Linda, au centre, est la première à infuser son thé avec son Cha Xi dédié aux fleurs Tong.
Linda utilise une thé zhuni, une tetsubin, un tea caddy en étain et des coupes Dehua (Blanc de Chine) du 18ème siècle. Elle a réalisé son Cha Bu, ses socles et les fleurs elle-même! N'ayant pas l'occasion d'admirer les fleurs Tong dans la nature (voir mon dernier article), elle voulut quand même célébrer leur éclosion printanière avec ce Cha Xi.
Le public, jeune et vieux, goûta au profond mielleux de son Oolong Concubine organique. Ce goût si sucré et moelleux vient d'une part de la morsure des Jacobiasca formosana Paoli et de l'oxydation plus poussée des feuilles.
Boire ce thé, c'est un peu se sentir papillon et aller butiner des belles fleurs de montagne subtropicale!
Puis vint le tour d'Evon et son interprétation florale. Elle choisit une très belle ceinture de kimono japonaise bleue. Ses coupes Dehua dragon modernes ont des socles en argent en forme de pétales de fleur. Jarre en étain, petite tetsubin, théière en zhuni et un bateau à thé rectangulaire complètent son Cha Xi.
Le public est varié, mais très attentif et concentré.
Vient enfin mon tour de présenter mon Cha Xi. Tout comme Evon, j'ai choisi une ceinture de kimono afin de créer un lien avec ce lieu japonais. Sa couleur convient bien avec le sentiment de chaleur qui émane de mon thé, le Concubine Oolong d'hiver 2011 de Feng Huang.
Dans mon Cha Xi, j'ai donc trouvé naturel d'utiliser le set lotus de David Louveau. Ces pièces sont également inspirées par des pièces anciennes chinoises. La coupe correspond à une coupe Yuan (mongole) qui elle-même découle des bols Sung. L'émaille de ce set fait d'ailleurs penser à l'émaille Ru, bleue-verte tendre, des Sung. Les incisions sur le pourtour des socle et du bateau à thé font penser à des pétales de fleur de lotus (autre procédé ancien).
L'art du thé moderne suit l'exemple Japonais: il s'inspire des modèles chinois classiques et se met au service des passionnés. Pour un Cha Xi sur tatami, ce set convient particulièrement bien: les socles surélèvent les coupes qui deviennent plus faciles à prendre ; de plus, ces larges socles évitent les éclaboussures de thé sur le tatami ou le Cha Bu.
Finalement, il y a aussi l'aspect émotionnel et personnel de nombreux accessoires. Le set est le fruit d'une coopération de plusieurs années avec David Louveau. Le bol à eaux usées provient d'un de mes premiers échanges avec Michel François, un autre céramiste/potier de talent. Et l'on remarquera aussi un petit quilt de tissu formé par 6 hexagones rouges et un bleu. C'est ma mère qui me l'a fait, et je m'en suis servi pour sécher le bas de ma théière zhuni avant de verser le thé dans les coupes.
En regardant la ceinture de kimono de plus près, on se rend compte que sous cette couleur orange unie apparaissent des motifs simples. Je ne connais pas leur signification, leur symbolique, mais ils me font penser à des fleurs petites sur les bords qui éclosent au milieu. (Si un ou une expert en tissu en sait plus, je suis preneur de vos informations!) Cela correspond donc bien α un thème printanier.
Ces motifs sont à l'image du thé. Au départ, l'oeil inattentif ne les voit pas. Seule une certaine concentration permettent de faire apparaitre toute la subtile beauté de cet art.
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