En haute montagne, toutes les plantations ne sont pas sur des pentes escarpées. On en trouve souvent sur des petits plateaux de plusieurs dizaines de mètres de largeur et une bonne centaine de mètres de longueur. On pourrait y réaliser des récoltes mécaniques comme en plaine. Mais les producteurs préfèrent recourir au travail manuel car une feuille récoltées à la main donne un goût plus doux et moins astringent que lorsqu'elle est cueillie à la machine. C'est tellement vrai que l'on récolte parfois à la main en plaine, même si cela y a pour conséquence de doubler voire tripler le coût final du thé! Je pense que le fait que ce soit des femmes qui font ce travail contribue aussi à plus de douceur car leurs gestes utilisent moins la force brute que ceux des hommes.
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Flétrissage à l'extérieur |
Cette attention au geste juste et doux ne concerne pas que la récolte. Il concerne aussi la phase du flétrissage à l'extérieur (et à l'intérieur). Ainsi, j'ai pu entendre les conseils de mon fermiers à un groupe de jeunes apprentis. Il leur dit de prendre exemple sur ce contre-maitre ci-dessus. Quand il répand les feuilles récoltées sur le sol, il le fait avec des gestes tendres. Il porte les feuilles comme un nouveau-né et les secoue doucement pour les faire tomber sur le sol de manière harmonieuse. Les apprentis, eux, n'avaient pas des gestes aussi délicats et jettaient presque leurs feuilles pour certains. Or, si le producteur leur demandait d'être plus respecteux des feuilles, ce n'était pas pour leur inculquer de la discipline. Sa raison était bien plus simple: le thé aura meilleur goût si on utilise de la douceur lors de du flétrissage. C'est quelque chose qu'il arrive à ressentir lorsqu'il goûte le thé!
Tous les producteurs ne font pas ce lien, de même que tous les amateurs de thé ne sont pas sensibles au fait que la douceur (ou non) des gestes de leur préparation du thé a un impact sur l'infusion. Mais c'est à ce genre de détails qu'on reconnait les bons producteurs.
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Nouvelle plantation à Ali Shan |
3 comments:
Il y a beaucoup de verité dans ces lignes... merci!
Merci de me lire.
Merci Stéphane pour cet article. Ce qui me fait penser au film " les délices de Tokyo" où la vieille dame explique que pour réaliser une bonne pâte d'azuki il faut la même chose que ce que le producteur de thé inculque à ses employés: de la douceur.
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