Tang Hua". 

Le texte exact de la traduction de la Pléiade nous dit: "Le frérot Jade, qui observait attentivement ses comportements, remarqua qu'elle portait sur les paumes de ses mains une petite assiette en forme de fleur de pommier à bousquets, faite de laque sculptée, et dont les incrustations de filé d'or figuraient le dragon issu des nuages, pour offrir le gage de longévité. Sur l'assiette reposait un menu bol à thé de porcelaine pentachrome à couvercle, datant de l'ère des Parfaits Accomplissements de la dynastie des Ming."

Voici la forme d'une telle assiette laquée:
Assiette laquée aux motifs de longévité et de printemps. Règne de Qianlong 1736-1795

Vous verrez un autre exemple dans l'exposition avec ce plateau en agate sur lequel se trouve une coupe en agate avec deux anses en forme de dragons:

Assiette et coupe en agate. Règne de Qianlong 1736-1795

J'espère que cette forme vous est familière. Elle est souvent utilisée pour les Cha tuo, les soucoupes en métal des coupes de thé du gongfu cha.

La coupe en agate est également une référence au texte, car les amateurs de thé de la maison Jia aimaient déguster le thé dans des matériaux divers, nobles et chers de préférence. D'ailleurs, le héros de notre histoire s'appelle le frérot Jade, Jia Bao Yu,.aussi appelé Jade magique. En chinois, la signification de son nom est encore plus riche, car le nom 'Jia' peut aussi vouloir dire 'faux'. En effet, le frérot jade est censé être né avec une pierre de jade dans la bouche, une pierre qui lui portait bonheur tant qu'il la gardait auprès lui...

Jade, dynastie Qing 1644-1911

La photographie permet un peu de montrer l'attrait des lettrés chinois pour le jade: une peau un peu translucide, une couleur agréable, des nervures qui permettent à l'esprit d'imaginer des choses cachées...

Ci-dessous, l'exposition nous montre un autre jade en forme de 'main de Bouddha', le fruit de la famille des citrons qui fait référence à cette main divine qui agence nos destinées... C'est également le nom d'une sorte de thé!

Dans une autre salle du musée, je suis tombé sur cette peinture et calligraphie d'un arbre à mains de Bouddha dont le poème est l'œuvre de l'empereur Kangxi (1715). D'après le texte, cet arbre fut un cadeau des habitants de la province du Fujian et replanté dans les jardins du palais impérial. 

Dans ce chapitre 41, il est aussi question de coupes de thé de tailles différentes qu'on pouvait faire tenir ensemble à la manière des babouchkas russes! L'exposition nous montre ce set en porcelaine Qinghua:
Set de coupes qinghua au sceau de Chenghua, mais réalisé durant l'ère Kangxi, dynastie Qing.

Ce set polychrome fut produit sous Yongzheng (1723-1735). Pouvoir empiler les coupes les unes dans les autres est une prouesse technique qui démontre le savoir-faire du céramiste. Cela a l'avantage de prendre moins de place, mais cela permet surtout de s'amuser et de donner des coupes de tailles différentes à ses invités en fonction de leur importance sociale ou de leur soif! N'oublions pas que les coupes de thé pouvaient aussi servir pour l'alcool. Ainsi, dans le chapitre 41, les femmes de la famille Jia s'amusent à enivrer la mémé Liu en lui donnant la plus grande coupe du set!

A suivre...

Wednesday, September 18, 2024

Jinxuan Oolong from Alishan


In order to describe this Jinxuan Oolong from Alishan, we start with the cultivar, the particular type of tea tree. Tea, camelia sinensis, exists in hundreds of variations called cultivars, just like there are wine grape varieties. The Jinxuan cultivar was introduced in 1981 by Dr. Wu Zhen Duo, the director of the Taiwan Research and Extension Station, a public tea research Institute. The name Jinxuan is an homage to Dr. Wu Zhen Duo’s grandmother. It is also known as Taiwan Tea #12. Jinxuan is a cross breed of Yingzhi Hongxin (father) and Tai Nong #8 (mother). It first received the code number 2027 during its experimental stage and many farmers still call it by this number. 

What are the characteristics of Jinxuan? 

Large leaves, serrate edge, easy to manage, suitable for organic farming. Larger yields than Qingxin Oolong. Light, sweet taste, fresh and flowery. This cultivar is suitable for Baozhong and light Oolong tea. 

After the cultivar, let’s talk about the way these leaves were processed: into lightly oxidized Oolong. In a few words, what is Oolong? 

Literally, it means ‘dark dragon’. Chinese often veers into poetry when it comes to tea! Oolong is a tea family on its own, created in WuYi, Fujian, in the 17th century. It is partially oxidized and can be roasted. So, in theory, Oolong can be oxidized from 10% to 90% and roasted from 0% to 99%. In the case of this tea, we are in the high mountain Oolong style: Hand picked Lightly oxidized through shaking of the leaves. Rolled or compressed shape. Well dried, but no roasting. 

Great! We are 2 words down. We just need to explain 1 more word: Alishan! 

This particular tea comes from the Ruifeng village (20 houses, mostly tea farmers). Technically, it’s in the Meishan area, the birthplace of Taiwan’s high mountain Oolongs in the 1980s, but farmers prefer to use the more famous Alishan name. The most important about the location of the plantation is its elevation. Here, at 1100 meters above sea level, this Jinxuan qualifies as a high mountain Oolong tea. The cutoff is 1000 meters above sea level. The name ‘high mountain Oolong’ implies a lighter oxidation (due to the lower mountain temperatures, handpicked harvests (because the terrain makes machine cutting more difficult and reduces quality.) Natural conditions as we are far from industrial areas and benefit from the clear and clean mountain air, and spring mountain water. To benefit from the best, coolest conditions, the spring and winter seasons are best. This Jinxuan was harvested by hand on March 28th, 2024.
Conclusion: This spring 2024 Alishan Jinxuan Oolong manages to be extremely affordable: 4.8 USD for 25 gr, easy to brew (see the video above) and it tastes deliciously fresh and smooth without any added flavors. Opening the leaves of rolled Oolong isn't easy for beginners. This tea lets them practice at little cost and improve their skills. Its leaves look so large after they've opened up. This adds natural truth to the tea experience, because so many teas, nowadays, are heavily broken leaves in tea bags. People have forgotten what tea looks like and Alishan Jinxuan Oolong.is a great, inexpensive way to introduce Taiwan's most popular type of tea (high mountain Oolong) to your friends and family. And you can even enjoy it daily yourself!