Cette compétition se juge sur 5 critères:
1. L'équipement, le chaxi (22%)
2. La technique d'infusion (20%)
3. L'évaluation du thé infusé (22%)
4. La politesse (20%)
5. La réponse à une question tirée au sort à l'issue de l'infusion (16%)
Ci-dessus, ce petit garçon et son papa ont remporté le plus de points dans ce tour. Habillés en réparateurs de voiture, leur chaxi a été jugé le plus original!
Il peut paraitre étrange qu'on puisse faire des compétitions de thé! Est-ce vraiment compatible avec l'esprit du thé? Personnellement, je pense que oui. Le thé n'est jamais pareil quand deux personnes le préparent. En règle générale, on peut toujours dire qui a fait le meilleur thé.
D'ailleurs, on en pratiquait déjà durant la dynastie des lettrés Sung. A l'époque, le critère du vainqueur était simple. Comme on fouettait le thé vert en poudre dans un bol, le gagnant était le dernier chez qui la mousse laissait apparaitre un trou (disparition de la mousse) dans le bol. Pour gagner, il suffisait donc de faire la mousse la plus consistante et riche. Cela implique que le vainqueur aura sélectionner un bol qui permette au thé de rester en mousse le plus longtemps possible, et qu'il aura bien maitriser la technique de préparation.
Les compétitions de la dynastie Sung disposaient donc d'un critère objectif et simple pour combiner les critères 1, 2 et 3 de cette compétition contemporaine! Et cela avait pour avantage de mettre l'accent sur la qualité du thé obtenu, point central de l'expérience.
L'événement de cette compétition nous montre la grande créativité et l'enthousiasme de ces jeunes buveurs de thé. Voilà une attitude que je ne peux m'empêcher de louer. Si cela leur donne satisfaction et plait au public, je n'y vois aucun mal et suis heureux qu'ils participent à faire connaitre le bonheur du thé par leurs efforts.
Mais un coup d'oeil sur le tableau d'affichage du détail des notes données aux participants explicite un problème qui saute à mes yeux dans ces chaxi et cette compétition. Les notes pour l'évaluation du thé infusé étaient les plus basses des cinq critères! Or, cela devrait être le point principal, le départ et l'aboutissement de toute apprentissage et connaissance du thé: savoir bien le préparer. Pour cela, il faut bien connaitre son thé, et bien savoir quels accessoires vont le mettre en valeur, le mieux exprimer son caractère.
Or, le thé était bizarrement au second plan de cette compétition. Malgré les introductions pour chaque Chaxi, je ne savais pas quel thé allait être infusé. J'ai du poser la question à une participante, après son tour, pour qu'elle me dise qu'elle a fait un Oolong de haute montagne (et elle ne m'a pas dit quelle montagne!)
Comme les formes siliconées des starlettes de la télé, cet étalage de beauté est vain et creux. Allo! On frise même le ridicule si l'on reste dans le paraitre quand il s'agit d'un sujet si profond et intime à la fois. Du coup, cette compétition/spectacle de thé sonne faux, artificielle. Cela divertit un instant: je partis après avoir vu 1 round et l'installation du suivant. Mais je doute que cela donne entière satisfaction aux participants.
L'idéal du Chaxi-mandala est de voir la beauté fonctionnelle au service du thé, et pas comme un simple prétexte. Les accessoires doivent s'harmoniser pour donner le meilleur des feuilles, pas simplement pour 'faire joli'.
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